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Le « macronisme » fait partie de cette réaction mondiale du capitalisme à son paroxysme ultralibéral qui répond à la baisse tendancielle du taux de profit par la privatisation le plus loin possible et le plus rapidement possible de toutes les activités humaines.
Il pense par exemple que tous les services publics nécessaires à la société et à son propre fonctionnement, car il a besoin d'une population en état et en capacité de produire, peuvent être privatisés. Il pense que cette privatisation, dans la mondialisation capitaliste numérisée, en partie automatisée tout en gardant la production de base de la plus-valuede main d’œuvre qui lui est nécessaire, peut répondre relativement aux besoins de la société tout en répondant aux besoins du capital monopoliste mondial et de ses « branches nationales » et de leur drainage des capitaux vers lui.
Il est sourd aux dégâts que cet ultralibéralisme peut provoquer, provoque et provoquera de plus en plus.
Le remède à cette surdité est l’action ouvrière, l'action des salariés et des populations, à condition que cette action contienne et mette en avant des solutions à la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital. Les solutions, du local au mondial, en France et Europe doivent contenir une sécurisation de l’emploi et de la formation au même titre que la sécurisation de la santé par la Sécurité Sociale actuellement mise à mal, et la transformation révolutionnaire et progressive des institutions financières, bancaires, monétaires, du crédit, du mode d’échange Argent-Marchandise-Argent plus.
Cet échange A-M-A' est décrit dans "Le Capital" de Marx, et les économistes communistes actuels décrivent son évolution jusqu'à aujourd'hui et ce que le capital lui-même prévoit et met en place pour son "avenir".
Je relisais ces jours-ci les travaux sur les prévisions d'organisation du travail des années 1995 et 2006 du Plan et des organismes de prévision auprès du 1er Ministre auquel j'ai participé à titre syndical et...contestataire-propositionnel, tentative syndicale de simple avenir, provisoirement peu fructueuse. Cette relecture me confirme avec le temps et le recul à quel point nous sommes dépendants négativement de ces prévisions-imprévisions et dont les pouvoirs et le capital sont aussi dépendants en retour de leurs propres contradictions. Contradictions qui permettent le mouvement et qui le restreignent à la fois, aggravant la crise systémique et en rendant impérative l’issue sous peine d’événements catastrophiques.
Le livre en illustration, "7 levier pour prendre le pouvoir sur l'argent" de Denis Durand, détaille justement les propositions pour prendre le pouvoir sur l'argent et en constitue un programme.
QUELQUES RECUEILS ET LIENS de ce blog:
* Version AUGMENTEE de « PHILO », Le corps, Choix de 11 articles philosophiques extraits du blog avec dates : ici
Ce matin, à 5 heures, France Culture nous donnait une lecture de la leçon inaugurale de Braudel au Collège de France. Il y est question de ses prédécesseurs, des Annales, et entre autre, de la fin de la grande pulsion de la Renaissance dans la deuxième moitié du XVIème siècle, dans le processus économique, technique, culturel, civilisationnel.
Dans cette intervention « lointaine » de quelques décennies on peut (ou pas) mesurer le passage d’un sens de l’histoire à un instantané qui caractérise notre moment, ici et maintenant, de ce XXIème siècle entamé.
Cet instantané, cultivé par les méthodes de gouvernement et de communication répond à celui de l’enrichissement, du profit immédiat qui est la règle du Capital, de son type d'organisation de production et d’échange.
Les lois du capital et pas seulement celle du simple argent imbibent nos esprits et nos comportements, imbibent la société mondialisé, numériquement informationnalisée et écrasent toutes les strates d’histoire passée et de modes de production et d’échange passés ; les écrasent mais ne les annulent pas puisque elles en sont issues.
Mais la technique de communisation privilégiant l’instantané et les pouvoirs qui le promeuvent, se retourne contre eux puisqu’elle les imbibe aussi à la longue et crée les conditions de plus en plus vécues de l’arroseur arrosé, de l’affoleur affolé. L’épisode du dégagisme a profité à Macron. Il peut aussi se retourner contre lui. Mais ce retournement éventuel n’est en aucun cas garant des remèdes aux maux d’une société affolée de la crise de suraccumulation-dévalorisation des capitaux et leurs conséquences austéritaires sur la quantité et la qualité de la consommation des biens nécessaire au processus de la vie humaine. Et par là même de leur production et échange en relation réciproque, dialectique.
Dans cette promotion de l’instantané, l’apparent gagne de plus en plus sur le réel dans notre vision et notre action quotidienne, à moyen et à long terme de vie et de développement individuel et social.
Concernant l’apparence et le réel, la métaphore de l’apparence du soleil qui tourne autour de la terre alors que pour le réel c’est la terre qui tourne sur elle-même est une bonne illustration.
Autre métaphore, qui porte ses limites, puisqu’elle n’inclue pas tous les phénomènes la concernant et agissant, celle de la météo, de la température ressentie et de la température réelle.
En extrapolant et en étant très schématique pour illustrer à nouveau, tout en se méfiant d’une telle illustration, la température ressentie serait le champ des sociologues et la température réelle dont tenir compte concrètement dans la vie concrète, celui des économistes, celui du champ des conditions de production quantitative et qualitative des biens nécessaires à notre vie.
Heureusement il y a des sociologues et des économistes (des scientifiques et des philosophes...) et une sociologie populaire et une économie populaire et savante qui traitent à la fois du ressenti et du réel. Mais elle est combattue par la culture de l’instantané et les pouvoirs et le capital qui la promeuvent. Que reste-t-il dans la mémoire après un tel conditionnement ? Le ressenti ou le réel ? Pour être juste il faudrait dire que le ressenti fait aussi partie du réel, mais qu’il ne doit pas prendre le pas sur la base matérielle qui conditionne le ressenti et sur laquelle agir en dernière instance.
Quelle que soient les nécessités, utilités et apparentes futilités de la vie humaine, elles dépendent des capacités de produire et d’échanger en quantité et en qualité.
Dans la révolution des techniques de production et d’échange mondialisées et numérisées, il s’agit de savoir si nous allons adopter, comme le veut le capital, la solution d’un revenu minimum garanti répondant à la baisse de l’emploi par numérisation et automatisation, ou de l’emploi pour tous permettant d’augmenter quantitativement et qualitativement nos capacités de production et de création, celle de la personne et celle de l’humanité dont elle dépend.
La social-démocratie libérale, aidant en cela le capital et les droites classiques et fascisantes dans leur rapprochement, est incapable d’imaginer que l’effort de tous peut permettre l’explosion positive des capacités de l’humanité en promouvant celle de la personne humaine.
Il ne s’agit pas d’augmenter et de glorifier le travail contraint, il s’agit de rendre possible l’accroissement de la contribution volontaire de chacun, sa quantité et sa qualité non par l’esclavage à la tâche, mais par une productivité accrue des techniques libérant autant que se peut des contraintes et du temps de contrainte. Le travail de tous permettant l’accroissement permanent du temps libre de tous et son usage créatif.
A la place de cela on nous propose « de droite et de gauche » un travail de plus en plus aliéné pour un nombre de plus en plus restreint et la charité d’un minimum vital et de vieillesse pour l’armée de réserve inoccupée du travail capitaliste, ce que Marx qualifie par le terme de surpopulation relative.
Une loi pour la sécurisation de l’emploi et de la formation nécessaire au mouvement de l’emploi dans la révolution scientifique et technique qui s’est accélérée dans les années 1960-70 et qui explose actuellement, en même temps que la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital, doit être au centre d’une évolution de la société vers cette libération du travail contraint, et remède à la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital propre au système capitaliste et de son système financier, de sa production monétaire et de son usage et qui plombe gravement nos civilisations, notre civilisation jusqu’à les menacer de « mort improductive, inécologique, inergologique » ; l’ergologie étudiant les conditions d’activité en santé de la personne dans son milieu, celui du travail en particulier qui produit les biens « matériels et moraux » nécessaires à la vie humaine, donc à la source de cette production.
Pierre Assante, 21 décembre 2017
Post Scriptum : le macronisme.
Je relisais ces jours-ci les travaux sur les prévisions d'organisation du travail des années 1995 et 2006 du Plan et des organismes de prévision auprès du 1er Ministre auquel j'ai participé à titre syndical et...contestataire-propositionnel, tentative syndicale de simple avenir, provisoirement peu fructueuse. Cette relecture me confirme avec le temps et le recul à quel point nous sommes dépendants négativement de ces prévisions-imprévisions et dont les pouvoirs et le capital sont aussi dépendants en retour de leurs propres contradictions. Contradictions qui permettent le mouvement et qui le restreignent à la fois, aggravant la crise systémique et en rendant impérative l’issue sous peine d’événements catastrophiques.
Le « macronisme » fait partie de ce cette réaction au paroxysme du capitalisme qui répond à la baisse tendancielle du taux de profit par la privatisation le plus loin possible et le plus rapidement possible de toutes les activités humaines.
Il pense par exemple que tous les services publics nécessaires à la société et à son propre fonctionnement, car il a besoin d'une population en état et en capacité de produire, peuvent être privatisés. Il pense que cette privatisation, dans la mondialisation capitaliste numérisée, en partie automatisée tout en gardant la production de base de la plus-valuede main d’œuvre qui lui est nécessaire, peut répondre relativement aux besoins de la société tout en répondant aux besoins du capital monopoliste mondial et de ses « branches nationales » et de leur drainage des capitaux vers lui.
