"Après sans problèmes
parle le deuxième"
Guy Béart
La France en commun ?
TRUMP ET L'EUROPE.
On peut donner deux sens à « France en commun ».
Soit France en commun dans le monde
Soit France en commun entre nous en France, ce qui est une vision du passé et une voie de garage pour la population.
Entre les deux il y les tentatives illusoires du PS d’accompagnement social du CMMNI (Capitalisme Monopoliste Mondialisé Numériquement Informationnalisé, celui de notre temps).
La primaire de droite comme la primaire de gauche traitent essentiellement et démagogiquement de la France "entre nous français" pas obligatoirement sur le ton et le but raciste selon qui la propose, mais dans la vision d'un pays sans lien objectif, précis, concret avec le monde. Il s'agit à la fois de flatter l'électeur d'ici et de se fourvoyer sur le contenu des choix répondant aux problèmes réels.
Cette vision franco-française, "innocente" ou concertée de la part des uns et des autres, a réduit et continue à réduire l'action revendicative et l'action de transformation sociale. Elle a renforcé l'extrême droite dans ses arguments et a poussé une partie de la gauche à rejoindre ces arguments "pour ne pas les laisser utilisés par l'adversaire". Elle a contribué au retard à s'engager dans une transformation en santé du monde réel, plutôt que d'un monde imaginé qui n'existe pas ou qui n'existe plus ou qui n'a jamais existé et sur lequel on ne peut donc agir.
Macron est quasiment le seul à traiter un peu plus de la France dans le monde, de la réalité du monde d’aujourd’hui, le CMMNI, qu’il n’appelle pas ainsi bien sûr, mais c’est évidemment du côté du point de vue du capital monopoliste mondial qu’il traite cette réalité nouvelle, c'est-à-dire de l’organisation capitaliste numériquement informationnalisée du travail et des institutions y correspondant : avec pour but augmenter pour ces monopoles leur taux de profit, pour cela baisser le coût du travail, mettre au service de ces buts la société entière et les êtres humains.
Malheureusement "La France insoumise", "L'avenir en commun", restent aussi sur une vision du passé. Il y a quelque chose de digne dans son programme, qui est une réaction à la façon des Canuts qui brisèrent les métiers à tisser modernes des années 1830.
Mais cette dignité ne correspond pas, ne suffit pas, au besoin d’efficacité pour sortir de la crise et aller vers un autre mode de production et d'échange radicalement et progressivement, remplaçant le mode actuel parvenu à son paroxysme et à son obsolescence dangereuse pour l’avenir de l’humanité et en tout cas de plus en plus invivable pour la population, et en premier lieu pour les premières victimes, les salariés et les plus pauvres. Cette dignité en soi est une voie de garage.
La France insoumise fait comme si nous n’avions pas tiré les expériences depuis les dernières élections présidentielles. Comme si la question grecque n’avait pas montré que le sort des peuples européens se joue au niveau de l’Europe, d’une révolution du système financier et bancaire et de la BCE, du crédit, de la dette, de la création monétaire, de la sécurité de l’emploi et de la formation.
A contrario, la B.C.E., Banque Centrale Européenne, a utilisé les instruments financiers contre la Grèce jusqu’à lui couper totalement les vivres pour la plier à sa politique et est prête, et menace, au service des monopoles mondiaux et européens, et germaniques en particulier, de les utiliser contre tous les peuples d’Europe encore aujourd’hui divisés.
La maîtrise du capital n’est évoquée que comme un principe vague et général, sans solution concrète, dans le programme de la France insoumise, sans entrer dans un objectif pratique, ou si peu.
On peut dire qu’au moment où la question devrait être prioritaire, le programme de « La France en commun » lui-même est en retrait relatif par rapport aux transformations nouvelles du monde et de l’Europe et par rapport programme du Front de Gauche d’il y a 5 ans. Et cela ne peut être compensé par des discours de congrès au PGE.
Le discours de Pierre Laurent lors du congrès du PCF sur la question, son intervention pour le vote du congrès dans ce sens était excellente. Mais qu’est-il devenu depuis dans le programme du PCF "la France en commun" ? La question des résultats électoraux, hypothétiques, ont pris le dessus sur toute autre considération. Ils ont obnubilé notre pensée, ils nous laissent perdre la proie pour l’ombre en nous empêchant de saisir les problèmes politiques et économiques par les deux bouts. La question des résultats électoraux nous a désarmés et nous empêche de donner réponse à l’explosion de la crise qui se profile ou à toute régression de niveau de vie et de civilisation plus ou moins rapide que notre retrait favorisera s'il n'y est pas mis remède.
