Cet article a été publié la première fois sur ce blog le 27 juin 2010
RE-LIGIO
Re-ligion. Re-lier. Pour qui a vécu une vie ou pour qui acquiert une lucidité précoce, le lien entre chaque objet de la nature, de l’univers qui nous apparaît, est évident.
La religion a interprété cette unité du monde, amour et communion, union et contradiction, par et dans le lien avec le chef de clan, le monarque, le pouvoir. Le pouvoir du possédant et sous la société marchande le pouvoir du propriétaire du moyen de production et ses institutions.
Ce lien, cette unité galvaudée, cette osmose entre tous les objets de la nature a été nié par la bourgeoisie et son rationalisme limité pour plusieurs raisons qui n’en font qu’une :
-A partir du moment où on met la pensée d’une part et la matière de l’autre, et qu’on fait de la pensée un objet non matériel, c'est-à-dire qu’on attribue à la nature des propriété non naturelles, on classe dans l’idéalisme l’activité intellectuelle et on en fait des activités distinctes des activités de la nature et de l’activité propre à l’humain, celle de la conscience de la nature sur elle-même qu’il « incarne ». Rien ne peut être ailleurs que dans le mouvement général.
-Mais cette dichotomie, est la conséquence et la cause de la division de la société en classe laquelle ne peut se justifier que par la justification de la division du travail, les hiérarchies « morales et matérielles » qu’elle induit et de la protection qu’elle représente pour les propriétaires de moyens de production.
- L’emploi lui-même des termes « matière » et « matérialisme » et sa distinction des idées que cela représente doit être dépassée parce qu’elle est du même ordre que l’athéisme. Il s’oppose à une vision considérée comme non rationnelle en créant son opposé idéaliste.
-La réponse à ce dépassement est justement la conceptualisation de l’activité sous toutes ses formes apparentes à l’homme, à ses sens et ses représentations, et surtout comme la combinaison en un seul mouvement de mouvements, qui fait l’unité de la nature, le lien de tous ses objets, c'est-à-dire de tous ses mouvements, ce à quoi s’oppose la société de classe.
Le « nous » et le « je » sont dissociés par le progrès de l’individu dans le collectif. Mais ce progrès provoque sa propre négation, celle de la continuité dans la reconnaissance de la matière et de son unité, c'est-à-dire la reconnaissance de la matière par elle-même, c'est-à-dire la reconnaissance de la nature en tant que mouvement par elle-même.
Ce n’est pas la peur de la mort individuelle, quand elle vient au bout d’un itinéraire normal de vie, qui intervient prioritairement dans la dissociation mentale des activités, mais la propriété. La conscience de la communauté ne peut que renforcer celle de l’individu, et celle de l’individu celle de la continuité du mouvement, de l’œuvre et particulièrement de la conscience et de la durée, de la quantité, de la qualité et de l’instant contenu et contenant de cette unité.
Le christianisme primitif ne propose pas la séparation du corps et de l’esprit mais le partage de l’activité humaine en santé pour l’activité humaine et son rapport en conscience, en reflet, en miroir avec la nature, le partage de la nourriture et particulièrement des éléments essentiels de la nourriture-produit-travail de l’activité humaine en ressource de la nature pour elle-même, le pain et le vin, produit de la nature transformée par son activité consciente, l’homme.
La santé n’est pas un vain mot. De la personne dans la communauté comme de la communauté pour la personne. La religion et toute forme de pensée est idéologie et ne répond pas à la santé lorsque elle devient l’expression d’un groupe dans la communauté. Le groupe est sain lorsqu’il contribue au mouvement général de santé.
La diversité qui est l’expression de l’aléatoire, lequel est une propriété de la nature, engendre aussi des contradictions « non saines ». C'est-à-dire des contradictions qui ne mûrissent pas. La maturité pour cette activité de la nature qu’est l’homme est du même ordre que toute transformation qualitative, par exemple celle du fruit en plante ou celle du fruit en putréfaction. La putréfaction ne peut créer un arbre qu’en favorisant le mouvement d’une autre graine que celle du fruit avorté qui, lui, va nourrir cet autre arbre.
Tout n’est pas égal, L’humain est partie prenante d’une résultante de tous les mouvements humains en rapport avec toute la nature, il a donc à se déterminer avec les outils personnels et collectifs de la conscience humaine. L’aléatoire, propriété du mouvement, c'est-à-dire de la nature intervient et dans chaque élément et dans sa totalité. En ce sens les outils sont le propre de l’humain et les outils dits matériels comme les outils dits mentaux sont bien et des concepts et des objets tangibles. Un outil comme un marteau contient et toutes les propriétés de la nature et toute la forme qu’il lui été donnée et toute l’accumulation de concepts qui ont été utilisés et par la personne et par la collectivité pour le fabriquer. Mais un marteau n’est pas un marteau s’il n’est pas utilisé comme tel dans ses multiples possibilités d’utilisation qui sont toutes et « morales » et « matérielles ».
La société humaine mondialisée, informationnalisée, c’est l’outil collectif de la nature pour sa transformation, son retour d’acte, la conscience de la nature sur elle-même d’un niveau qualitativement supérieur à condition de dépasser la propriété qui d’un élément de progrès en augmentant les outils est devenue un élément de plus en plus tranchant entre « pensée » et « acte » et donc « brisure » de la force de l’humain sur la nature et sur lui-même.
Mouvements incohérents ne font pas mouvement et santé, et la santé c’est une direction (au sens de trajet) du mouvement. La direction c’est aussi en ce sens la part du libre arbitre du groupe dans le mouvement.
Déisme, athéisme, matérialisme n’ont plus de sens si la dichotomie sociale est dépassée. Mais ce n’est pas le cas et le « matérialisme dialectique » garde son rôle dans la lutte des contraires au sens hégélien « remis sur ses pieds ». Il est l’outil de cette rencontre-réunification des actes de la conscience qui le rendront inutile.
Cette rencontre, paradoxalement passe aussi dans le mouvement idéaliste, parce qu’il n’y a pas séparation mécanique des concepts humains. En ce sens Lénine disait qu’il vaut mieux un idéalisme intelligent qu’un matérialisme bête. Et Ernst Bloch : « la religion, retour à des liens antérieurs et en particulier au mythe d’un Dieu originel, d’un Dieu de la création, c’est pourquoi, bien compris, la profession de foi de l’Exode, « je serai celui que je serai », ou même le christianisme du Fils de l’Homme et de l’eschaton, ne sont plus une religion » et « seul un athée peut être un bon chrétien et seul un chrétien peut être un bon athée ».
L’intuition ne naît pas de rien mais d’une accumulation d’observation et de conceptualisation de l’histoire humaine. La science se nourrit des intuitions, elle tâtonne, elle cherche elle trie et compose des syncrétisations puis des synthèses puis des synthèses de synthèses. Mais elle est prisonnière des intérêts qui la nourrissent, lui donnent sa nourriture, ses moyens, et qui oriente ses choix, qui pour l’instant sont encore les intérêts privés, dichotomie dont la société est malade et dont les contradictions internes peuvent engendrer des fruits sains. Les contradictions c’est nous-même, les humains avec nos besoins et les choix qui y sont liés.
La douleur est le témoin du besoin non satisfait, dont le témoin du besoin à satisfaire. Le bonheur y est lié. Mais ni la douleur ni le besoin ni le bonheur n’existent qu’en mouvement et en mouvement général, en chant général, puisque l’humain est minéral pensant.
Même la douleur individuelle, sans corrélation apparente avec le social, est liée aux capacités de l’humanité d’y remédier en commun.
Pierre Assante, 25 juin 2010
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