Il est sourd aux dégâts que cet ultralibéralisme peut provoquer, provoque et provoquera de plus en plus.
Le remède à cette surdité est l’action ouvrière, des salariés et des populations à condition que cette action contienne et mette en avant des solutions à la crise de suraccumulation du capital. Les solutions, du local au mondial, en France et Europe doivent contenir une sécurisation de l’emploi et de la formation au même titre que la sécurisation de la santé par la Sécurité Sociale actuelle mise à mal, et la transformation révolutionnaire et progressive des institutions financières, bancaires, monétaires, du crédit, du mode d’échange Argent-Marchandise-Argent plus.
Cet échange A-M-A' est décrit dans "Le Capital" de Marx, et les économistes communistes actuels décrivent son évolution jusqu'à aujourd'hui et ce que le capital lui-même prévoit et met en place pour son "avenir".
QUELQUES RECUEILS ET LIENS :
* Version AUGMENTEE de « PHILO », Le corps, Choix de 11 articles philosophiques extraits du blog avec dates : ici
Les mots ou références du texte et du Post Scriptum
marqués par une astérisque *
sont précisés dans les notes.
Si l’on veut faire un parallèle entre les périodes précédentes de la longue histoire de la sociale démocratie depuis sa création fin XIXème, il faut noter cet élément historico-économique :
La tendance « naturelle » des lois de l’échange A-M-A’* (Argent-Marchandise-Argent plus) est la suraccumulation-dévalorisation* du capital.
Les progrès eux-mêmes de la production créent les conditions de l’aggravation permanente de la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital.
Et dans ces progrès il y a l’introduction des techniques de la révolution scientifique et technique qui s’est accélérée depuis la Libération, les 30 glorieuses et depuis les années 1970 celle de la numérisation mondialisée de la production et de l’échange, qui porte à son paroxysme cette suraccumulation dévalorisation du capital de notre XXIème siècle.
Ce n’est pas par simple méchanceté que le capital tente dans sa crise de drainer les capitaux par tous les moyens vers les grands groupes internationaux dominant la politique mondiale et les Etats, c’est parce qu’il en a besoin pour renflouer une baisse tendancielle du taux de profit * découlant de l’accroissement exponentiel du capital constant* qui dans la compétition capitaliste ne lui laisse plus les marges sociales et financières dans laquelle agissait la sociale démocratie.
Le rétrécissement de ces marges et leur quasi-disparition qui constitue la politique d’austérité sans cesse aggravée et ses conséquences sur la consommation et par contre coup sur la production, sa quantité et sa qualité en rapport avec les possibilités nouvelles immenses de production qui en est alors handicapée, contient l’étouffement et la disparition de la sociale démocratie sous la forme sociale-démocrate « traditionnelle » au profit d’un social libéralisme assumé par tout l’arc les partis, des libéraux aux fascisants.
Mais dans tout cela le pire c’est l’absence de réponse économique centrale des formations se réclamant de l’opposition au libéralisme ultra lequel a réussi, dans le mouvement de l’échange et de la vie quotidienne à imposer une mentalité populaire adhérent massivement au mouvement A-M-A’ de l’échange et de la société globale qu’il imbibe comme une éponge.
C’est la raison d’une exigence encore minoritaire, mais existante par et dans la ComEco* par exemple, à un « retour » impératif aux fondamentaux que représente « Das Kapital » de Karl Marx et la poursuite de son étude dans les conditions du capitalisme mondialisé-numérisé écrasant les strates précédentes d’organisation de la production-échange-travail salarié des périodes nationales de compromis et de lutte de classe syndicale et politique.
Cette poursuite d’une étude du capital pour une action transformatrice, comprendre et transformer, se manifeste dans la critique des théories unilatérales* de la suraccumulation-dévalorisation du capital, dans la promotion d’un objectif de sécurisation de l’emploi et de la formation, par une révolution de la création monétaire, des banques locales et centrales, du crédit, du système financier* fait pour le drainage actuel des capitaux et l’usage actuel des capitaux de moins en moins lié aux besoins de développement humain.
Crise économique et de civilisation, crise philosophique de la société humaine et suraccumulation-dévalorisation liée au système d’échange et de production A-M-A’ du capital, sont intimement liées*.
Pierre Assante, 11 décembre 2017
Post scriptum. En Italie, le PCI* de longue date avait pas mal vidangé l’électorat PSI* par une politique de large rassemblement sans abandonner fondamentalement ses objectifs de transformation sociale avec cependant un faible développement historique de ses bases économiques théoriques.
Incapable, pour diverses raisons non toutes conscientes ni volontaires, de marcher sur une corde raide nécessaire à toute avancée et invention sans tomber d’un côté ou d’un autre, il a fini par se social-démocratiser à l’occasion de la disparition d’Enrico Berlinguer *.
En s’auto dissolvant et en cédant aux ambitions politiques personnelles, pour rassembler une partie des Communistes et une partie des Démocrates Chrétiens *, il a conservé une base électorale, mais est allé de la sociale démocratisation au libéralisme pur et simple. Au point de laisser la direction du parti, le PD* final, à un social libéralisme d’une démocratie chrétienne dominante, enfoncée dans la crise politique et économique, incapable par essence d’y répondre par des solutions viables.
La sociale démocratisation ne peut aboutir qu’à l’ultralibéralisme dans une situation de crise de suraccumulation-dévalorisation du capital à son paroxysme historique. Le retour à la critique marxiste de l’économie politique ou la désertification de la politique et ses conséquences sont les deux seules alternatives : progrès humain ou régression.
*Notes :
* A-M-A' . Cycle-spirale élargi "Argent-Marchandise-Argent plus". Lire Karl Marx "le capital".
* Suraccumulation-dévalorisation du capital. Lire Paul Boccara "Théories sur les crises de suraccumulation-dévalorisation du capital 1 et 2"
* et sur les théories unilatérales non dialectiques sur cette question ayant cours y compris chez des auteurs marxistes. Une conférence de Catherine Mills à la Fondation Gabriel Péri sur ces sujets est sur ce blog.
La revue "Economie et politique" aborde ces questions sous forme de "leçons" et d'actualités.
* La baisse tendancielle du taux de profit bien que compensée par l'augmentation de la masse des profits due à l'augmentation de la productivité par les machines, et la suraccumulation-dévalorisation du capital sont liées dans un même mouvement de crise du système et de ses "remèdes" austéritaires provisoires mais inefficaces. Le remède est contenu dans la transformation du système économique et non son rapiéçage, aussi sophistiqué soit-il.
*Capital constant. Dans la composition du capital, en schématisant, c'est la part des machines par rapport au capital variable qui est la part des salaires.
*Système financier. Denis Durand dans un petit ouvrage essentiel constituant de fait un programme politique et économique "résume" les "7 leviers pour prendre le pouvoir sur l'argent" qui en fait un programme politique fondamental, un "manifeste", pour dépasser la crise économique, sociale et philosophique que traverse l'humanité.
* Aux conditions économiques de sortie de crise correspond une organisation du travail non taylorienne, de l'activité humaine, de la personne, de l'entité locale à l'entité "globale " d'exercice de cette activité. Lire Yves Schwartz "Le paradigme ergologique ou un métier de philosophe"
* PCI. Parti communiste italien.
* PSI . Parti socialiste italien.
* PD . Partito Democratico. Fusion actuelle du PCI auto dissous et de la DC (Démocratie Chrétienne) en passant par le PDS (Partito democratico della sinistra)..
* Enrico Berlinguer. Secrétaire du PCI qui a joué un grand rôle dans la critique du stalinisme et l'analyse des transformations du capital mondialisé et de ses transformations politiques et technologiques en voie de numérisation et d'automatisation dans les limites du système.
* ComEco. Commission économique du Parti Communiste Français.
QUELQUES RECUEILS ET LIENS :
* Version AUGMENTEE de « PHILO », Le corps, Choix de 11 articles philosophiques extraits du blog avec dates : ici
DU COMMUNISME GROSSIER AU COMMUNISME SCIENTIFIQUE ET HUMANISTE,
CE QUI VA DE PAIR.
Dans les manuscrits parisiens de Karl Marx intitulés « Manuscrits de 1844 », celui-ci désigne le communisme grossier comme l’aspiration à transformer une société malade de son mode de production et d’échange et des douleurs humaines « non naturelles » qui en découlent, sans s’en donner les moyens théoriques et pratiques indispensables, ce qui contient l’échec de la transformation.
Ce n’est rien d’autre qu’il fait lorsqu’il dénonce la vacuité du programme de Gotha, poursuivi sans cesse jusqu’à aujourd’hui, contenu dans l’unification des partis ouvriers sociaux-démocrates allemands en 1875.
Sans extrapoler systématiquement, on peut considérer que la course entre les penseurs du communisme et du capitalisme, gagnée par le capitalisme développé au détriment du communisme grossier et de ses échecs, est une caractéristique d’une histoire humaine aujourd’hui séculaire.
Il n’est pas nécessaire d’être très grand clerc pour comprendre que l’avance du développement du capitalisme sur un autre type d’organisation sociale a pesé en sa faveur. Il n’est pas exclu de penser que cette avance peut fondre dans la crise que le capitalisme engendre lui-même et qui à terme pose, dans une mondialisation-numérisation de la production et des échanges, l’obsolescence de son organisation et une construction non plus grossière mais scientifique du communisme.
