IN-QUIÉTUDE
Je suppose l’existence de multiples espèces pensantes dans l’univers « connu » (13 milliards d’années sans compter l’avant encore plus inimaginable, comme l’après) constituant une conscience relative en retard sur le processus de la nature sur elle-même.
Je peux me faire une idée d’une espèce pensante en me regardant et m’écoutant moi-même « de l’extérieur de moi-même », c’est-à-dire dans mes rapports à double sens avec la société humaine dans ce qu’elle m’apparait.
Quant à des espèces pensantes ayant dépassé l’état de développement de la nôtre, l’état de nos capacités, c’est à la fois un plaisir, une difficulté et une in-quiétude, puisque pour comprendre un autre état, il faut pourvoir être dans cet autre état que le nôtre, situation im-possible.
Ce que je sais, c’est l’observation du processus d’évolution-transformation-croissance-complexifiacation-condensification de la nature, physique, biologique et sociale dans son unité organique, et qu’il n’y a pas de raison apparente de refuser l’idée que nous sommes partie prenante de ce mouvement universel, dans sa progression, ses régressions, ses « succès » (ça c’est un mot qualificatif trop subjectif pour décrire le réel), ses accidents mortels collectifs et universels sans doutes plus nombreux que ses succès.
Combien de compositions de molécules de vie non viables pour produire une molécule de vie viable dont un organisme pluricellulaire pensant est issu , sur cette Terre en tout cas ? De même pour cette nouvelle sorte de « molécule », géante à notre échelle, que constitue une humanité et toute société pensante dans l’univers ?
Notre vie ici et maintenant et notre futur qui n’est pas circonscrit à notre entité individuelle et collective particulière, tient là-dedans. C’est une façon scientifique, donc nouvelle, de considérer l’existence humaine et l’existence tout court, et la résurrection sentiment autocentré sur ce que nous considérerons, dans l’état de notre conscience, comme un centre absolu (tautologie), ce qui en un sens a du sens, puisque comme toute entité dans la nature, nous sommes uniques ; d’où par exemple l’aberration qui refusait d’imaginer l’héliocentrisme et au-delà l’universalité de l’univers. Contradiction évidente et pourtant massivement oubliée au quotidien, à la fois ignorée et pratiquée. Alors, pour ce qui est de la dialectique, qui part du concept de contradiction, de forces contraires, de leur unité et de leur identité, il y a un grand pas à franchir dont dépend, à mon sens, notre survie de société pensante, dans le processus d’unité universelle de la conscience de la nature sur elle-même, unité dont la forme nous est inimaginable dans notre état.
C'est plus compliqué que de dire : la résurrection du corps, de la « personne plus », ça n'existe pas, ce qui n'est pas faux. Mais tout compliqué que ce soit, c'est plus exact et plus précis et plus scientifique, et ce n'est pas exempt de sentiments pour qui se donne la peine de le penser et de l’entendre. La transformation d’une entité est permanente, ce qui fait dire, si j’ai compris (mais il y a d’autres sens conjoints à cette déclaration de Rimbaud) : « JE est un AUTRE ».
Chacun peut mettre un concept différent sur un mot. C’est un droit naturel et incontournable et inévitable qui cependant comporte une réelle difficulté de communication sociale (contradiction naturelle), en particulier dans le mouvement d’évolution-transformation sociale vitale.
Les systèmes de concepts nous sont propres à chacun, bien qu’issus de nos rapports sociaux à double sens (tautologie).
Je vais préciser le mien en ce qui concerne le travail abstrait, partagé en partie dans une part de la société, si tant est qu’on imagine ce que peut être un partage, qui n’a rien d’absolu !
A La différence du travail concret (je suis boulanger et je fais du pain, j’use de mon savoir et de mes gestes, de mes capacités acquises à faire du pain), il y a la mesure marchande d’échange du pain avec une autre marchandise à travers « l’équivalent monétaire ».
Cette mesure, le temps de travail me donne une représentation (donc abstraction) sociale du travail, en tout cas dans la civilisation capitaliste et libérale. Cette représentation c’est celle de la mesure de la dépense physique et mentale en unité organique et dans un temps donné, utilisée pour n’importe quel travail, "indépendamment", si l'on peut dire, du type particulier de travail effectué à échanger (du boulanger, de l’ingénieur etc…).
Cette abstraction est donc une abstraction pour deux raisons qui n’en font et n’en sont qu’une, qui sont la même : ce n’est pas la représentation du travail réel, mais de sa mesure et la représentation d’échange (monétaire ici et maintenant). C’est donc en même temps, dans la « double abstraction », le salaire plus la plus value, puisque le salaire n’est qu’une partie de la valeur produite par l’homme producteur vendeur de sa force de travail.
C’est dans « Le Capital » de Marx une des bases de la succession logique du processus de pensée qui l’a amené de la « situation de la classe ouvrière en Angleterre » à la définition de la plus-value (survaleur), de ses causes et conséquences en matière d’exploitation du travail, de l’usage de soi par l’autre dans notre système, et enfin à la baisse tendancielle du taux de profit, que Paul Boccara, entre autres mais plus que d’autres, a analysée jusqu’à la suraccumulation-dévalorisation du capital, contradiction antagonique et insoluble dans le système.
D’où les propositions pour en sortir (Comprendre ET transformer), constituant à la fois la sortie de la contradiction et la construction d’un système nouveau en santé suffisante pour procéder vitalement, nous en faisant partie, en étant dedans.
Les convulsions de l’Empire « moderne » dont nous souffrons, dans lesquelles nous vivons, et dont « nous ne voyons pas la fin » sont les convulsions du système. Système historiquement obsolète, qui contient l’antichambre d’en un nouveau système économique, social, culturel, sain, mais dont la construction est d’ordre générationnelle, ce qui est bien dommage en ce qui concerne nos espoirs d’individu (Que « l’espérance est violente ! »), et-mais qui se construit dans l’acte au présent inclus dans les actes à venir.
La dialectique de la croissance et la croissance de la dialectique est au cœur de nos capacités possibles de survie-développement.
Pierre Assante. 25/09/2022 06:59:52.
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https://pierreassante.fr/dossier/RECUEIL_NOUVEAU_a_partir_de_DEMARXISATION.pdf