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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 22:05

Copie de 2011 10 15ENCORE SUR LA MESURE DE LA QUANTITE DE VALEUR, LA CRISE, ET LA TRANSFORMATION SOCIALE.

 

"La métamorphose du travail 4", Emigrazione notizie, page 142, Pierre Assante, le 6 août 2008 (voir note 1) 

 

Pour comprendre la situation politique il faut comprendre aussi la situation du capital. C’est ce que j’essaie de faire en y venant et y revenant, et m’excusant de taper sur ce clou si fréquemment. LA MESURE DE LA QUANTITE DE VALEUR est au cœur de la transformation sociale.

 

La plupart des interventions préparatoires au congrès portent sur les derniers développements politiques et sociaux en France. Elles se réfèrent aussi souvent de l’état économique et social du monde pour le mettre en parallèle à l’état politique de la France (les « difficultés italiennes » sont d’ailleurs très éclairantes pour la situation politique générale). C’est nécessaire et utile. Poursuivre l’analyse du capital est aussi nécessaire et utile.

 

Revenons-en au capital. Comme l’adulte hérite de son enfance, le capital a hérité de son développement originel, et la production de nos subsistances d’aujourd’hui qui fait appel à des techniques nouvelles, reste le corps de cet enfant-capital et non un corps d’une « espèce nouvelle ». Le capital poursuit son processus jusqu’à ce qu’il y ait pourrissement-transformation-naissance d’un nouveau mode de production. Ce nouveau mode de production est en gestation dans le processus de notre mode de production actuel.

 

Reprenons les exposés précédents, en résumé : Pour produire et échanger la production, assurer les subsistances dans un système marchand, il a fallu une mesure quantitative de la valeur des marchandises. Ne reprenons pas ici l’histoire des échanges et leur transformation jusqu’au capitalisme et jusqu’à la forme actuelle du capitalisme, avec les techniques informationnelles en rapport dialectique avec la généralisation de la mondialisation.

 

La « dissolution » de la mesure de la valeur marchande à travers les multiples distorsions qu’elle subit n’est pas une infirmation des lois tendances du capital, du concept et de la réalité de Temps de Travail Moyen Socialement Nécessaire à la production d’une marchandise (TTSN), qui ne peut pas en système capitaliste, celui où nous sommes, ne pas entrer dans la mesure de la valeur, ni une infirmation de la baisse tendancielle du taux de profit, de la suraccumulation et dévalorisation du capital. Voir http://alternativeforge.net/spip.php?article1304 : « Formation de la valeur marchande (valeur d’échange). Mesure de la quantité de valeur, mesure quantitative de la valeur.Mesure quantitative et transformation de la qualité de l’échange. Et le débat sur la situation politique et les remèdes à lui apporter. P.A., 27/O7 08 »

 

La distorsion de la valeur marchande (valeur marchande telle que définie par les tendances formulées par Marx) est l’indication de la crise systémique dans les bases profondes, vitales, du capital, l’indication de la nécessité de changer de mesure. C'est-à-dire qu’on ne peut résoudre cette contradiction de la mesure quantitative de la valeur que par et dans une autre mesure quantitative, dans une transformation qualitative de la mesure des échanges, les besoins et non le profit (rappel du mode de production et d’échange actuel : Argent, Marchandise, Plus d’argent, A-M-A’).

 

Cette transformation qualitative ce n’est pas la transposition dans un autre contexte de la mesure actuelle de la quantité, mesure de la valeur de la marchandise. Cela ne serait pas une transformation qualitative mais un décalque figé de l’histoire. C’est bien là la difficulté de dénormaliser et renormaliser avec et dans la « réalité matérielle et morale » opération sans laquelle il n’y a pas transformation mais fossilisation et mort d’un système et de tout ce qu’il contient.

 

Les couches dominantes sont incapables de cette dénormalisation renormalisation en mouvement parce que dans leur « fonctionnement » elles considèrent l’humain et les pratiques du moment comme un phénomène d’ordre « physique naturel ». Elles confondent science et idéologie. Leurs intérêts sont liés à cette conception et cette confusion. Elles nient la lutte de classe. Le « monde du travail », « l’homme producteur », le salariat, conserve donc toute sa responsabilité de libérer la société en se libérant.