Evidemment, comme dans toute construction sociale, des personnes possédant des éléments scientifiques en de multiples champs d’activité humaine ont joué et joueront un rôle moteur au sein du mouvement populaire de transformation sociale en santé, le cas exceptionnel et international de Marx, ou de Lénine dans les limites de son temps et de sa nation, en témoigne. Mais il ne s’agit pas de cas personnels, il s’agit d’un mouvement de la société et de ses organisations politiques de transformation sociale entre autre..
Dans ce qu’on appellerait « le communisme grossier », on peut inclure « les pays du socialisme réel » comme les révoltes socialistes généreuses fugaces prémices d’une construction de société communiste dans le monde, du type de la Commune de Paris, et des avancées sociales à l’intérieur du capitalisme mettant à disposition de tous des éléments restreints de vie commune comme la sécurité sociale de la santé, la « Sécurité Sociale » et d’autres éléments en gestation d’une organisation communiste de la production et de l’échange. La tâche première d’aujourd’hui est de porter cette sécurité sociale jusqu’au travail, à l’emploi, à la formation, en assurant un développement continu de la production, de la société, de la personne humaine. Une transformation radicale du système financier, de la création monétaire, vers un autre type d’échange dépassant l’échange A-M-A’ (Argent-Marchandise-Argent plus) en est la condition incontournable.
Dans « les pays du socialisme réel » eux-mêmes qui se sont écroulés dans les années 1980-90, quoi qu’on dise et qu’on pense, des éléments d’un communisme « non grossier », scientifique, démocratique et humaniste ont existé, porté par des humains qui plus qu’au pouvoir politique, ont accédé dans ce pouvoir à des pouvoirs universitaires, locaux et militants, à l’occasion d’événements réclamant impérativement, dans un moment précis, une vision et une pratique plus avancée du communisme. La réorganisation autogestionnaire de la production des armes dans la guerre contre Hitler, la bataille de Stalingrad (suivies hélas par une nouvelle répression stalinienne), ont été aussi de ces événements créateurs)
La révolution d’Octobre comme sa préparation internationale pendant des décennies a contenu de tels moments.
1968, dans les pays capitalistes et dans les « pays socialiste », dans le monde, a été un de ces moments, France et Tchécoslovaquie en tête, et de plus un moment charnière manqué...(1)
Un rapport de Waldeck Rochet, dans les limites de ce que pouvait son temps, soulignait le double besoin de lutter contre la réaction de droite et du capitalisme contenue dans ces événements et le besoin d'éléments de transformation indispensables, scientifiques et humanistes contenus aussi dans ces événements. Un Manifeste intitulé « Manifeste de Champigny pour une démocratie avancée ouvrant la voie au socialisme» marquait un pas vers cette orientation, malgré ses faiblesses économiques.
J’ai personnellement écrit tant bien que mal sur cette période à laquelle j’ai modestement participé dans le milieu ouvrier et le mouvement ouvrier et dans le mouvement populaire qui a mobilisé tout un peuple.
J’ai ressorti un « Cahier du communisme » (couverture ci-contre), revue du Comité Central du PCF d’alors de 1969. Il constitue un élément historique de connaissance tant pour les historiens que pour les militants politiques, syndicalistes, économistes, ergologues, écologistes, philosophes, d’aujourd’hui, de cet entre deux qui a vu la fin d’un communisme de marché national fort et des concentrations ouvrières occidentales avancées, et un mouvement syndical et politique avancé de même et le début d’une reprise en main du pouvoir capitaliste mondial par la trilatérale et ses suites dans une transformation du monde et de l’organisation du travail du capitalisme monopoliste mondialisé, numériquement informationnalisé, globalement financiarisé, recouvrant les strates des formes précédentes de production et d’échange. Pardon pour la longueur de cette phrase, mais il est nécessaire d’unir tout ça dans une même pensée.
Cette revue de novembre 1969 est aussi un entre deux, entre Waldeck Rochet et la prise de pouvoir sincère mais grossier de Georges Marchais, entre le 68 français et le 68 tchèque, entre communisme et capitalisme dans une période charnière de révolution scientifique et technique, et l’adaptation provisoire du capitalisme à cette révolution, sa mise triomphante à son service.
La crise catastrophique de suraccumulation-dévalorisation du capital du XXIème siècle inhérente à l’échange A-M-A’ (Argent-Marchandise-Argent plus) à son paroxysme repose la question du communisme grossier face à une construction scientifique et humaniste d’un communisme viable répondant à cette crise, dépassant le capitalisme obsolète, et créant ainsi le remède à un blocage progressif des conditions de production et d’échange et ouvrant la poursuite en santé du processus humain.
Ce blog contient de nombreuses réflexions et propositions collectives et personnelles allant dans le sens de cette transformation en santé qui réclame une suite théorique et pratique urgentissime.
Pierre Assante, 14 décembre 2017
Note (1) Cette période charnière historique illustre la suite des événements : 1969, 1) faible score aux présidentielles de 1969 du PS d’orientation « centriste », de fait néo-libérale dans les conditions du moment, avec Gaston Defferre, 2) score record du PCF aux présidentielles de 1969 avec Jacques Duclos malgré le reflux des législatives de juin 68 succédant au mouvement de Mai-juin 68, score qui va ensuite longuement s’effriter avec "des hauts et des bas" jusqu’à celui du PCF d’aujourd’hui, 3)le « ni droite ni gauche » de Poher d’alors, et 4) celui néo-libéral ("pur et dur" sans "accompagnement" dit social à la Valls ou la Hollande) d’Emmanuel Macron, aboutissement du passage d’un mouvement communisme de marché national occidental fort à son affaiblissement dans la mondialisation capitaliste actuelle triomphante , auquel le mouvement communiste n’a pas su ou n’a pas pu répondre à temps, provisoirement triomphante, compte tenu de sa crise qui met en cause son avenir et ouvre des possibles nouveaux. L’histoire italienne moderne comporte des différences nationales mais aussi de grandes analogies en ce qui concerne l’évolution néo-libérale et ses effets sur le mouvement communiste national.
Post Scriptum. Cette réflexion rapide demande des corrections. Les propositions théoriques, pratiques, grammaticales et orthographiques seront les bienvenues…….
QUELQUES RECUEILS ET LIENS :
* Version AUGMENTEE de « PHILO », Le corps, Choix de 11 articles philosophiques extraits du blog avec dates : ici
CONSCIENCE TRANSFORMATRICE. Ce texte devrait être placé au centre des réflexions du prochain 38ème congrès du PCF... :
Certes, il est difficile de centrer un congrès sur un texte "théorique".
Parce qu'il "n'aborderait pas les questions concrètes des difficultés de vivre au quotidien".
C'est pourtant d'un rappel aux fondamentaux pour la lutte du salariat et des populations pour la transformation sociale en santé dont nous avons urgemment besoin.
"...Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors. De formes de développement des forces productives qu'ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l'énorme superstructure. Lorsqu'on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. À grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique. Les rapports de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire du processus de production sociale, contradictoire non pas dans le sens d'une contradiction individuelle, mais d'une contradiction qui naît des conditions d'existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s'achève donc la préhistoire de la société humaine..."
Extrait de la préface à "La critique de l'économie politique", Karl Marx, 1859
*
Il s’agit d’être des « interprètes conscients du processus inconscient » qu’est le mouvement de la société, le mouvement de l’humanité.
C’est à partir de là que pourraient être développées les analyses et propositions découlant de l'évolution de la société capitaliste aujourd’hui, de la mondialisation et de la numérisation généralisées comme strate supérieure des « couches archéologiques » des formes de production et d'échange antérieures encore existantes et coexistantes, leurs cultures, leurs techniques, leurs institutions, leurs esthétiques et leur éthiques, le "matériel" et le "symbolique" en unité.
Les questions de la Sécurité d’Emploi et de Formation, d’une Création Monétaire Nouvelle, d’un Nouveau rôle des banques et de la Banque Centrale Européenne, de Droits Nouveaux du Travail, de conditions nouvelles de Développement de l’Activité Humaine dans l’entité locale et dans l’entité « globale », etc. font partie des solutions et des luttes populaires que le congrès pourrait renforcer.
L’erreur, c’est de transposer comme un calque à la société humaine les instincts de domination, de faire de l’héritage animal le modèle des rapports sociaux.
Les rapports sociaux découlent en dernière instance du mode de production. Ils sont le mode de production et le mode de production est les rapports sociaux.
Par exemple, si nous prenons le colonialisme. La raison du colonialisme, ce n’est pas l’instinct de domination qui le détermine en dernière instance, mais un besoin du mode de production capitaliste en financement, à un certain stade de son développement pour vivre, et celui des humains dans ce mode de production.
Il en est de même de tous les autres phénomènes que nous considérons à juste titre comme inhumains parce qu’il ne répondent pas à notre aspiration à un mode d’existence supérieur de l’humanité par rapport au mode existant.
