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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 15:43

Stalinisme et luttes d’aujourd’hui

 

vovelle3.jpgOui, il est important que l’on sache, et en particulier la jeunesse :

 

  1 Ce qu’a été le stalinisme, et à quel point il a détourné le mouvement ouvrier de ses fins, et partant de là, de ses actes. A condition que la conclusion de cet « enseignement » ne se conclue pas par « le gentil capitalisme », « le gentil colonialisme »,  « le méchant assassinat des généraux polonais » et « le gentil bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki (120 000 morts et la suite par décision d’un président démocratiquement élu) » (la liste est et sera longue des atrocités « mutuelles »)…. etc.

Exemple d’une dictature différente : le Comité de Salut Public de 1793. Bien que chargé d’expédier les affaires d’une situation d’urgence de vie ou de mort (guerre aux frontières, subsistances, résistances aristocratiques et surtout besoins d’une modification vitale des rapports de production) de la lutte pour l’abolition de la royauté et de ses privilèges, il se soumettait et se considérait comme soumis à la Convention élue. La belle preuve est la résignation de Robespierre ou de Saint-Just à ne plus faire appel le 9 Thermidor à une population qui pouvait encore intervenir en leur faveur à laquelle s'ajoutait sans doute le sentiment d'échec dû à des conditions non atteintes. Mais comment comparer des situations si différentes ? La dictature de 1793 c’est celle d’une bourgeoisie alliée au peuple parce qu’elle a besoin de s’allier à lui pour battre la monarchie. Ainsi elle fait pour un temps de ses aspirations, les aspirations générales de l’humanité, qu’elle abandonnera sitôt sa victoire acquise.

Il y aurait grande innocence et peu d’intelligence à penser qu’une Russie démocratique pouvait spontanément émerger de la Russie Tsariste dans ses conditions de développement d’alors, et rien ne disait que dans la construction de nouvelles forces productives, les conditions d’un socialisme non stalinien (c’est un paradoxe de langage) ne pouvaient pas naître. L’alternative restait donc entre poursuivre la guerre impérialiste et ses conséquences, se soumettre au capital dont cette guerre et ses conséquences était une illustration, alors que dans le même temps entraient en conjonction en Russie les volontés d’indépendance des nationalités de l’empire russe, la revendication de la paix contre la guerre de 1914, la montée de bourgeoisies nationales et d’un bonapartisme émergent, la concentration ouvrière dans d’immenses ensembles industriels, la revendication paysanne, la domination du capital étranger….Excusez moi du peu !

Il y aurait grande innocence et peu d’intelligence à penser d’autre part que le massacre actuel des formes de la démocratie bourgeoise ne tiennent pas à de nouvelles conditions de développement du capital et des forces productives (voir « La métamorphose du travail 5 » et « l’indifférence »).

 

  C.C.1980.jpg2 Que le stalinisme est aussi la conséquence d’une lutte de classe titanesque dans laquelle le mouvement ouvrier a été pris au piège d’une organisation militaire et ultra centralisée nécessaire à ce moment là en Russie (Lénine s’est exprimé sur la russification excessive du mouvement ouvrier) qui s’est transformée en dictature personnelle. Il est simple de dire aujourd’hui ce qu’il aurait fallu faire. Des millions de militants n’ont eu comme choix que ce culte de la personnalité et les répressions qui l’accompagnaient ou la collaboration de classe jusqu’au fascisme. Le nazisme n’est pas un accident du fascisme., il a joué un rôle particulier dans la répression du mouvement ouvrier que ne pouvait jouer le fascisme italien, dans les deux cas pour des raisons historiques donc aussi  économiques. Il n’y a pas lieu de scinder la politique du capital, elle est UNE dans sa diversité, même lorsqu’elle influence négativement le mouvement ouvrier.

 

3 S’il est important de connaître ce qu’a été le stalinisme, je ne crois pas vraiment que ce soit le danger actuel (voir l'article "l'anthroponomie" )que nous courrons. Je ne vais pas développer ce que j’ai déjà développé en détail : le danger d’aujourd’hui c’est cette forme de fascisme « doux » qui consiste à soumettre « pieds, poings et cerveaux liés » à une organisation internationale du travail qui fait de sa division (du travail) toujours plus marquée, toujours plus cloisonnée et parcellisée, la condition incontournable de survie, de résolution des besoins de chaque individu sous une forme d’aliénation profonde et acceptée, et une personne éclatée correspondant à cette organisation du travail, des besoins, des désirs. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les couches moyennes des salariés des pays développés (1 milliard sur 6,7 milliards d’humains ?), soient incapables pour l'instant de se délier intelligemment, sainement, de l’anti-communisme, et à la classe ouvrière de ces pays de ne pas se replier sur une idée d’un marché-nation dans lequel elle a conquis les avancées sociales qu’on lui arrache.

