Anna Proto Pisani.
« Cet amour sombre, cet amour ombre ». 2. Mars 2021.
Cet amour sombre, cet amour ombre
Cet amour lourd,
Je t’aime de cet amour de plomb,
De cet amour pierre,
Je t’aime de cet amour non romantique
De cet amour d’aplomb.
Je t’aime de cet amour pierre céleste,
cet amour qui t’atterre et t’atterrit
cet amour noir
Je t’aime de cet amour météorique
cet amour silent,
cet amour silence
cet amour nuit
cet amour non dit.
Je t’aime de cet amour violence.
Et toi qui rentres en moi,
T’aventures dans la nuit
Qui se déchire dans les éclairs
Je t’aime de cet amour perdition,
De cet amour perdu
De cet amour à perdre.
Je t’aime de cet amour malade,
cet amour malade d’aimer
cet amour impossible,
Je t’aime de cet amour passion,
Passion qui passe
De cet amour passation,
Amour passoire, amour passé.
Je t’aime de te cet amour pastiche
Sans que je ne puisse dire un mot,
Sans que tu parles, sans que tu ne dises un mot,
Nos conversations faites de rien,
Nos regards loin,
ces regards ordonnés, ces regards d’ordinateurs.
Je t’aime de cet amour de listes,
Je t’aime de cet amour de listes de courses,
De cet amour frigo,
De cet amour frigorifique,
Je t’aime de cet amour congelé.
Je t’aime de cet amour statistique,
Cet amour pourcentage,
Cet amour sondage,
Cet amour qui sonde, qui inonde
Dans ton âme, dans mon âme.
Je t’aime de cet amour couché, de cet amour couche,
Cet amour strate,
Je t’aime de cet amour fossile, de cet amour fossilisé,
cet amour stratifié,
cet amour granite.
Et là, dans la dureté de la pierre devenue fer
De cet amour oxydable,
Je découvre les armes de l’amour,
Et je te combats au loin,
Les armes de la chasse
Et je te traque,
Les armes de l’attaque
Et je t’affronte,
Les armes de la fuite au loin,
au delà de la mer.
Et tu prends avec toi la pierre céleste,
Tu la mets dans ta valise,
Au milieu du linge et de ton pantalon
Et tu pars loin,
En amenant mon amour météorite
Et je reste ici,
Immobile et pétrifiée.
Sans plus dire mon silence,
Sans plus dire mes mots,
Sans silence et sans mots,
J’avance dans cette nuit.
Tu arrives à l’aéroport,
Tu montres ton passeport avec ta photo,
Ton bagage est scannerisé
Puis il est catapulté
Et l’employé ne s’aperçoit pas du météorite
Qui voyage contre la gravité,
Qui voyage contre moi.
La pierre céleste est à nouveau dans le ciel,
Mon amour est là en l’air,
À l’air libre
Je t’aime de cet amour soute,
cet amour contre,
cet amour qui contraste le courant gravitationnel
tu portes loin mon amour météoritique
Tu m’aimes en apesanteur
Et maintenant que tu descends de l’avion,
Tu voyages au centre du monde,
Et là tu libère la pierre noire,
Et tu l’exposes à l’air, aux vents, à la poussière.
Et je suis là sans météore, sans mots, sans silence,
Et j’avance dans la nuit noire
D’un mot non mot,
Et j’attends la prochaine ère géologique
Pour me dépétrifier
Et prendre une forme autre
Que celle d’un amour sans amour,
d’une pierre sans pierre,
D’une femme sans femme,
D’une voix sans voix.
Anna Proto Pisani, mars 2021
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