Article publié une première fois sur ce blog le Vendredi 29 mars 2013
Nous avons tous plus ou moins vu cette image (note en bas de page) de l’univers accessible à nos sens et à nos appareils, "notre" cosmos, qui est la lumière apparue 380 000 ans après la « naissance » de cet univers, il y a 13,8 milliards d’années, nous disent les astronomes.
La vie n’a pas besoin, apparemment, de ces données pour se développer et se poursuivre.
Une arapède (une patelle, en français, coquillage en forme de petit chapeau chinois qui se fixe sur un rocher) trouve les ressources pour se nourrir, se reproduire et se perpétuer, malgré son « arrêt » apparent d’évolution, son absence d’angoisse ou sa faible quantité d’angoisse face aux agressions qui la menacent.
Il y a une certaine « distance » entre la «conscience » débutante d’un chimpanzé ou d’un mammifère au développement avancé et celle de l’humain capable de percevoir et de formuler sur cette lumière émise par cet « univers accessible ».
Les chimpanzés ne se posent pas de questions philosophiques sur les raisons de leur existence sur terre, pourtant leur conscience primaire est bien plus évoluée, c’est le moins qu’on puisse dire, que celle de l’arapède.
Et pourtant ce brouillard de la connaissance humaine sur les raisons de sa présence sur terre, que Socrate comparait à la vision des ombres de l’univers extérieur sur les parois d’une grotte dans laquelle serait cantonné l’humain, est bien un brouillard, ce qui n’empêche cet humain de perfectionner chaque jour ses moyens de répondre à ses besoins de survie, de nourriture et de développement, en perfectionnant sa connaissance de cet univers, et sa conscience de cet univers.
Marx a été un des premiers à formuler aussi clairement que l’humanité est la conscience en mouvement de la nature sur elle-même, car l’humain, c’est bien une « parcelle » de nature dans son unité, c'est-à-dire pas seulement une part de la nature isolé de la nature, mais au contraire une fonction de la nature unifiée à sa fonction générale, énigmatique, inaccessible, que l’on soit « croyant » ou pas, ce qui ne veut pas dire grand-chose.
Il y a aussi quelque chose de nouveau dans cette nature, depuis disons 7000 ans, après l’invention de l’agriculture il y a 12 000 ans, de la transformation de la nature par le travail humain et non plus seulement de sa « cueillette », aux des cités-Etats et de la société marchande et de son paroxysme, le capitalisme mondialisé et informationnalisé.
Ce qui est nouveau après l’invention de l’agriculture ouvrant la voie à l’industrialisation mécanique puis informatique, c'est l’appropriation du surproduit du travail c'est-à-dire de la part du produit du travail non consommé par son producteur et accaparé par le possesseur dominant.
Ce qui est paradoxal, dans l’évolution de la conscience de la nature sur elle-même, c’est que les accapareurs réussissent jusqu’à ce jour à confisquer, avec la part et de concert avec le surproduit possible, la part de la conscience nécessaire à la mise en commun de ce surproduit, et de fait accaparent tout ce qui permettrait à trouver une issue à l’accaparement….
La « collection » des revendications nées des conséquences de cet accaparement, c'est-à-dire d’une insatisfaction croissante des besoins de développement humain est une bonne et une mauvaise chose, comme la langue d’Esope.
Une bonne parce qu’elle accroit l’insatisfaction et donc les possibilités de se mobiliser contre ces insatisfactions.
Une mauvaise chose parce qu’elle limite cette mobilisation à la seule protestation et par là se heurte au mur du manque de solutions.
On pourrait penser qu’insatisfactions, conscience et solutions avancent de pair. Ce n’est pourtant pas ce que l’évènement et son processus vérifient pour l’instant.
On peut même dire que l’influence de l’extrême droite, des Pirates et autre Grilli d’une part et celle des groupements communistes, celle de la théorie de la mise en commun des forces humaines d’autre part, ne montrent pas ce front commun de l’insatisfaction et des solutions.
Ce qui ne m’empêche pas de m’enthousiasmer sur l’échec des solutions économiques « bidon » et les modestes avancées des solutions économiques remettant modestement mais surement en question le système d’échange capitaliste pur et dur dans le monde.
Modestement ? Peut-être pas. Dans cet éclair de temps de nos vies, et l’éclair de nos vies dans l’unité instant-infini, ce qui se passe est peut-être bien plus immense qu’il n’y paraît.
Allez, une dernière idée pour compléter le tableau. Je ne ferai pas de roman de science fiction, mais je me contenterai d’en fournir des idées pour qui en a envie : conscience de la nature sur elle-même…....et si finalement cet humain-là était l’auto-création de la nature, avec ses hasards, ses bifurcations qui s’amplifient et explosent en infinies modifications et-de structures dissipatives, en bouleversement permanent tempestif et calme de l’évolution entropique.
Auto-création de la conscience de la nature, mais pas à la mode de Berkeley, qui voit la pensée créer magiquement la nature, c'est-à-dire sans le média de la matière, de la nature, du mouvement que la matière est et des multiples états de cette matière en fonction de son, ses « mouvements ».
Le mouvement de la pensée, des fonctions électriques et chimiques du cerveau par exemple, à l’intérieur des interactions de la société et de la société et de la nature « extérieure » dans leur unité, n’est pas une âme, entité surnaturelle « à part ». La connaissance approfondie sans cesse de la matière est donc un moteur de la conscience sur elle-même, en passant par les médias de la matière en tant que fonctions matérielles « diverses » non séparées mais « distinctes ».
Lorsqu’on s’approche de telles réflexions on n’est pas loin de tomber dans les élucubrations de Mach, dénoncées par Lénine dans son « Matérialisme et empiriocriticisme ».
Pourtant les dé-adhérences conceptuelles que la pensée autonome relativement des causes « externes », la réalité « externe » fait naître, sont bien nécessaires pour établir en aller-retour le reflet le plus exact de la matière, de son mouvement et de la conscience d’elle-même sur elle-même que nous constituons.
Dé-adhérence nécessaire mais périlleuse, évidemment.
Mais périls bien moins grands que l’immobilisme, car la dé-adhérence peut ou pas être moteur de la conscience, mais l’immobilisme, jamais, en aucun cas.
Ce qui ne veut pas dire qu’il faille attribuer un satisfécit aux de-adhérences conceptuelles "sans retour", telle celle de Mach…
Alors, on en reste à l’assurance de l’arapède sur son rocher pour se nourrir, se reproduire, confortable et sans souci ? C’est ce que préconise tout mouvement conformiste et conservateur.
A chacun de juger, car on ne convainc que celui qui a déjà une « intuition », c'est-à-dire un savoir et une observation conjoints, de la « bonne réponse ».
Et il est tout à fait humain que chacun croie à la sienne, aux siennes, de réponses.
Sans doute avez-vous compris quelle est la mienne, en particulier quand je soutiens un mouvement progressif mais radical de contrôle des banques qui accumulent sous forme de valeur notre surproduit et la spéculation qu’il leur permet. C’est un élément incontournable de libération du mouvement de la conscience de la nature sur elle-même, et « accessoirement » de notre vie quotidienne d’humain, avec ses besoins et les désirs y adhérant.
Pierre Assante, 29/03/2013 18:42:40
Note. Illustration, photo d'un article de l'Humanité du 29 mars 2013 : retour sur les images révélées la semaine dernière par le satellite européen Planck et sur ce qu'elles nous disent du big bang, de l'inflation et des premières lumières émergées de la matière.
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