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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 08:43

Le fascisme, c’est un capitalisme qui ne se contente plus des libertés que le libéralisme lui donne

 

 

Copie de 000 1493Il ne suffit pas de se déclarer antifasciste. Comme pour le racisme, le machisme, etc., il faut savoir ce que c’est. Par exemple se déclarer non macho et ne pas partager les tâches ménagères, sauf cas rare d’extrême impossibilité, est une déclaration d’anti-machisme de pure forme. De même se déclarer anti-fasciste et s’accommoder de l’emprise du capital dans tous les domaines de la vie, c’est être le voleur qui crie au voleur, le criminel qui accuse la victime. Dans cette réalité le rapport des « couches moyennes» aux «subalternes », les oppositions entre dominés résultant de la division du travail, c’est fondamental.

 

Jouer avec le mot fascisme c’est jouer avec le feu. Alerter d’un danger doit être à la fois un cri et une mesure à ne pas dépasser sous peine de l’effet inverse à celui recherché.

 

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Le fascisme, c’est un capitalisme qui ne se contente plus des libertés que le libéralisme lui donne. Qui ainsi tord ses propres lois économiques et institutionnelles. Chacun peut connaître, s’il le veut bien, les tractations qui ont eu lieu entre les N.A.Z.I. et le patronat allemand pour permettre l’accession d’Hitler au pouvoir, et sans lesquelles il n’y serait pas parvenu. Tordre ses propres lois économiques et institutionnelles c’est une pente et un processus qui peut devenir incontrôlable et peut s’accentuer rapidement d’une façon vertigineuse. Le Second Empire est un coup d’État qui survient dans une phase ascendante de l’accumulation capitaliste qui n’est pas encore dans une phase de crise aigue de suraccumulation et de dévalorisation du capital. Le coup d’État actuel utilise des formes qui évoquent ce coup d’État. Mais il a lieu dans une réorganisation non d’un marché national en processus avancé de mondialisation (celui de Napoléon III), mais d’un marché mondial en phase terminale et en crise aigue de suraccumulation et de dévalorisation du capital.

 

Le fascisme, en tant que « variété » de mode de production (un sous-mode du capitalisme) dans le mode de production capitaliste et ses institutions, a des formes historiques diverses. Elles n’ont pas été les mêmes en Allemagne, en Italie ou en Argentine, etc..

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Copie de 20100825 003L’outil de la privation des libertés, prison, torture, camps, sont les outils historiques du fascisme. Le libéralisme qui a besoin de se dépasser ne se contente pas de rompre ses propres règles, il en crée de nouvelles qui vont s’opposer par le volontarisme à sa propre réalité. Le nazisme a régné 12 ans. C’était le temps nécessaire à la vie de cette forme de réponse du capitalisme à sa crise, et aux destructions nécessaires à ce type de réponse. Ç’aurait pu se passer de façonS différentes. Rien n’est pré-déterminé. Nécessité et liberté sont contenues l’une dans l’autre, ne sont pas des abstraction, mais des processus. Mais l’entrée en guerre du capital contre de nazisme, même si elle comporte aussi des éléments humains de solidarité et d’initiative populaire, comme dans tout évènement humain, a été déterminée en dernière instance par les besoins propres du capital. Lequel se serait bien accommodé dans cette affaire de la destruction cette forme pervertie d’opposition à sa domination que constituait le pouvoir stalinien. Lequel pouvoir stalinien d’une façon ambiguë et contradictoire comportait aussi une construction économique tendant à soutenir un mouvement social de remplacement de la mesure de la valeur des marchandises par la mesure des besoins. En tant qu’héritier dévoyé et criminel du mouvement « d’abolition de l’état des choses existant ». Mouvement qui pouvait se poursuivre non

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par l’effondrement de l’Union Soviétique, mais par sa démocratisation, n’en déplaise aux « croyants » de son impossibilité. Possibilité découlant de ses origines de départ, origines saines. Origines scientifiques et humanistes, humanistes et scientifiques.

 

Ainsi, l’outil de la privation des liberté, prison, torture, camps, outils historiques du fascisme n’est indispensable qu’en tant qu’outil historique à ce type de domination dans ces conditions historiques. Ces outils historiques peuvent être substitués par d’autres outils historiques, et cela dépend essentiellement du degré historique de développement technique du capital. Et la privation de liberté peut ainsi prendre d’autres formes qui permettent au capital de créer les conditions économiques propre au fascisme, c'est-à-dire les conditions d’un capitalisme qui ne se contente plus des libertés que le libéralisme lui donne. Qui ainsi tord ses propres lois économiques et institutionnelles.