Il y a conjonction entre l’aspiration à un mode d’existence humaine supérieur et l’obsolescence d’un type de domination qu’est le colonialisme et les sentiments contradictoires qui lui sont lié et les actions politiques qui en découlent. De même pour le néo colonialisme, ou l’oppression sexiste, ou le refus d’une augmentation de ressources sous la forme du salaire, ou de temps de vivre sous la forme de congé etc…
Cela ne veut pas dire que les modes de production devaient passer inévitablement par l’histoire telle que nous la connaissons jusqu’à ce jour, mais que l’histoire, telle qu’elle s’est « déroulée » influence inévitablement les devenirs possibles.
Ainsi la multitude des réactions contre le capitalisme qui ont chacune leur « rôle » ne peuvent aboutir à l’abolition des antagonismes qu’il suscite et des blocages à l’évolution humaine qu’il constitue, si elles n’aboutissent pas à la construction d’un autre mode de production qui résolve ces contradictions, dans un processus ininterrompu qui porte sans cesse plus loin et plus rapidement l’espèce humaine dans sa fonction de conscience de la nature sur elle-même.
La première conscience à acquérir dans le mouvement actuel de la société, qui est celle de l’affranchissement du mode capitaliste, donc de l’affranchissement (pas l’élimination !) de l’activité productrice, c’est bien la conscience des « mécanismes » nécessaires au mode de production capitaliste, leur obsolescence et le contenu de l’utopie opérationnelle pouvant s’y substituer dans ce processus.
Cela passe par l’observation de la crise « financière » actuelle, de son exposé, de sa dénonciation, mais en dernier ressort des « mécanismes » qui la suscitent. Sinon, nous en resterons au stade de la dénonciation et de l’impuissance à y remédier. La crise financière n’est pas responsable de la crise économique, la crise économique est responsable de l’appauvrissement relatif et général de la planète (qui conduisent à ne plus pouvoir payer son habitation et le reste), et l’épuisement du mode de production avec ses « mécanismes » c’est la crise économique.
La baisse tendancielle du taux de profit découle de la part de plus en plus importante du capital constant dans le capital, des investissements en « travail cristallisé ». Lesquels a un moment, en s’opposant au taux de profit, s’opposent au développement des forces productives, et en conséquence au développement de l’humanité dans tous les domaines. La masse des profits, si elle progresse par l’augmentation de masse de la production qui s’oppose à la baisse tendancielle du taux de profit sur une marchandise, rencontre inévitablement un point de blocage qui pose l’impératif de la transformation du mode de production, de la référence aux besoins humain en opposition à la mesure de la quantité de valeur dans les échanges.
N’était-ce l’entêtement de la classe dominante, le processus qui consiste à dépasser les contradictions du mode de production pouvait demander quelques générations et se produire « en douceur ». Mais une classe dominante ne renonce pas ainsi à sa domination tant que l’impossibilité accomplie du mode de production du moment ne devient pas évidente à la classe dominée dans ses manifestations sur sa vie quotidienne. Encore faut-il que cette évidence se transforme en action de la classe dominée. La classe dominante actuelle possède des moyens techniques de stérilisation du processus de conscience immenses, comme jamais aucune classe dominante n’en a possédé, et elle possède évidemment aussi les capacités de les utiliser.
Ainsi le frein opposé au dépassement du capitalisme qui s’est manifesté dans toute l’histoire du XX° siècle jusqu’à aujourd’hui nous amène sans doute à la nécessité d’une transformation rapide dans des convulsions violentes. Ceux qui vivent dans les pays industrialisés avancés où règne une démocratie restreinte mais réelle n’en ont pas encore conscience. Mais ceux qui ont souffert des guerres régionales, par exemple, ont subi et subissent de plus en plus ces convulsions. Entre autre, l’étouffement des mouvements démocratiques et sains n’a fait que créer les conditions de mouvements manipulables un certain temps puis incontrôlables par une démocratie restreinte, et les conséquences d’entrée globale en incohérence avec laquelle le capital croit pouvoir cohabiter et coopérer à son profit.
Les contradiction du mode de production portant, comme son nom l’indique sur la production des moyens matériels et moraux de subsistance de l’humanité et leur développement, la transformation du mode de production ne peut porter, en dernière instance, que sur l’organisation de l’activité productrice, donc pour nous, de l’organisation du travail, la démocratisation de l’organisation du travail contre son organisation « monarchique » d’entreprise, substituant la mesure des besoins effectifs des échangeurs dans la personne de l’ensemble des individus humains, la personne humaine, à celle actuelle de la MESURE QUANTITATIVE DE LA valeur d’échange, du prix, et de sa base, le temps de travail, obsolète.
Bien sûr imaginer ce processus demande autre chose que l’apprentissage des recettes de la culture d’entreprise qui imbibe l’équipe dirigeante Sarkozy et toute la société. C’est là toute la question de la créativité humaine qui jusqu’à ce jour a mené l’humain du stade animal au stade conscient. La réduction de la transmission de l’accumulation, de la reproduction et de l’élargissement continu des savoirs, réduits aux besoins de la culture d’entreprise peut nous être mortel. Mais si nous le savons, c’est le début de la solution…. !
De l’idéologie de producteur à l’idéologie de consommateur
(Plus une intervention de congrès de 2008 en lien en note en bas de ce texte)
L’idéologie du consommateur a remplacé l’idéologie du producteur dans la tête de la population et de ses organisations politiques. L’idéologie de producteur a été une idéologie commune au capital et au travail, avec des buts différents évidemment pour l’un et pour l’autre. La révolution taylorienne à son paroxysme numérique et mondial actuel a renversé la situation : produire dans les conditions les plus avantageuses dans l’organisation du travail (1) pour le profit sans tenir compte des conditions de production pour l’homme et pour le système productif. Consommer sans penser aux conditions qui permettent la production des objets de consommation est l’idéologie qui a été distillée par les médias au service des profits capitalistes. Ce renversement de pensée rend les conditions de la lutte de classe très défavorable aux salariés et à la société qui en dépend pour produire et vivre de la production des biens matériels et moraux nécessaires à la vie humaine : production des produits matériels de base au sens strict, services « physiques et culturels », santé, emploi, formation, recherche, etc. qui permette cette production…
L’industrie et ses progrès en quantité et en qualité technique et sociale, de même que la qualité des services permettant son existence sont mis en crise et en régression relative par la course au profit, au ratissage des capitaux vers les groupes multinationaux dominants, à l’intérieur de la crise de suraccumulation-dévalorisation des capitaux. Et cette régression menace de devenir absolue, catastrophique au sens premier de ce terme.
Le patronat international a déclaré, par l’intermédiaire d’un des leurs : « La lutte de classe existe, nous l’avons gagnée… » (2). Je ne suis pas le premier a noter la concordance de cette affirmation avec celle de la situation concrète qui est l’affaissement du poids idéologique de la classe ouvrière et de ses organisations et des marchés nationaux dans des pays d’ex-économie avancée dans laquelle elle s’était organisée. Le poids de la classe ouvrière des pays émergents et de la Chine et ses succès indéniables en particulier repose sur des décisions politiques centrales. Un grand mouvement coordonné du salariat, démocratique, participatif et conscient du processus inconscient de la société et de sa production pour le transformer en santé, en Europe et dans le monde, est à construire.
Il s’agit du poids idéologique car sur le plan numérique, la classe ouvrière mondiale est plus nombreuse qu’il y a quelques décennies. De plus elle s’est transformée en fonction de la transformation des moyens de production, mondialisation, numérisation du système de production et d’échange, le capitalisme, l’échange A-M-A’ à son paroxysme, la suraccumulation croissante des capitaux sous le double effet des lois propres de cet échange et de la massification de l’échange grâce à la révolution scientifique et technique. La « montée des couches moyennes » ne peut en aucun cas nier le rôle économique, politique et culturel indispensable du salariat de production sous toutes ses formes et dans toutes les strates anciennes et nouvelles existantes.
Cette massification souhaitée et nécessaire est pourtant en train de menacer les échanges eux-mêmes non par surproduction mais par crise de suraccumulation-dévalorisation du capital et frein systémique à la qualification de la production et du système productif dont des hommes font partie et qui sont « l’élément » sans laquelle ni la production, ni ses progrès, ni la satisfaction incontournable des besoins humains si ce n’est en la menaçant, ni l’humanité à fortiori n’existerait. Paul Boccara et la ComEco ont développé la connaissance des remèdes possibles à la suraccumulation et la lutte idéologique contre les théories économiques unilatérales en fait partie : il faut en débattre pour comprendre.
La lutte pour la sécurité de l’emploi et de la formation, un usage de la finance, de ses institutions, des banques centrales et nationales en fonction des besoins et non du taux de profit, est au cœur des remèdes à la crise économique et de civilisation ; et au cœur de ce remèdes, la révolution ergologique développée par Yves Schwartz, l’institut d’ergologie et le mouvement qui les exprime, est indissoluble d’une révolution politique et économique nécessaire à la survie de l’humanité (2).
Pierre Assante, 7 décembre 2017
Notes :
Le taylorisme et sa philosophie « mécaniste » grossière et réactionnaire.
Pour être exact : « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner ». Warren Buffet, interview à la CNN, 2006. En 2017, on peut considérer que le but est atteint….du moins provisoirement.
Au congrès du PCF de décembre 2008, j’ai contribué par un texte intitulé « Une crise de production et rien d’autre… » Qui n’est malheureusement plus en ligne pas plus que les nombreuses autres contributions.
