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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 07:58

2012 02 25Publié la première fois sur ce blog le 3 juin 2013


Il ne s’agit pas de « parler au cœur » ou de « parler à la raison ».

Il s’agit d’avoir une vision complexe de l’activité humaine,

dans son unité.

Faire éclater l’unité de cette vision, au prétexte d’être simple, non abstrait, c’est se rendre incompréhensible dans les choses « simples » à aborder dans le débat politique, dans le débat économique, dans le débat « culturel ». Il ne s’agit pas d’être « compliqué ».

 

L’abstraction, la conceptualisation, c’est une plante que nous avons beaucoup laissé dépérir dans le jardin militant de la l’ingénierie collective de la transformation sociale, du mouvement nécessaire de la société. Sous prétexte que « c’est compliqué ».

 

Produire ce dont il a besoin pour vivre est la tâche première de l’individu humain dans l’espèce humaine. Et produire à long terme, c'est-à-dire dans des conditions qui permettent sa reproduction élargie. La qualité de sa production est donc une question essentielle. Et par conséquent la conscience, l’aller-retour de son observation de sa propre production pour la modifier, la développer est l’élément premier du développement de la production et de la conscience de la production.

 

Je soulignais dans un précédent article les capacités hors du commun de Marx de développer une vision du mouvement de la société où tous les mouvements sont pris à la fois dans leur particularité et dans leur ensemble.

 

Les humains entrent en rapport pour produire ce dont ils ont besoin pour vivre. Dans ce rapport, le temps de développement de la production et le temps de développement de la conscience ne sont pas des temps séparés. C’est l’organisation du temps de travail dans la production marchande qui tend à les séparer.

 

Dans l’entrée en rapport de production des humains, le politique est évidemment essentiel. Mais comme pour l’économique, dans son mouvement particulier, le mouvement politique-économique n’est pas séparable. C’est une abstraction et une conceptualisation, c'est-à-dire un travail de recherche et de conscience qui peut permettre une vision des mouvements extrêmement complexes des échanges de marchandises, donc de capital, et de la relation extrêmement complexe aussi entre économie et politique, et de leur « non séparabilité », le fonctionnement UN des mouvements particuliers.

 

Et si Marx termine sa première introduction à la critique de l’économie politique par des considérations sur la création artistique, sa diffusion dans la société à travers les âges, ce n’est pas pour ajouter une fioriture à son texte et une distraction à son analyse. C’est parce qu’économique, politique et représentation humaine de l’activité humaine sont intriquées, que les mouvements entre économie, politique et symbolique, s’ils connaissent des inégalités de développement entre eux, entre individus, entre groupes humains, ne sont pas pour cela « séparés », mais « fonctionnent » en mouvements intriqués, en un même mouvement.

 

La représentation humaine de l’activité humaine, le symbolique, l’artistique, l’imaginaire « utilitaire » comme l’imaginaire « distractif » n’ont pas à être hiérarchisés ni morcelés. Une fois de plus c’est l’échange marchand qui tend à le faire.

 

Et c’est ce que tous nous faisons dans notre propre intrication dans la société marchande, dans l’échange marchand. Dans l’échange marchand parvenu à son plus haut degré de développement.

 

L’échange « Argent-Marchandise-Plus d’argent », l’échange capitaliste, la circulation des objets et des idées, basée sur ce système social, les militants de la transformation sociale, comme tout citoyen du système capitaliste parvenu à une mondialisation presque accomplie, en sont imprégnés. Ils procèdent ainsi, de fait, à cette dichotomisation de l’économie, du politique, de la « représentation » ou du « symbolique », et de la conscience de leur mouvements « séparés » et donc mutilent la conscience, son processus comme est mutilée la production dite matérielle et sa qualité. Un handicap majeur dans l’activité des individus constituant un parti et d’un parti de « transformation » lui-même est cette dichotomie.

 

Il ne s’agit pas de « parler au cœur » ou de « parler à la raison ». Il s’agit d’avoir une vision complexe de l’activité humaine, dans son unité. Faire éclater l’unité de cette vision, au prétexte d’être simple, non abstrait, c’est se rendre incompréhensible dans les choses « simples » à aborder dans le débat politique, dans le débat économique, dans le débat « culturel ». Il ne s’agit pas d’être « compliqué ».

 

Il s’agit, dans une intervention simple, d’avoir en conscience le lien entre activité « matérielle », « idéelle », représentation « abstraite », leur unité, sans quoi l’abord des choses les plus « simples » devient  le plus faux qu’il soit, un casse tête confus, incompatible avec ce que l’on veut décrire pour agir, au quotidien, comme dans la longue durée.