 

Cette « dissolution » de la mesure quantitative de la valeur d’échange où le temps de travail est et n’est pas l’unité de mesure, confirme « l’aufhebung » hégélien et marxiste, le « dépassement » du capitalisme décrit par Lénine dans « Impérialisme, stade suprême du capitalisme ».

 

Engels nous rappelle que : « La conception matérialiste de l'histoire part de la thèse que la production, et après la production, l'échange de ses produits, constitue le fondement de tout régime social, que dans toute société qui apparaît dans l'histoire, la répartition des produits, et, avec elle, l'articulation sociale en classes ou en ordres se règle sur ce qui est produit et sur la façon dont cela est produit ainsi que sur la façon dont on échange les choses produites. En conséquence, ce n'est pas dans la tête des hommes, dans leur compréhension croissante de la vérité et de la justice éternelles, mais dans les modifications du mode de production et d'échange qu'il faut chercher les causes dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements politiques; il faut les chercher non dans la philosophie, mais dans l'économie de l'époque intéressée. Si l'on s'éveille à la compréhension que les institutions sociales existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le bienfait fléau, ce n'est là qu'un indice qu'il s'est opéré en secret dans les méthodes de production et les formes d'échange des transformations avec lesquelles ne cadre plus le régime social adapté à des conditions économiques plus anciennes. Cela signifie, en même temps, que les moyens d'éliminer les anomalies découvertes existent forcément, eux aussi, - à l'état plus ou moins développé, - dans les rapports de production modifiés. Il faut donc non pas inventer ces moyens dans son cerveau, mais les découvrir à l'aide de son cerveau dans les faits matériels de production qui sont là. Quelle est en conséquence la position du socialisme moderne ?....... »

 

Nous sommes dans cette phase ultime du capitalisme. Dans la forme ultime de cette phase qui passe par le CME (capitalisme monopoliste d’Etat) puis dans laquelle l’Etat se mondialisme, entre en phase de dépassement, est et n’est plus national, se renforce et se dissout à la fois.

 

Mais malgré cette phase « finale », le capitalisme détient les moyens techniques, militaires, idéologiques de répression de toute velléité de construction consciente et collective sociale. Rappelons-nous ces évènements oubliés du massacre des communistes du Soudan ou d’Indonésie, des leaders de la décolonisation comme Lumumba qui refusaient la transformation de l’indépendance en dépendance économique nouvelle et tant d’autres exemples. « Tout changer pour que rien ne change ». Cette situation de blocage relatif nous a amenés à renforcer nos propres blocages : et c’est en ça que nous devons repenser au programme de Gotha. La plupart de nos interventions, posent des questions justes, font des propositions judicieuses, mais tombent dans le même travers : l’expérience partielle des uns et des autres et une absence de synthèse découlant de connaissances partielles, limitées, des lois de notre société. Cela peut faire un bilan sur le parti, sur la société, mais pas un programme de transformation.

 

Dans une situation d’ordre « militaire » imposée par le capital, le « faible » ne peut gagner par « la force ». Sa force ne peut que se situer prioritairement dans la bataille idéologique, même si là aussi, la « force » du capital s’exerce sur les médias. C’est l’utilisation de la démocratie limitée nécessaire au marché, au capitalisme qui est l’interstice dans laquelle l’action de transformation peut s’exercer.

 

Notre presse reste encore notre réponse essentielle à notre besoin et d’information et de débat et de décision d’action dans tous les domaines qui font l’unité de l’activité du corps-soi social, travail, institutions, activités « symboliques ». Elle est cette réponse essentielle parce qu’elle peut centraliser démocratiquement les éléments essentiels d’information et de débat et de décision. Parce qu’elle est un lieu de construction de cohérence et de proposition.