Les autres parties ont été écrites en 2009. Les liens sur « http://alternativeforge.net/» utilisée par le congrès PCF de 2008 et « http://www.bdr13.pcf.fr/ » ont été effacés de la toile.
« Si nous trouvons l’antilope, nous pouvons manger. »
Le physicien Carlo Rovelli, « père » de la théorie de la « Gravité quantique à boucle », parmi d'autres, chercheur italien à Luminy-Marseille, termine un ouvrage de vulgarisation sur l’état de la connaissance de la matière et de l’usage de cette connaissance dans la vie quotidienne, par une réflexion plutôt philosophique dont voici un petit extrait :
« …Lorsque nous parlons du Big Bang ou de la structure de l’espace, ce que nous faisons n’est pas la continuation des récits libres et fantastiques que les hommes se sont racontés autour du feu lors de veillées depuis des centaines de milliers d’années. C’est la continuation d’autre chose : du regard de ces mêmes hommes, aux premières lueurs de l’aube, qui cherchent dans la poussière de la savane les traces d’une antilope – scruter les détails de la réalité pour en déduire ce que nous ne voyons pas directement, mais dont nous pouvons suivre les traces. Avec la conscience que nous pouvons toujours nous tromper, et donc prêts a tout instant à changer d’idée si apparaît une nouvelle trace, mais en sachant aussi que si nous sommes bons, nous comprendrons bien et nous trouverons. Voilà ce qu’est la science.
La confusion entre ces deux différentes activités humaines –inventer des récits et suivre des traces pour trouver quelque chose- est à l’origine de l’incompréhension et de la défiance envers la science d’une partie de la culture contemporaine. La séparation est mince : l’antilope chassée à l’aube n’est pas loin du dieu antilope des récits de la veillée. La frontière est fragile. Les mythes se nourrissent de la science et la science se nourrit des mythes. Mais la valeur cognitive du savoir demeure : si nous trouvons l’antilope, nous pouvons manger.
Notre savoir réfléchit ainsi le monde. Il le fait plus ou moins bien, mais il reflète le monde que nous habitons.
Cette communication entre nous et le monde n’est pas quelque chose qui nous distingue du reste de la nature. Les choses interagissent continuellement les unes avec les autres et, ce faisant, l’état de chacune d’elle porte la trace de l’état des autres : en ce sens, elles échangent sans arrêt de l’information les unes sur les autres… »
Voilà bien de quoi penser sur comment agir en santé « nourrissante » sur notre quotidien. Les éléments qu’il donne sur la connaissance de la nature et de la matière en mouvement peuvent pourtant être complétés par la connaissance de ce mouvement de la matière qu’est la société, du mouvement de ses lois, du mouvement des lois de l’échange nécessaire à la vie humaine, de sa plus simple manifestation aux plus complexes dans lesquelles se pose concrètement comme métaphoriquement la question : « si nous trouvons l’antilope, nous pouvons manger. »
C’est sans aller jusqu’aux lois-tendances du capital (ce qui demande un travail scientifique), qui sont les lois qui depuis quelques trois siècles conditionnent ces échanges et notre « manger » simple et complexe que Carlo Rovelli tient son discours philosophique. Mais on peut penser qu’il soit peut-être allé jusque là...
Si Marx partant de l’injustice flagrante de la répression contre les « voleur de bois » pauvres qui doivent trouver des ressources en énergie pour vivre, en arrive à l’étude des lois du capital et des conditions de son dépassement pour poursuivre le processus vital de l’homme et de la société, ce n’est pas un hasard.
Pour répondre aux questions économiques, politiques, écologiques, ergologiques qui se posent de façon pressante à nos civilisations, la conscience que développe entre autre le marxisme non dogmatique et son développement, demeure, malgré les errements de toute pensée dans la pratique humaine, la tâche du présent.
Les connaissances élémentaires et hypothèses de physique exposées par Carlo Rovelli devraient être en tête de tout un chacun pour lutter contre l’obscurantisme et les régressions culturelles et sociales, malgré les progrès réalisés.
On peut de même affirmer, je crois, que la régression du système de concepts marxistes et les freins à son développement, souvent son absence dans le paysage apparent, met l’humanité en grande difficulté. C’est ce que dirait sans doute Lénine s’il avait à réécrire un nouveau « matérialisme et empiriocriticisme » dans les conditions de la réalité scientifique et sociale de notre temps.
Le champ de l’Economie Politique c’est l’analyse de l’activité humaine macro.
Le champ de l’A.P.S.T. (1) c’est l’analyse de l’activité humaine micro.
Macro et Micro se rejoignent dans ces deux champs. Ils sont indispensable à une vision synthétique de l’activité humaine, avec l’aide des avancées en épigénétique et en gravité quantique, et en histoire continue et discontinue, accumulation quantitative et saut de qualité, la dialectique matérialiste non dogmatique définie par Marx et son approfondissement continu.
Les différences dans les acquis des deux champs témoignent des itinéraires personnels des découvreurs dans ces deux champs et de leurs « équipes ».
Les deux champs sont nécessaires à l’objectif de la onzième thèse sur Feuerbach, non en tant que thèse abstraire sur les besoins humains, mais parce qu’elle contient le projet du mouvement des besoins humains dans son milieu et de leur satisfaction progressive en spirale.
Ergologie* dans le micro, Economie marxiste* et Anthroponomie* dans le macro ont tout intérêt à se rencontrer, non pour s’aligner l’une sur l’autre, mais pour nourrir le mouvement de réalisation de cette thèse par leur activité respective, et respectueuse l’une de l’autre, dans leurs avancées et leurs difficultés.
Cette « visée » est possible et contient en perspective d’autres rapports sociaux préfigurant d’autres rapports de production que suppose le communisme et préexistant dans les luttes de transformation des rapports de classe actuels obsolètes.
La révolution de la sécurité d’emploi et de formation, la transformation de l’usage de la monnaie et des institutions financières, leur mise au service des besoins humains dans un processus graduel et radical ont partie prenante avec les transformations micro de l’activité humaine sur laquelle agit l’ascèse ergologique*.
Ceci n’est pas une obsession, mais un soucis tranquille de mettre en concordance les efforts de recherches marxiste de divers types face à la confusion médiatique d’une société du spectacle promue par l’échange A-M-A’ (2), et sa crise de suraccumulation du capital menaçant l’ensemble des activités humaines qui ne peuvent vivre sans les moyens fournis par l’économie en dernière instance, et une économie nouvelle, qualitativement.
Pierre Assante, 2 décembre 2017
(1) A.P.S.T. : Analyse pluridisciplinaire des situations de travail
(2) A-M-A' : Argent-Marchandise-Argent ' plus.
(*) L'astérisque et le changement de couleur dans le texte indiquent la présence d'un lien explicatif sur un terme, ou d'ouvrages sur la question, qu'on peut ouvrir en cliquant dessus.
La XI° thèse de Marx sur Feuerbach, c’est l’appel à aller au-delà de l’effort de connaissance sur la nature, et sur l’homme par lui-même pour faire de cet effort un outil de transformation du monde en santé, c’est-à-dire pour créer les conditions de la poursuite du processus humain dans la nature, en unité.
Lorsqu’on fait le « bilan » de cet effort, on constate l’échec in fine de la volonté de transformer autoritairement le monde, de part et d’autre, pas seulement de la part du mouvement progressiste, mais aussi et encore plus de la part de la défense du vieux monde et de ses intérêts de classe dominante.
Pêle-mêle, le paysage c’est le retour « inconditionnel » de Spinoza en philosophie, celui de Marchais à Fabien alors que cette période a été un période de régression sur le double effet d’une régression du rapport de force dans la mondialisation capitaliste numérisée et globalisé ; alors que la dissolution d’une vision dialectique des possibilités d’action sur le réel dans le PCF est évidente dans cette même période ; que cette dissolution devient aujourd’hui hallucinante ; et que les contradictions deviennent menaçantes pour l’effort intelligent de poursuite d’un processus en santé.
Il est clair pour moi que le boycott des sciences sur ce qu’elles apporteraient àl’étude de la transformation de l’organisation sociale en santé pour la changer, au-delà de la connaissance physique et biologique de l’univers dans lequel nous vivons, ce boycott à l’initiative du pouvoir des détenteurs du capital et de son mouvement, est le handicap premier de la société et la raison du « blocage » du processus dans une période où l’explosion des savoirs le permettrait comme jamais.
La connaissance et l’expérience du travail, son processus est la condition première nécessaire mais non suffisante pour permettre la production des biens, des moyens nécessaire au processus humain.
Et c’est de l’organisation d’une économie dans laquelle la connaissance et l’expérience du travail est un « élément » essentiel, répondant à ce processus dans les conditions de la mondialisation capitaliste numérisé, que dépend en dernière instance le processus humain en santé et donc le processus humain tout court.
La résultante des deux est le processus lui-même, le troisième élément de l’état des choses, de la lutte des forces contradictoires dans leur unité, le dépassement des contradictions.
Les errements philosophiques sur les réelles et incontournables incertitudes que nous communique le développement des savoirs sur l’univers dans lequel nous vivons et sur nous-mêmes dans cet univers, sont devenus, au corps défendant des scientifiques et des moyens de transmission de leurs travaux, l’arme utilisée pour tout changer pour que rien ne change dans les intérêts des détenteurs du capital et de son mouvement. Cette tactique d’autoconservation de la classe dominante est un grand classique.