 

Cette dichotomie, c’est celle de l’idéalisme philosophique qui sépare « matériel » et « idéel », corps et âme, alors que tout est matériel, c'est-à-dire que tout est mouvement de la nature. Et que la vision « matérialiste » nécessaire, qui est celle d’un communisme non « vulgaire », mais qui part des mouvements en processus, est bien plus « spirituelle » qu’une vision qui hiérarchise les activités humaines et fait de l’homme tantôt un animal sans conscience, tantôt un pur esprit séparé de toute contingence à partager avec ses semblables.

 

Dans le passage cité dans un précédent article de « mon » blog, Marx montre ET la complexité du mouvement de la marchandise et du capital, sang de l’échange dans l’échange en mondialisation, ET son unité dans les allers-retours de transformation du capital dans ses diverses formes, ses métamorphoses, marchandise, travail, achat, vente, valeur, usage, capital fixe et capital variable, surtravail…..

 

Ce qui lui permet de voir l’état du moment de la mesure de la valeur, de l’usage de la mesure du temps de travail dans l’échange capitaliste et de son devenir-dépassement dans une société communiste où un développement impétueux des forces productives dans le système capitaliste peut déboucher sur un échange en fonction des besoins et non de l’accumulation du capital pour elle-même. Et un échange en fonction de l’outil premier de l’échange HUMAIN : la conscience, le savoir en acte.

 

Marx dégage dans le même mouvement de conscience du présent, du passé et des futurs possibles, de leurs « constructions » possibles, l’acte conscient à accomplir, les choix à déterminer au jour le jour et dans la durée.

 

De la suraccumulation-dévalorisation, de la baisse tendancielle du taux de profit du capital, Marx ne fait pas un phénomène physico-chimique déterminant automatiquement la chute du système et son « remplacement », ce que le marxisme « institutionnel » ou « vulgaire » a fait, l’un épaulant l’autre dans des conditions historiques de sous-développement « économico-culturel ». Mais il en étudie de développement possible et les conséquences possibles sur les choix humains et le processus à venir (*).

 

Une, deux, (trois ?) générations de « militants politiques » ont fait de l’abstraction un supplément d’âme à régénérer ou à sortir du placard en fonction des besoins et des « possibilités ». Il n’est pas question de responsabiliser grossièrement nos comportements, mais d’en voir les raisons historiques, pour avancer dans l’histoire et non s’en rendre impuissants, ce qui se produit quelquefois et en partie dans les regrets pathogènes et autocritiques limitées à un moralisme étroit à sens unique et sans vision scientifique.

 

A nouveau frémit le temps de la reconstruction d’une conscience « globale » s’appuyant sur l’expérience de la crise en explosion rapide et violente, sur les avancées scientifiques et techniques accomplies depuis Marx, qui ne le rendent pas obsolète, mais le complètent dans sa démarche unitaire de transformation et surtout ouvrent la voie à une autre façon de produire, à une démocratie du producteur, du « que et comment produire ». Partant de la protestation sociale pour arriver l’inclure dans le processus de conscience de la nature sur elle-même que constitue l’humanité et son développement.

 

Pour finir comme j’ai commencé, l’abstraction, la conceptualisation, c’est une plante qu’il faut cultiver sans quoi, si le champ devient désert, c’est toute la vie qui meurt, faute de nourriture pour la pensée comme pour le ventre. Nous n’en sommes pas là. Mais les contraintes imposées au travail et à la pensée par le capital, en sont la cause ainsi que l’insuffisance de nos efforts en ce domaine qui en sont la conséquence, mais pas seulement, car comme dit Marx, il y a autonomie relative de la pensée (j’ajoute aussi des sentiments) par rapport aux conditions matérielles qui les ont fait maître. Autonomie relative de tout mouvement de la nature et en même temps mouvement général de la nature. Ce que nous en connaissons.

 

 

Pierre Assante, Lundi 3 juin 2013

 

(*)« Dès que le travail humain, dans sa forme simple, a cessé d’être la grande raison de la richesse, alors le temps de travail cesse et doit cesser d’être la mesure de la richesse…..Le surtravail de la masse a cessé d’être la condition du développement de la richesse sociale. Le mode de production qui se base sur la valeur d’échange s’écroule. »

Extrait de Marx, "Grundrisse", publié sous la responsabilité de Jean-Pierre Lefebvre, Editions Sociales 2011, page 661 et suite. Cité dans Henri Lefebvre, "Métaphilosophie" (1964), page 173, Syllepse 2000.

 

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