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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 07:04

!cid 4F04DF98-72DE-41BB-B047-A2258CC1F91B@BelkinTRAGEDIE en un ridicule petit tableau de

théatre

  Conversation entre Pierre et Paul

 

Paul : Mais aujourd’hui, pas toujours, mais surtout, il s’agit d’un impérialisme dominant et d’un impérialisme dominé; d’un impérialisme dominé surgi de ruines de constructions elles-mêmes issues de ruines. Mais les ruines sont aussi vie et témoignage de vie. Faut-il soutenir l’impérialisme dominé afin que l’impérialisme dominant ne s’établisse pas sans partage;  sans partage avec ses crimes voilés, issus de la misère qu’il étend, et ses crimes sans voiles contre lesquels l’impuissance se débat.

 

Pierre : Soutenir l’impérialisme dominé n’est-il pas insoutenable ?

 

Paul : Crois-tu qu’il n’y ait aucune ressource de développement d’issues à la barbarie dans les impérialismes dominant comme dans les impérialismes dominés, dans des lieux et des temps ?

 

Pierre : Mais là tout de suite, observer l’inobservable n’est-ce pas une neutralité hypocrite et coupable ?

 

Paul : Sans doute, mais quelle différence entre cette neutralité coupable et cette impuissance ?

 

Pierre : N’y a-t-il pas cette différence qui constitue à agir sur les effets pour dépasser les causes ? Là où les espaces existent pour le faire ?

 

Paul : Simone Weil a pratiqué quelquefois une relative neutralité par refus de l’insupportable, par refus d’être mêlée à une barbarie et puis est allée finalement en Espagne pour soutenir les républicains contre le franquisme. C’était une autre situation qu’aujourd’hui. Mais il y avait chez elle des refus des barbaries où qu’elles se manifestent qui s’opposaient l’un l’autre, dans, avec et contre cette autre nécessité de s’engager malgré les barbaries mutuelles.

 

Pierre : Sans doute il ne faut pas mettre sur le même plan impérialisme dominant et impérialisme dominé, pas plus que la barbarie dominée qui répond à la barbarie dominante et dans le sens de l’histoire tente de créer les conditions pour abolir la barbarie ?

 

Paul : Mais le terme « barbarie » n’est-il pas trompeur lorsque l’acte est commis en toute conscience et non par et dans le poids d’un développement passé qui s’exerce en inconscience ?

 

Pierre : Il y a quand même de l’humanité solidaire partout, des générosités limitées par et dans des lieux, des moments, y compris dans des institutions car il n’y a pas de frontières étanches dans les entités humaines pas plus que dans tout mouvement « naturel », de la nature dont nous faisons partie unie. N’est-ce pas seulement le lieu qui est important, bien qu’il le soit, mais ce qu’on y fait qui est essentiel ?

 

Paul : Mais cela n’est que paroles, il faut faire des choix ou mourir d’abandon de ou à la barbarie et de douleur comme Simone en Angleterre, engagée mais en réalité impuissante dans sa dérisoire enveloppe d’humanité généreuse.

 

Pierre : Mais pourquoi devrait-on soutenir des choix imposés par un impérialisme quel qu’il soit ou ses conséquences indirectes, ou simplement par une voie sans issue quand il y a des voies qui en ont, même si elles semblent reposer et repousser dans le temps les ripostes nécessaires alors qu’elles construisent vraiment le soutenable dans l’insoutenable et préparent l’avenir en le voyant ? "Quoi ce serait toujours par atroce marché un partage incessant que se font de la terre....?" *

   

Paul : Sais-tu ou non les moyens techniques, institutionnels, militaires, idéologiques dont l’impérialisme dominant dispose pour installer sans partage sur la planète les inégalités mortifères, les meurtres par abandon du corps des « pauvres » à l’impossibilité de survivre, l’abandon des communautés à l’impossibilité de solidarité, l’intégration-dissolution des solidarités dans la domination-division-dispersion des relations humaines et donc dans l’impossibilité de la poursuite du processus de l’espèce humaine ?