Sans une révolution philosophique et scientifique dans les organisations se réclamant de la transformation de la société en santé, c’est toute la société qui va droit dans le mur. Les cris d’alerte non suivis d’un effort de conscience transformatrice ne servent strictement à rien, si ce n’est à cautionner l’état d’immobilité entretenue volontairement dans les lois de l’échange et de la production du système, qui à ce stage d’obsolescence nous jette sur ce mur ; jette la civilisation dans le mur.
Deux colloques, celui de l’ergologie au CNAM récent autour des travaux d’Yves Schwartz et celui de la commission économique du PCF à venir autour des travaux économiques de Paul Boccara convergent vers une prise de conscience des échecs et des conditions des possibles à créer, dans le sens des XI° thèses sur Feuerbach.
Il ne s’agit pas de dogmatiser ces deux efforts, ni leurs contradictions structurelles en l’état actuel des choses, mais de les développer et de libérer la société des carcans de l’ignorance des conditions de première et de dernière instance qu’ils constituent. Malgré les difficultés d’ordre personnel et d’ordre général, en unité, dans les conditions sociales actuelles, de leur mise en concordance.
Après Paul Boccara, continuer son œuvre et son combat
Denis Durand
L'histoired'Economie et Politiqueest inséparable de l'œuvre de Paul Boccara, qui l'a inspirée, encouragée, mobilisée pendant plus d'un demi-siècle. Sa disparition, survenue le 26 novembre dernier, au moment où ce numéro était presque achevé, touche notre revue et ses collaborateurs au cœur. Pas seulement pour les liens tissés avec sa personnalité passionnée et chaleureuse. Mais aussi pour la conscience que nous avons de la portée de son œuvre et de l'écrasante responsabilité qui incombe à ceux qui auront la tâche de la faire vivre et, si possible, de la continuer.
Dans ces circonstances, on ne peut s'empêcher de songer à la lettre qu'Engels écrivit au dirigeant ouvrier Wilhelm Liebknecht au lendemain de la mort de Marx, en 1883 :« je ne puis me faire à l'idée que ce cerveau génial ait cessé de féconder le mouvement prolétarien des deux mondes. Ce que nous sommes, nous le sommes grâce à lui ; ce que le mouvement est aujourd'hui, c'est à son activité théorique et pratique qu'il le doit. Sans lui, nous serions encore à tâtonner dans la confusion ».
Verra-t-on dans ce rapprochement une exagération ? une outrecuidance ? Le reproche en a été fait plus d'une fois à Paul Boccara de son vivant. Lui-même pouvait être pris de vertige devant l'audace de son propre travail. « Ce que je fais est follement prétentieux, et pourtant, même si on le fait mal, il faut le faire. C'est en le faisant mal qu'on le fera mieux un jour », écrivait-il à la dernière page de son dernier ouvrage, Neuf leçons sur l'anthroponomie systémique (éditions Delga, 2017). C'est bien cette audace intellectuelle qui fait de lui une grande figure du marxisme, et elle puise sa force dans la même méthode qui a nourri l'œuvre de Marx : à l'opposé de tout sectarisme, elle repose d'abord sur un énorme effort pour lire, connaître, assimiler l'ensemble des connaissances disponibles, jusqu'à leur pointe la plus avancée. Son grand ouvrage en deux volumes sur les crises (Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital, éditions Delga, 2013 et 2015) atteste de sa connaissance intime de tous les courants de la pensée économique, des origines aux auteurs les plus contemporains ; on peut en dire autant, à propos de toutes les sciences humaines, de son exploration de ce qu'il a proposé d'appeler l'anthroponomie, c'est-à-dire les relations que les êtres humains nouent entre eux dans les relations parentales, dans la vie au travail, dans la politique et dans leur vie culturelle et psychique.
Ce travail acharné a été la base solide qui a permis à Paul Boccara de développer un marxisme vivant parce que capable d'aller au-delà du travail de Marx lui-même, non seulement dans l'analyse de réalités d'aujourd'hui que l'auteur du Capital n'avait pas pu connaître, mais aussi dans la mise en œuvre de nouveaux outils. Par exemple, c'est en intégrant dans sa dialectique marxiste des éléments de la théorie des systèmes élaborée au milieu du XXe siècle qu'il a pu développer et systématiser l'analyse de8 la suraccumulation et de la dévalorisation du capital, dont Marx n'avait eu le temps que de tracer les lignes directrices dans le troisième livre du Capital. C'est ainsi qu'il a pu développer l'analyse des crises, de leur retour dans des cycles conjoncturels et dans des cycles longs débouchant sur des transformations systémiques qui ont pu aller jusqu'à des mises en cause du mais ont conduit, finalement, à exacerber les contradictions de l'accumulation capitaliste. Il a pu mettre en évidence les caractéristiques inédites de la crise actuelle et de la façon dont, en particulier, la révolution informationnelle vient rendre concrètement possible une nouvelle civilisation dont la sécurisation de l'emploi et de la formation pour toutes et tous serait une des étapes.
Que ce marxisme vivant ait été mis à l'index, en France, par l'institution académique, alors qu'il a exercé son influence dans le monde entier, peut être interprété comme un signe de la vigueur de la lutte des classes dans notre pays. Qu'il ait été refoulé de façon récurrente au sein du propre parti communiste où son inspirateur a milité toute sa vie est peut-être une tragédie de l'histoire contemporaine. Car chez Paul Boccara – et c'est là un autre point commun avec les auteurs du Manifeste communiste – la recherche théorique était inséparable de l'expérimentation et de la participation active aux luttes politiques. Son influence, et celle de la commission économique du PCF dont il n'a jamais cessé d'être l'inspirateur exigeant et fraternel, a été grande, dans l'élaboration, dès les années soixante, d'une théorie du capitalisme monopoliste d'État émancipée des dogmatismes que la version soviétique du marxisme imposait jusque-là au mouvement communiste. Elle l'a été dans l'ouverture du chantier, si actuel aujourd'hui, des nouveaux critères de gestion, et jusqu'à ces toutes dernières années dans les percées théoriques et politiques réalisées dans les domaines de la monnaie, du crédit, de la recherche d'une autre mondialisation passant par une tout autre construction européenne, et dans le développement des travaux sur la sécurité d'emploi et de formation. Mais au lieu de se servir de ce bagage théorique et politique pour surmonter la crise causée, dans le mouvement communiste, par l'effondrement du modèle soviétique, les directions successives du PCF ont eu tendance à rechercher dans l'air du temps, c'est-à-dire dans l'idéologie dominante, des références dont elles espéraient qu'elles restaureraient un capital de sympathie pour leur courant politique. Comme il n'en a rien été, Paul Boccara s'est trouvé au premier rang du combat des militants exprimant l'exigence d'un Parti communiste profondément transformé pour pouvoir jouer son rôle révolutionnaire dans la société française du XXIe siècle. Beaucoup se souviennent d'un des derniers épisodes en date, le rôle moteur qu'il a joué pour conjurer, déjà, la menace d'effacement du PCF, en 2007 et 2008.
En un moment où cette menace s'est faite encore plus pressante, rappeler ce que Paul Boccara, dès 2004, avait eu l'occasion de dire dans une soirée organisée pour le cinquantième anniversaire de notre revue éveille une particulière émotion :« À propos de l'histoire de la revue, le plus important, ce sont les leçons pour le présent et pour l'avenir. D'abord sur notre orientation et notre progression : face à l'effondrement de nos anciens repères révolutionnaires étatistes et dogmatiques et face aux transformations historiques, nous avons cherché la mise en liaison entre un développement créateur de la théorie marxiste et les luttes. Dans ce va-et-vient, il s'agissait de ne pas céder sur les idées novatrices.
Ensuite sur les obstacles à surmonter :
l'opposition et le rejet de la nouveauté,
malgré le succès des idées nouvelles, la récupération et la déformation conservatrice par d'autres et même dans le PCF.
la phraséologie et la répétition d'une formule, au lieu de la concrétisation et du développement dans les luttes, comme cela persiste pour la sécurité d'emploi ou de formation,
l'insuffisance aussi de nos apports et le besoin de passer à d'autres apports,
l'immaturité de la situation objective par rapport à nos espérances…
Enfin, sur l'expérience de ce qui a trop manqué dans l'élaboration avec d'autres forces. Il s'agit du besoin d'efforts persévérants de clarification publique sur les exigences objectives de transformation en articulation avec des luttes immédiates, dans leur direction… ».
Jusqu'à ses derniers jours, Paul Boccara a mis toutes ses forces dans ce combat. Relire ces propos aujourd'hui, c'est mesurer combien sa voix va manquer, mais aussi combien il sera vital de faire connaître son œuvre et de continuer à travailler dans les perspectives qu'il a ouvertes.Économie et politiques'y efforcera.
Denis Durand. Editorial du prochain N° d'Economie et Politique sous presse.
L’historien et économiste s’est éteint hier à l’hôpital à l’âge de 85 ans. Homme à la pensée encyclopédique et à l’esprit rebelle, il laisse une œuvre majeure de la pensée néomarxiste.