 

Les techniques d’étouffement des initiatives populaires sont arrivées aujourd’hui à un degré de perfectionnement inouï. D’autres ont développé la description de ces techniques, je ne le ferai pas ici.

L’opposition à « l’esprit d’entreprise » ne peut plus, en ce moment, s’exprimer que par une ghettoïsation de l’opposition soit dans des formes minoritaires de

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l’opposition claire, scientifique, au capital, (à l’opposé d’un « programme de Gotha » ressuscitant sans cesse) soit dans cette une « ghettoïsation majoritaire » encore plus significative de la crise, consistant à un retrait massif de la politique et une résignation aussi massive des populations qui s’expriment par le NON. Phénomène contraire à la tradition issue de la révolution française.

 

Ainsi vouloir répondre par le rassemblement de la gauche de la gauche et non par une vague de fond de toutes les forces populaires, avec, mais aussi au-delà des appareils, est absurde. Et une vague de fond ne peut se construire que par une réponse au capital, c'est-à-dire non par un sentiment empirique de ses effets, mais en exprimant en quoi et par quoi la crise est insoluble sans une transformation qualitative de l’organisation du travail, de la production, des institutions devant les coordonner. De la cohérence du travail au niveau de la personne et au niveau de la cohérence globale du travail, en rapport dialectique. (1)

 

Ceci est le rôle d’un parti communiste, non en opposition avec les autres forces allant dans le sens de la construction de cette vague de fond, mais en complémentarité, avec son rôle spécifique

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indispensable. Ceci n’est pas une vision étroite « d’avant-garde » qui dirige les autres. C’est la vision de la transmission par les éléments les plus avancés de la société qui se regroupent pour assurer moyens et cohérence à cette expression. Ainsi recourir aux « fondamentaux » et les développer est essentiel, sans quoi rassembler les éléments les plus avancés ne serait qu’une formule.

 

Le libéralisme a besoin de se dépasser et tente de se dépasser, mais son dépassement n’est possible que dans un autre mode de production, ce que ses représentants et gestionnaires ignorent et que le salariat doit savoir.

 

Pierrot Assante, 8 août 2008,

http://alternativeforge.net/spip.php?auteur362

 

 

8Août10 001Note du 4 juillet 2008

(1)L'histoire de l'humanité a vraiment commencé il y a 1,5 millions d'années avec l'homo habilis qui produit pour la première fois un outil : le galet aménagé.

 

Les prémisses de l'agriculture qui apparaissent il y a 12000 ans environ terminent le premier cycle essentiel d'un vivant qui utilise la nature "telle quelle" et un

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vivant qui transforme la nature pour assurer son existence.

 

Le vivant subit et pratique la domination. La contradiction entre la survie d'une espèce et celle de l'individu dans l'espèce, et la contradiction entre espèces, est une contradiction motrice essentielle de la survie du vivant.

 

Mais la domination de classe est une loi "naturalo-sociale" et non une loi simplement "naturelle". Elle apparaît avec la capacité humaine de produire un surproduit, c'est à dire plus que l'individu n’a besoin pour survivre d'une façon élémentaire, et donc avec la possibilité d'accumuler.

 

L'histoire de l'humanité est l'histoire de son travail. Et l'histoire des classes sociales est l'histoire de l'accaparement par les classes dominantes au détriment des classes du travail.

 

Pour qu'il y ait transformation des modes de domination, il faut que les lois-tendances qui déterminent le travail dominé à un moment historique, entrent en contradiction avec l'organisation du travail au point de le stériliser et de menacer la survie globale du couple dominants-possédants/producteurs dans son

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ensemble. C’est cette contradiction mortelle que produisent les lois de cette phase ultime de l’accaparation qu’est le mode de production capitaliste. Pour que cette affirmation ne reste pas empirique Marx et ses successeurs ont étudié quantitativement la production, les échanges, en Angleterre puis dans le monde et en ont tiré les tendances qui les régissaient et continuent de nous régir, malgré les transformations quantitatives qui se sont produites depuis le XIX° siècle. Il ne s’agit pas là chez Marx de « déterminisme » mais d’action par la connaissance approfondie du couple liberté-nécessité comme processus.

 

La prise de pouvoir de la bourgeoisie au détriment des féodaux montre qu'une classe dominante se substitue à une autre lorsqu'elle a acquis les capacités de gérer l'ensemble social, économiquement, politiquement, culturellement. Tout ceci n'est pas séparé et forme une unité de "fonctionnement".