 

Pierre : Je le sais mais est-ce je le mesure vraiment ? Je sais le rôle et les lois du profit et du capital. Mais j’ai cette intuition ou cette illusion que la faiblesse est la force du mouvement humain, de son processus en santé, et de celui et ceux qui l’animent avec leurs propres négativités mêlées et combattantes internes d’elles-mêmes. Certainement cela passe par des choix et pas par des neutralités sous une couverture rassurante qui n’isole de rien.

 

Paul : Un choix est aussi un sentiment, mais pas que çà. Il est aussi un choix des armes, qui peuvent être des armes pacifiques, à condition de comprendre en quoi le processus humain consiste, les points sur lesquels agir pour mouvoir un ensemble dont la fonction première est de créer les ressource de subsistance quotidiennes et à long terme de  l’humanité, et de l’humain dans ses bases et son devenir. Dans ce qui fait de lui un processus de conscience de la nature sur elle-même, qui devient en soi le besoin premier s’appuyant sur les besoins initiaux de subsistance.

 

Pierre : C’est pour cela que Paul, pas toi, l’autre, parle de force de la faiblesse.

 

Paul : Mais il abandonne aussi souvent les inégalités, les souffrances aux conditions de leur temps.

 

Pierre : Nous ne sommes pas obligés de faire de même. Parce que le « temps court » dans le temps long auquel il croyait n’était pas si court que cela et que le « temps long » auquel nous croyons, et qui paradoxalement nous pousse à ne voir qu’un pas sans horizon sur un chemin contraint, n’est pas si long que ça. Et le contraire ?....

 

Paul : Paroles, paroles, naïveté coupable. Tu n’es qu’un enfant grandi qui prend tes désirs pour des réalités.

 

Pierre : Nous sommes faits d’enfants grandis, d’adultes immatures qui peuvent aussi être des ingénieurs de la sociologie et des artistes sentimentaux de la science dure. Parce nous sommes une espèce pensante constituée d’individus placés dans des situations individuelles et dans une situation d’imbrication générale. Des naïvetés ont nourri des efficacités et vice versa. « Ne pas se croire auteur de ses propres œuvres » et « Je est un autre » disait Rimbaud.

 

Paul : Mais tu ne peux pas te dissoudre dans une mixture générale, tu dois te déterminer dans ton moment, ton lieu personnels, sinon si tu n’es pas un « toi », tu ne peux être personne.

 

Pierre : Oui, et c’est bien notre contradiction, celle justement qui nous met en mouvement et sans laquelle il n’y a aucune personne humaine. «…Mais, deuxièmement, l'histoire se fait de telle façon que le résultat final se dégage toujours des conflits d'un grand nombre de volontés individuelles, dont chacune à son tour est faite telle qu'elle est par une foule de conditions particulières d'existence…. » disait Engels. 

 

Paul : Mais aussi « …Mais de ce que les diverses volontés – dont chacune veut ce à quoi la poussent sa constitution physique et les circonstances extérieures, économiques en dernière instance (ou ses propres circonstances personnelles ou les circonstances sociales générales) – n'arrivent pas à ce qu'elles veulent, mais se fondent en une moyenne générale, en une résultante commune, on n'a pas le droit de conclure qu'elles sont égales à zéro… ».

 

Pierre : Je crois que modifier les conditions de l’échange pour le rendre vivable et généreux par conséquent, est essentiel, sinon nous ne pouvons soutenir que des jacqueries et des causes atroces et perdues d’avance, nous y dissoudre en nous éloignant de la construction de l’échange vivable. Je tai apporté ce livre de Denis Durand sur l’utilisation du crédit ici et dans le monde pour aller vers un autre type d’échange du travail qui à terme l’abolisse en tant qu’activité contrainte et dominée. A creuser…. ! Mais n'y a-t-il pas aussi à creuser cette histoire de "courant chaud" et "courant froid" du marxisme dont parle Ernst Bloch ?

 

 

*….Quoi toujours ce serait par atroce marché

Un partage incessant que se font de la terre

Entre eux ces assassins que craignent les panthères

Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

 

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche….

 

Poème de Louis ARAGON

Mis en musique par Jean FERRAT

http://www.pierreassante.fr/dossier/GROSSE_TRAGEDIE_en_un_ridicule_petit_tableau.pdf 

 

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Pierre Assante, 5 février 2012

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