L’économiste et historien Paul Boccara est décédé à l’âge de 85 ans. Esprit encyclopédique, universitaire, pédagogue et militant, il est l’auteur d’une œuvre considérable au retentissement mondial, bien au-delà des milieux de la pensée économique et communiste. Né à Tunis en 1932 dans une famille juive, il fait preuve très tôt d’indépendance d’esprit. Il entame des études d’histoire et d’économie et commence à militer et à se familiariser avec le marxisme. Hasard de l’histoire, il suit les cours d’un brillant philosophe, François Châtel, que, lycéen, j’aurai l’occasion de croiser bien plus tard dans un lycée du Val-d’Oise. En 1952, il quitte Tunis pour Paris où il rejoint sa compagne et future épouse, Danièle Cohen-Tanugi avec laquelle il aura trois enfants, Michel, Geneviève et Frédéric. Elle décédera en mai 1973.
A Paris, il poursuit ses études, et, avec Danièle, adhère au Parti communiste français. Il passe l’agrégation d’histoire et en 1963 entre au CNRS. Dans la suite de mai 1968, il est victime d’un ostracisme politique, son contrat n’est pas renouvelé et il devient maître-assistant à la faculté de droit et d’économie de Picardie en 1972. En 1974, il soutient sa thèse de doctorat en économie à partir de ses travaux sur le capitalisme monopoliste d’Etat.
Militant assidu du PCF, puis l’un de ses dirigeants, il s’investit dans la recherche avec la volonté de renouveler une pensée marxiste qu’il considère en grande partie ossifiée par le stalinisme. Il prend contact et commence à travailler avec une section économique du PCF déjà très critique vis-à-vis de la direction d’alors du Parti. Au sein d’un PCF encore incapable de tirer les leçons du rapport Khrouchtchev, la section économique est désertée par nombre de ses animateurs. Avec le concours d’Henri Jourdain, ancien métallo, syndicaliste, et Henri Fabre, il contribue à relancer son activité. Il permet ainsi à de jeunes intellectuels tels Philippe Herzog, Michel Aglietta, Francette Lazard, de s’engager au sein d’une section économique rénovée. Il contribuera à y intégrer un militant ouvrier comme Aimé Halbeher. Il va, avec le concours de la revue « Economie et politique », aider à en faire un lieu essentiel de novation de la pensée marxiste qui aura un grand écho. Un écho qui jusqu’à aujourd’hui n’ira pas sans heurts avec la direction du PCF.
A partir de 1961, il se livre à une relecture critique de Marx et engage des recherches sur le capitalisme contemporain. Lors de la conférence internationale de Choisy en 1966, il donne un contenu théorique au concept de capitalisme monopoliste d’Etat, à l’opposé de la conception soviétique de la crise du capitalisme. Il proposera ensuite, en 1971, une théorie de la « régulation » du capitalisme par le taux de profit et les crises de suraccumulation-dévalorisation du capital. Ces concepts qu’il développe à partir de Marx, lui permettent d’élaborer une analyse des crises cycliques du capitalisme, de les situer dans les mouvements de longues périodes, répertoriées par l’économiste russe Kondratieff. Dans ces cycles longs, la sortie des difficultés est permise par des transformations plus ou moins radicales du rôle du taux de profit, avec des institutions et pouvoirs nouveaux comme après-guerre les nationalisations et la sécurité sociale. Dès décembre 1968, il repère les débuts de la crise actuelle avec son originalité permettant d’envisager un au-delà du capitalisme. Il reprendra ces analyses sur la suraccumulation-dévalorisation en 2013 et 2015 dans des ouvrages publiés avec le concours de l’économiste Catherine Mills.
A la fin des années 70, il joue un grand rôle dans l’élaboration du programme commun de gouvernement de la gauche. Au début des années 80, il est conscient de l’importance de nourrir les luttes syndicales et politiques offensives à l’entreprise en une période où la gauche accède au pouvoir politique, où la plupart des grands groupes sont nationalisés. Il forge les nouveaux critères de gestion d’efficacité sociale, confortant l’intervention des salariés et de leurs représentants en faveur d’alternatives à la modernisation capitaliste et à la baisse du coût du travail, critères contradictoires avec ceux du patronat et compatibles avec nos économies marchandes. Il prolongera ces apports en avançant, à partir de 1996, en lien avec sa réflexion sur la révolution informationnelle, l’idée d’une sécurité d’emploi et de formation qui, rendue possible notamment par la conquête de nouveaux droits et pouvoirs des salariés à l’entreprise, et permettant de gagner en efficacité grâce à la réduction du coût du capital, rendrait possible l’éradication du chômage et de la précarité. Lorsqu’en 1996 il présente de manière inattendue ce projet devant les membres du secrétariat de la commission économique du PCF, nous pensons tous aussitôt qu’il y a là un axe majeur de lutte dès lors que l’on en fait le bien commun des communistes et des salariés les plus conscients. La proposition a rapidement un effet dans le mouvement syndical.
Au début des années 80, il forge sa théorie de la révolution informationnelle qui prendra une place majeure dans son œuvre. Elle permet d’interpréter les changements actuels des technologies et ses implications aussi bien sur le procès de travail que sur la société. Prolongeant dans les années 90 ses réflexions sur le dollar et le système monétaire international, il propose une transformation profonde de la nature et du rôle du crédit bancaire qui donnerait aux salariés, aux populations, à leurs élus la possibilité d’infléchir l’utilisation de l’argent en faveur de la satisfaction des besoins sociaux. Il avance l’idée d’une autre utilisation de l’euro et d’une réforme pour changer radicalement l’action de la banque centrale européenne. Il la complétera par des propositions sur le développement des services publics, notamment pour qu’ils concourent à un partage des biens essentiels à l’humanité, qu’ils contribuent à un dépassement du marché capitaliste et à des avancées vers un communisme de promotion de tous et de chacun.
Il consacre ses dernières années au dépassement de sa propre œuvre économique en traitant des liens entre l’ensemble des activités humaines dans leur diversité : économique, sociale, idéologique, culturelle, sociétale, … Il élabore le concept d’anthroponomie désignant les activités autres qu’économiques et situe le communisme comme une possible issue à ce qui est une crise de civilisation, celle du capitalisme et du libéralisme. S’inspirant de la pensée des cybernéticiens et des biologistes, il approfondit sa réflexion sur les systèmes. On le voit, l’œuvre est digne des plus grands penseurs de la libération humaine. Elle s’est nourrie des apports les plus divers et novateurs de la pensée, contre les académismes qui ont tout fait pour la refouler et la discréditer. Que dire encore de cet homme à la pensée constamment en éveil ? Parmi les nombreux souvenirs que j’ai, je garde en mémoire une soirée passée à la fin des années 90 dans un restaurant, à Bruxelles, avec lui et Okba Lamrani, journaliste à « l’Humanité », à l’occasion d’une réunion d’économistes alternatifs européens. J’y découvris, au-delà du théoricien, un homme plein d’humour et aimant passionnément la vie.
En ce moment douloureux pour tous ceux qui apprécient un tant soit peu la pensée hors norme de Paul Boccara, nous prions toute sa famille, ses enfants, ses proches et particulièrement sa compagne Catherine Mills, de croire en notre profonde solidarité.
Publié une première fois sur ce blog le 20 mai 2017
Plus qu’une vague description de l’addition des malheurs qui nous occupent pendant que d’autres, minoritaires puissants et ambitieux en profitent….
Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital
Comprendre les crises est indispensable pour rechercher et mettre en œuvre des solutions aux crises.
Les « à peu près » des divers programmes électoraux font la démonstration de leur incompétence à les résoudre.
Donner à tous le moyen de comprendre, d’une façon plus ou moins approfondie, mais toujours à partir d’une démarche pertinente est une exigence scientifique et militante pour tout citoyen.
Donner à comprendre c’est aussi organiser la formation par ceux qui ont avancé sur le chemin de la compréhension. Et c’est certainement une tache essentielle dans les décennies qui viennent pour donner à ceux que d’aucun appellent « une crise de civilisation » autre chose qu’une vague description de l’addition des malheurs qui nous occupent pendant que d’autres, minoritaires puissants et ambitieux en profitent.
Dans sa présentation (1) des 2 volumes de Paul Boccara « Théories sur les crises de suraccumulation-dévalorisation du capital », Catherine Mills résume :
« …Marx lui-même dans Le Capital, et ses trois livres de 1867 à 1894, a précisé les éléments fondamentaux, se rapportant aux deux côtés unilatéraux et aux facteurs permettant d’avancer vers leur articulation. Cela se rapporte à des éléments sous-consommationnistes et aussi sur- consommationnistes. Marx précise le gonflement ou le dégonflement cycliques de l’armée de réserve du travail des chômeurs. Il souligne tout particulièrement l’élévation du rapport moyens matériels de production/ salariés, caractéristique de la technique de la révolution industrielle de remplacement des travailleurs par des machines, pour rendre compte de la baisse du taux de profit et de la suraccumulation du capital à la base des crises. Il montre le rôle du crédit pour favoriser l’accumulation en machines, avec le gonflement des prix qui l’accompagne et la spéculation. Il considère que l’insuffisance de la consommation explique les crises en dernière analyse, même si on ne peut réduire l’explication des crises à la sous-consommation. Mais dans son ouvrage inachevé, il manque l’articulation de l’éclatement périodique des crises à la sous-consommation qui se manifeste en fin de cycle. Cette lacune concerne tous les enchaînements du processus conduisant à l’éclatement cyclique de l’excès d’accumulation et des crises capitalistes.
