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30 mai 2021 7 30 /05 /mai /2021 08:28

La chronique économique de Pierre Ivorra. Le loup-garou de la dette publique.

 

Pierre Ivorra. Mercredi 26 Mai 2021. L’Humanité

La semaine dernière, le quotidien patronal les Échos affichait en une ce titre propre à effrayer le premier petit actionnaire venu : « Dette : un fardeau pour 60 ans ». Il expliquait en sous-titre que : « Plusieurs pays européens, dont la France, mettront plus de soixante ans pour effacer la dette Covid. » Il précisait enfin que l’Espagne en avait pour 89 ans, la France pour 67 ans, l’Italie pour 26 ans et la frugale Allemagne, pour 7 ans seulement 

Le risque de la dette publique est souvent agité sous le nez du bon peuple. Il est comme une sorte de loup-garou que les médias proches du Medef, de la droite et du social-libéralisme agitent pour faire peur. C’est notamment ce qui est fait dans les hôpitaux par les agences régionales de santé et le ministère pour culpabiliser les personnels du service public et tenter ainsi de paralyser leurs actions en faveur de créations d’emplois, de meilleures conditions de travail et de rémunération. Cette campagne a quelque chose d’une « esbroufe » en bande organisée. Et cela pour plusieurs raisons. Aucun État ne se donnera pour objectif d’apurer sa dette, de la ramener à zéro, même pas l’Allemagne ! En second lieu, un gouvernement peut tout à fait rembourser une partie de sa dette en empruntant l’équivalent du capital et des intérêts qu’il doit payer au cours d’une année. Enfin, pour continuer à financer un État endetté, les marchés financiers prennent en compte d’autres facteurs que le taux d’endettement. Ainsi, la dette publique aux États-Unis équivaut à environ 120 % de la richesse nationale annuelle et, pour autant, les fonds d’investissement et de pension continuent à acheter des bons du Trésor ! Il faut dire que si la Maison-Blanche n’arrive plus à financer ses dépenses et à maintenir le dollar à flot, c’est l’ensemble du système financier mondial qui s’écroulera. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit en 2008.

Pour autant, il y a une part de vérité dans ces affirmations patronales, mais elle n’est pas là où on nous le dit. Comme l’a montré la crise de 2008, l’importance des dettes publiques et privées fait courir un risque réel. Moins en raison de leur montant que du fait qu’elles sont contractées auprès de marchés financiers et qu’elles sont insuffisamment utilisées pour redresser la croissance et l’emploi, et servent trop à réaliser des profits faciles en spéculant et en réalisant des opérations financières. Les marchés veulent que leurs placements leur rapportent, aussi, dès qu’ils sentent une menace sur leurs gains, ils prennent les jambes à leur cou. Il vaudrait donc mieux que les États se financent autrement.

 

VOIR : MODE DE PRODUCTION ET MODE DE PENSEE 10 articles  :

 

http://pierre-assante.over-blog.com/2021/05/mode-de-production-et-mode-de-pensee.7-articles.par-pierre-assante.18-mai-2021.html

 

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