 

A condition qu’elle le reste et renforce cette orientation fortement menacée : une agitation désordonnée n’est pas un mouvement. Un mouvement est donné par une orientation, au sens premier, physique du terme, qui dans le cas humain est bien sûr un mouvement de pensée, inséparable, en unité organique du mouvement de la vie humaine. Cela ne veut pas dire que le mouvement doit être « unique, composé d'une seule force », mais que la composante des forces infinies et infiniment diverses aboutisse à un choix de mouvement qui préserve la vie de l’espèce dans et avec son environnement naturel. La santé du corps social dépend de la santé de son activité qui est faite d’une « orientation » constituée d’une multitude « d’orientationS ».

 

Le capital aura réussi son blocage mortel de la société s’il réussit à maîtriser totalement toute autre forme d’expression que la sienne.

« Que faire ? », « un journal ! » disait Lénine. Dans l’atroce affrontement de la lutte de classe, la forme extrême qu’il a prise dans le conflit « Hitler-Staline », et dans laquelle les communistes ont été décimés encore plus fortement et mondialement que dans les évènement de « La commune de Paris », le marxisme n’est en rien la matrice des crimes, des violences et des répressions extrêmes. Il en est même le remède, dans cette maladie de la société qu’est le capitalisme agonisant. Se priver du remède serait dramatique pour la survie de l’espèce et son plaisir de vivre.

Dans une société divisée en classes sociales dont les intérêts sont opposés, il y a une idéologie attachée à chacune de ces classes et opposée à l’autre, entre elles. L’idéologie de la bourgeoisie, celle des pouvoirs et de la gestion des groupes financiers et industriels et l’idéologie des salariés, ne sont solubles l’une dans l’autre qu’au profit de la première et cette solution a pour conséquence le blocage de la société, relatif ou absolu. Pour qu’il y ait lutte idéologique, il faut définir l’idéologie de l’adversaire et (re)construire la notre. Une classe sans idéologie est une classe soumise. Soyons prêts pour répondre à l’aggravation de la crise et ses effets. Ce n’est pas la souhaiter mais tenir compte d’une probable éventualité. Dans une société sans classe, il n’y aura plus d’idéologie, mais des sciences et une science en mouvement. Ni plus de salariat, mais un libre échange de l’activité humaine et l’humain sera la conscience de la nature sur elle-même.

 

Dès les manuscrits de 1844, Marx souligne les effets de la dépossession de l’homme de son œuvre par le capital. La crise générale de l’économique aujourd’hui à son comble est « doublée » d’une crise morale sans précédent. La transmission générationnelle des savoirs et des comportements est en crise parce que les décisions échappent au monde du travail. Le capital prive l’humanité, la personne et le travailleur du choix de « que produire et comment produire », le travail est privé du « bout de ses actes ». C’est un droit à reconquérir. Dans le livre I du capital Marx décrit comment l’industrialisation capitaliste conquiert sa puissance de production : libération du travail de la « force biologique », de « l’adresse de l’artisan », de « l’initiative de l’opérateur exécutant », avec ce que cela induit dans l’explosion des forces productive mais aussi de l’aliénation de l’homme producteur. Evidemment il ne s’agit pas de retourner à l’artisanat pour la grande production sous prétexte de retrouver le bout de ses actes dans son travail. La libération du travail par le communisme, l’activité libre pourvoira au besoin humain de création élargie. On ne peut penser transformation sociale sans penser TRAVAIL. Lorsqu’on veut PARLER TRAVAIL, PENSER TRAVAIL, on ne peut pas ne pas avoir en arrière-plan les notions élémentaires d’évolution de l’activité humaine, de l’HOMO HABILIS à L’INDUSTRIALISATION (en passant par l’invention de l’agriculture) sous la forme actuelle du capitalisme, informationnel, mondialisé. On ne peut pas ne pas faire le lien entre le travail, l’outil, les techniques et les « formes de pensée » induites. Cet arrière plan permettant d’entrer dans l’étude micro et macro du travail ne peut non plus contourner la question de la production, de la distribution, de la consommation, c'est-à-dire la production en tant qu’échange et ses diverses formes vécues et possibles.

 

Pierre Assante, le 6 août 2008. http://alternativeforge.net/spip.php?auteur362

 

(1) "La métamorphose du travail 4" , Emigrazione notizie, page 142, Pierre Assante, le 6 août 2008)

 

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