L’analyse néo-marxiste de Paul Boccara précise le déroulement effectif du processus complexe et ordonné conduisant aux crises capitalistes. Elle montre comment on passe des excès de salaires surconsommationnistes, suivant l’essor cyclique, à la réponse du remplacement des travailleurs salariés par des machines, avec la technique de la révolution industrielle, la montée du crédit et l’inflation du boom. C’est cette élévation de l’importance des machines par rapport aux travailleurs salariés productifs qui finit par entraîner l’insuffisance cyclique de consommation des travailleurs salariés , par rapport à la production accrue et aux prix gonflés par l’accroissement des machines et du crédit. D’où, non seulement la baisse du taux de profit en valeur, mais aussi en prix avec la surproduction, l’éclatement de la crise de suraccumulation du capital…. »
Comprendre les crises est le premier pas vers résoudre les crises, ce que propose la suite des deux volumes.
Avancer pas par pas dans cette compréhension passe par ce premier pas :
Le phénomène de suraccumulation-dévalorisation du capital est particulièrement décrit dans les pages 412-427 du volume 1, chapitre 3 de la 2ème partie intitulé « les linéaments d’un schéma dialectique marxien et néomarxiste du processus de suraccumulation ».
Paul Boccara conclut ce chapitre pas ces mots :
« …Avec la rupture d’accumulation, nous passons ainsi à l’étude de la suraccumulation du capital à celle de la dévalorisation consécutive, comme sa dépréciation. L’étude de la dévalorisation de capital permettrait de préciser le mouvement polycyclique du système. Et cela, dans les cycles de périodes plus ou moins décennales, comme aussi dans l’analyse des conditions de la mise en cause du système, à laquelle nous aboutirons dans le second volume de l’ouvrage… ».
En introduisant sa présentation, Catherine Mills nous dit :
« …En raison de l’exacerbation de la crise radicale en cours du capitalisme mondialisé, notamment depuis 2008, montent les préoccupations fondamentales concernant les crises du capitalisme. Cela va pourtant de pair avec le déni de leur importance et de leur caractère nécessaire dans certaines théories économiques récentes. C'est notamment l’irréalisme fondamental de trop de travaux universitaires récents sur ces questions cruciales malgré l’effondrement de leurs illusions. Nous sommes aussi face à la relance des propositions néo- libérales d’adaptation du système considéré comme indépassable.
Cet ouvrage se propose de recenser les théories sur les crises depuis trois siècles. Il présente un bilan pluriséculaire des acquis des théories des différentes écoles de pensée sur les fondements des crises systémiques, ou de suraccumulation et de dévalorisation de capital durables.
Le premier volume concerne les théories des crises cycliques avec les limites fondamentales de l’accumulation des capitaux et leurs solutions,
Le second volume se rapporte aux théories des crises systémiques, de la croissance, des cycles de longue période et des transformations du système capitaliste lui- même. Il souligne aussi la radicalité de la crise écologique et climatique. Il concerne une théorie critique néo- marxiste cherchant à dépasser les diverses analyses néo- keynésiennes…. »
Paul Boccara : Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital, Delga, 1er vol 2013, 2è vol 2015.
Pierrot, 20 mai 2017
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(1) La conférence de Catherine MILLS est accessible en lecture et en vidéo sur le site de la Fondation Gabriel Péri et sur ce blog.
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PROGRES SOCIAL : Envisager un processus et les mesures concrètes d’un processus
Il existe une tendance humaine actuelle à confondre démarche scientifique avec dogmatisme ou sectarisme et à la mépriser.
Celle aussi à dire « c’est compliqué » avant d’avoir fait l’effort d’essayer de comprendre.
L’inégalité de développement des savoirs chez les individus n’est pas uniforme, il touche une activité ou une autre, mais jamais toutes les activités, sinon l’inégalité de savoir serait celle d’un mort. Tous nous participons à l’activité de la société, dans son cœur et ses marges, paradoxalement.
La confusion entre démarche scientifique et dogmatisme, sectarisme est un sectarisme à l’envers, frère ennemi du sectarisme « à fleur de peau » et l’effet d’une ignorance dans un ou plusieurs domaines, ignorance qui n’est ni congénitale ni définitive, il suffit que les conditions de vie et d’apprentissage se modifient pour qu’une motivation au savoir non possédé se révèle.
Les « couches moyennes » (en tant que couches sociologiques, non en tant qu’individu) qui se sont ralliées à l’idéologie du capital pour vivre, survivre et tirer quelques avantages de ce ralliement relatif (1), plus ou moins profond, ne sont pas encore au point de se poser ces questions d’inégalité de développement des savoirs et surtout ne voient pas encore clairement le détachement que les inégalités sociales provoquent chez les couches les plus subalternes.
Si nous ne sommes pas capables de prendre les mesures politiques pour imposer des mesures économiques sur la finance dirigée par les maîtres de l’usage mondial financiarisé et numérisé du capital, nous finirons dans une société à la Zardoz (Voir Zardoz sur internet), avec ce que cela comporte de menaces déjà en cours, en développement, sur le déroulement d’une vie qui pourrait être de paix et de progrès, étant paisible et passionnée à la fois. Une société à la Zardoz est une société où seules les couches « supérieures » prennent part à la vie de la cité, ses conforts et ses savoirs avant d’être submergées par la vague des « barbares subalternes ». Zardoz est une fiction, mais la métaphore est instructive et prête à penser à quoi faire pour ne pas en arriver là où à s’en rapprocher jusqu’à créer les conditions d’un blocage du processus social. Ce qui est valable pour une société est valable pour un parti, microcosme des tares et problèmes de la société, à résoudre.
Et surtout les couches moyennes ont besoins d’apprendre ce que les couches subalternes connaissent bien : il n’y a pas de progrès sans conflit, petit et grand, il n’y a pas de réalité et de mouvement sans lutte des contraires, lutte qui peut prendre un caractère plus ou moins violent, plus ou moins civilisé. Les conflits et leur résolution dans une société humaine ont pour centre et en dernière instance, les subsistances nécessaires à la vie humaine, donc la production de ces subsistances.
C’est donc au cœur de la production que se situent et les conflits et les résolutions des contradictions, des forces contradictoires dans leur unité. Dans une société capitaliste, où seule une part donc de la société décide de l’usage du capital et des choix qui en découlent dans la vie quotidienne et dans le futur de l’humanité, c’est bien entre le capital et le travail qu’a lieu la lutte en dernière instance, et sans oublier les autres luttes ; et entre les classes sociales, pas les couches sociales qui « naviguent entre ces contradictions », que les contradictions doivent se résoudre par la disparition du capital et du salariat dans une société connaissant d’autres et nouvelles contradictions, mais ayant éliminé l’existence de classes antagonistes, problème de notre temps à résoudre à condition d’y croire et d’agir en fonction de cette conviction.
Le dogmatisme ne tient pas dans cette formule mais dans une volonté de résoudre les contradictions sans en envisager le processus ni les mesures concrètes dans un processus.
Des propositions existent pour procéder à un tel processus, propositions à expérimenter, à rectifier, revenant en arrière, avançant de nouveau, pour en assurer le succès, toujours provisoire mais effectif, pour en assurer la vie et le développement dans des formes supérieures et en mouvement incessant de l’organisation sociale, travail, institutions, culture.
La volonté du capital de s’attaquer de plus en plus fortement aux revenus moyens pour monter son taux de profit en crise de suraccumulation de capital peut –rien n’est automatique- favoriser un renversement d’alliance en faveur d’une alliance de ce couches moyennes avec les couches les plus subalternes, avec au cœur de cette alliance le rôle du travail et du salariat, dans un processus de transformation sociale en santé; ou au contraire renforcer les deux tendances actuelles de radicalisation à l’extrême droite combinée au détachement de la population de la gestion de la cité.
Une loi de Sécurité de l’Emploi et de la Formation tout au long de la vie, complétant et renforçant la Sécurité Sociale de 1947, et des mesures puis des institutions politiques de réorientation et de régulation de l’usage du capital peuvent entamer un processus de transformation sociale en santé comme formulé plus haut, dépassant radicalement et progressivement, plus ou moins rapidement l’échange Argent-Marchandise-Argent’ plus, son paroxysme de suraccumulation de capital dans la nouvelle révolution scientifique et technique numérique. Ce n'est pas la révolution scientifique et technique numérique qui crée la crise, c'est son usage par le capital; de même pour la croissance laquelle peut être transformée qualitativement, à l'instar de la métaphore de la miniaturisation-multiplication des ordinateurs et de celle du processus cérébral naturel de "condensation" du mouvement de formation des systèmes de concepts créés par l’activité, le travail.
Pour progresser dans la connaissance des remèdes possibles à la crise économique, de société et de civilisation, il est utile de lire les ouvrages de Paul Boccara sur les théories de la crise de suraccumulation et dévalorisation du capital, sur les nouveaux critères de gestion, sur la sécurité d’emploi et de formation.
Un ouvrage de Denis Durand « 7 leviers pour prendre le pouvoir sur l’argent » en reprend les principes et les développe dans le contexte social actuel et en fait un projet de programme économique et politique.
Pierre Assante, 24 novembre 2017
(1) De mémoire le dessin humoristique de Wolinsky "J'appelle ceux qui ont un peu à s'allier avec ceux qui ont tout contre ceux qui n'ont rien !"