 

Il est des fois où une classe dominante en faillite ne trouve pas face à elle une classe suffisamment organisée pour se substituer à elle. C'est le cas à la fin de l'Empire romain (lire le livre V de "De gubernatione Dei" de Salvien ecrit vers 430, quelque

 

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30 années avant la chute de l’Empire Romain). Ce peut être le cas à la fin de l'empire du capital.

 

La force qui a les capacités virtuelles de se substituer à la classe capitaliste c'est le salariat. Encore faut-il qu'il ait acquis pratiquement les aptitudes à le faire.

 

La dictature du prolétariat, chez Marx, ce n'est pas la dictature à la Staline, mais l’orientation donnée par le salariat à toute la société, à l’opposé de la dictature de la bourgeoisie, ses guerres et ses misères, pour qu'il substitue à la domination de classe une domination du travail, non de l'ordre de la répression mais de l'ordre de l'organisation de la production, dans l'atelier, le bureau, le commerce, le champ, dans une recherche de cohérence globale. Cela suppose un rapport de force qui se traduise aussi dans le mouvement de pensée, élément de l’unité du mouvement humain dans son ensemble. Ensuite il ne faut pas imaginer une organisation artisanale du travail qui est notre vision courante et populaire de l’atelier, du champ etc, mais celle que permettent les techniques développées par le capitalisme dans la grande production (manufactures, industrialisation mécanique, industrialisation informatisée..) et  des techniques qui pourraient se développer et s’appliquer massivement si la

 

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suraccumulation capitaliste n’entrait pas en contradiction avec leur développement.

 

Le centralisme démocratique de Lénine, ce n’est pas la dictature militaire et policière de Staline, c'est les capacités « matérielles » de donner au salariat une cohérence à son mouvement de libération.

 

La différence entre la révolution bourgeoise et la révolution prolétarienne, c'est qu'en se substituant à une classe dominante elle crée les conditions de la disparition des dominations de classe. C'est ce que Marx appelle l'extinction de l'Etat et l'apparition d'une administration commune, d'une démocratie généralisée à toute la société.

 

La condition de cette troisième transformation fondamentale dans l'histoire de l'humanité, après le premier outil et la première production par la transformation de la nature, est l'organisation de la production des richesses dans des conditions où la richesse individuelle n'entre pas en contradiction avec la richesse commune, c'est à dire que l'usage se substitue à la propriété. C’est bien l’affaire de générations et non d’un grand soir. Mais il y a des étapes et des obstacles à franchir, évidemment, et c’est ce qui fait tout l’intérêt de la vie humaine.

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La révolution informationnelle, l'explosion inégalée des capacités productives qu'elle contient en puissance, globalisée, démocratisée, offre au salariat cette possibilité de la production et de l'usage des richesses dans ces conditions.

 

Elle offre dans le même temps à l'humanité de devenir la "conscience de la nature sur elle-même", en mouvement avec un mouvement sain sur et de la nature, c'est à dire la garantie la plus grande de son existence, de son processus, imprévisible dans sa globalité mais saisissable dans son quotidien, et dans son « principe espérance ».

 

Ainsi la question de l'organisation du travail, de sa cohérence au niveau de l'individu comme de l'ensemble productif est le coeur de la transformation sociale. C'est sur cette question des capacités de l'organisation du travail par le salariat que se jouent ses capacités de transformation sociale, et par la même des possibilités de la transformation du travail en libre activité.

 

La grande production automatisée ne peut exister dans le mode de production capitaliste que comme prémisses du mode de production communiste. Pour exister elle doit concentrer les profits mondialisés du travail de main d’œuvre.

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La masse de la production permet l’augmentation globale des profits mais la baisse tendancielle du taux de profit est la contradiction insurmontable de la mondialisation capitaliste.

De même l’État en voie de mondialisation, dont la partie visible se concrétise dans  les institutions internationales économiques et juridiques, ne peut exister dans le mode de production capitaliste que comme prémisses mutilés d’une cohérence mondiale du travail, de la démocratie généralisée, de la suppression de l’État lui-même.

Cet Etat « mondialisé » et l’automatisation d’une partie de la grande production ont pour condition le drainage des capitaux par le premier et son accaparement à titre privé dans la financiarisation sans laquelle aucun profit ne peut se réaliser par la production.

La mondialisation du capital de type « féodal » est l’antichambre du communisme.

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