Je lis régulièrement le qualificatif « dictature » quand il s’agit de parler de la Chine, sans qu’il soit donné dans quel sens il est employé, alors que nous sortons pour nous approvisionner au quotidien, des commerces avec un gros pourcentage de la production chinoise que le capital monopoliste a permise en allant chercher la baisse du coût du travail en Chine (et ailleurs), condition qu’il a imposée à ce peuple pour pouvoir se développer, développement qui n’a d’ailleurs pas été le but du capital, mais qu’il n’a pu empêcher. Baisse du coût du travail imposée aujourd'hui aussi aux autres peuples à travers, le JobAct pour l’Italie, la loi El Khomri pour la France, et en premier lieu le plan Schröder SPD/Verts (les lois Hartz I, II, III et IV -2004) pour l’Allemagne, etc.
La baisse du coût du travail dans le monde, là est aussi l’essentiel de l’histoire de la Chine et non le parangon de nos institutions avec les siennes. Là est aussi l’essentiel si nous voulons développer une coopération mondiale nécessaire au développement en santé de tous, et de l’Europe dans laquelle la France peut jouer un rôle plutôt que de se tourner vers un passé révolu et illusoire, une marche arrière du temps, de "démondialisation" ou de partage à la baisse des revenus par le "revenu universel", attitude qui ne peut qu’accélérer les régressions.
L'imbrication des économies est une donnée irréversible avec laquelle il faut construire un avenir en santé, irréversible si ce n'est par la destruction d'une part de l'humanité.
Certes le programme de 2017 de « La France en commun », donne des orientations pour une politique de progrès, des revendications populaires et leurs satisfactions. Mais faute d’orienter suffisamment le programme dans le sens de leur réalisation possible, à la lumière des luttes des travailleurs et de la population, des expériences de la Grèce ou du Portugal, des expériences de l’Europe des peuples, Angleterre malgré le Brexit et Allemagne comprises, des avancées dans la prise de conscience sur l’état des lieux et les besoins d'y répondre et des recherches et propositions des économistes communistes, la liste risque d’en rester au vœux pieux de « l’humain d’abord ».
Le Traité Européen de Stabilité de Coordination et de Gouvernance (1° janvier 2013) a été l’acte N°1 de ces années passées pour pouvoir entrer totalement dans l’orientation des monopoles mondiaux après les élections. Se donner les outils théoriques et pratiques d’y répondre est la tâche première.
Les déclarations de Trump sur l’Europe, le Brexit, la Russie et la Chine etc., Trump non plus représentant des monopoles mondiaux à base américaine, mais lui-même avec les siens, monopoles mondiaux "en soi" au gouvernement, sont sans ambigüité, quoiqu’en disent les commentateurs. Il s’agit pour les monopoles à base des USA de soumettre les monopoles à base germanique qui sont devenus dominants dans l’organisation de l’Europe capitaliste, aux monopoles à base USA (1).
C’est « l’ordo libéralisme » comme le nomme Bruno Odent, dépassé et fusionné par la montée mondiale du nationalisme fascisant ici et ailleurs dont Trump devient l’interprète et l’acteur le plus puissant. C’est la menace de guerre économique renforcée entre monopoles et militaire en puissance.
Du Serpent Monétaire Européen à l’Europe à domination des Konzerns germaniques et de sa domination de l’Euro, après celle du Mark, du chemin a été accompli ou nous n’avons fait que compter les points faute de comprendre ce qui arrivait. Ne continuons pas ainsi. Les effets de la crise seront tels, qu’une base de prise de conscience pour les peuples pour s’attaquer à l’orientation capitaliste du CMMNI peut grandir, à condition que nous ne les égarions pas en chemin par des programme faux ou insuffisants pour sortir de la crise en prenant le dessus sur l’organisation financière telle qu’elle existe et telle qu’elle pourrait devenir au service des peuples, dans leurs diversités.
L’argent est un outil, moyen d’échange des produits nécessaire à la vie humaine. Il a été confisqué par le système marchand au service des plus forts, des plus riches. Cette confiscation et la maladie qu’elle induit mérite plus qu’une réponse indignée pour changer la vie humaine en santé.
Le travail reste la base de la production des biens nécessaires à l’homme à condition qu’il se réapproprie l’organisation locale et mondiale du travail et de l’usage de ses produits, pour et par la personne humaine, pour et par la société à laquelle la personne humaine appartient, dans sa multiplicité, sa diversité et son rapport à la nature qui lui fournit « sa matière première » dont elle fait partie elle-même, son corps et sa conscience dans leur unité, le corps-soi comme l’appelle Yves Schwartz, avec grande exactitude scientifique.
Pierre Assante, 20 janvier 2017
(1) C’est à cette aune-là qu’il faut apprécier le Brexit ou l’affaire Volkswagen sur les normes antipollution, et bien d’autres affaires du même type
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