 

4 Il y a une montée du mécontentement mondial qui tend à une jonction positive internationale tout en affirmant les diversités historiques des populations et en les affirmant.

La montée de la réflexion économique reflète cette montée en puissance du mouvement populaire mondial. Ce n’est pas par un opportunisme sur les arguments, les analyses, et les actions, que nous aiderons ce mouvement à se développer, pas plus qu’en nous repliant « entre nous » sur les « bonnes analyses » et les « bonnes actions ».

 

vovelle2.jpg5 Il est difficile de donner ce type d’argument sans sembler justifier ou pire soutenir des périodes historiques dramatiques. J’espère que ces réflexions ne suscitent pas, à mon corps défendant ce type de réaction, mais plutôt participe à l’approfondissement des critiques que nous adressons à l’histoire pour nous affranchir de nos erreurs, sans nous faire cependant l’illusion que la clairvoyance ne dépend que de notre volonté.

 

6 Tous les indicateurs, courbes et statistiques  de suraccumulation du capital, onde lentes et rapides, superposition et résonance de ces courbes, tendent à nous prévenir d’une explosion des contradictions de notre mode de production dans les très proches années. Plus que d’une condamnation des crimes qui ne sont plus d’actualité parce que plus dans les conditions de leur existence, nous avons besoin des leçons d’histoire, d’économie, d’anthropologie qu’ils nous ont paradoxalement données et qu’ils nous donnent encore, à condition de ne pas les isoler…de leurs conditions ou plutôt de ce que, dans la nécessité et l'aléatoire qui nous sont perceptibles, nous pouvons saisir aujourd’hui de ces conditions…

Et espérer de notre action plus que de notre indifférence, laquelle est celle (et reflet) du mode de production pour lequel ce qu'il produit importe peu pourvu que le profit privé croisse.

 

Pierre Assante, 1er octobre 2010

 

Sur le stalinisme et ses retombées sur les militants d'ici : René Merle, "la Communion des Saints"

http://www.rene-merle.com/article.php3?id_article=125&var_recherche=la+communion+des+saints

Deux réflexions de Simone Weil,

1 Sur la barbarie :

http://www.pierreassante.fr/dossier/WEIL_BARBARIE.pdf

ET

2 Citation de Simone Weil : "Pour éviter l'effet de répulsion, il faut prévoir l'épuisement des mobiles; il faut de période en période donner l'autorité de l'expression officielle à des mobiles nouveaux pour les mêmes actions, mobiles répondant à ce qui aura pu germer spontanément au secret des coeurs......Le mécanisme en question consiste en ceci, qu'une action, après avoir été menée avec effort pour des motifs extérieurs à elle-même, devient par elle même objet d'attachement. Il en résulte du bien ou du mal selon que l'action est par elle même bonne ou mauvaise....Si l'on tue des soldats allemands pour servir la france et qu'au bout d'un certain temps assassiner les êtres humains devienne un goût, il est clair que c'est un mal....Si l'on aide les ouvriers qui fuient l'envoi en allemagne pour servir la france, et qu'au bout d'un certain temps le secours aux malheureux devienne un goût, il est clair que c'est un bien.....Tous les cas ne sont pas aussi clairs, mais ils peuvent être
examinés de cette manière...La foi est plus réaliste que la politique réaliste. Qui n'en a pas la certitude n'a pas la foi...Mais pourquoi la
politique, qui décide du destin des peuples et a pour objet la justice, exigerait-elle une attention moindre que l'art et la science, qui ont pour
objet le beau et le vrai...L'inspiration est une tension des facultés de l'âme qui rend possible le degré d'attention indispensable à la composition
sur plans multiples...Celui qui n'est pas capable d'une telle attention en recevra un jour la capacité, s'il s'obstine avec humilité, persévérance et
patience, et s'il est poussé par un désir inaltérable et violent.

Simone Weil, "L'enracinement".

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