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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 10:10

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Il faut que contestation et remèdes À LA CRISE soient portés par une conviction qui habite puissamment la masse d’une population et remplace la conviction passèe obsolète

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DE SALVIEN À AUJOURD’HUI.

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Aujourd'hui : le besoin de transformation-dépassement du capitalisme dominant, le capitalisme mondialisé, informationnellement numérisé et hyperlibéralisé.

 

LE RAPPORT ENTRE POLITIQUE ET CROYANCE. L'IDÉE DU SAUVEUR. Une société ou la personne ne peut vivre de son travail et de sa production, est une société condamnée au déclin et à la chute, et que cela se manifeste par le déclin moral.

Les tentatives marginales de commerce alternatif numérique, mondialisé ou local (Economie contributive, participative, monnaies alternatives... etc.) finalement dépendantes ou carrément récupérées puis utilisées massivement par le capitalisme dominant contiennent et l’illusion d’échapper à ce capitalisme dominant, et le besoin sain d’une transformation-dépassement du capitalisme et sa forme hyperlibérale.

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Salvien de Marseille (Vers 440), prévenait de la chute de l’Empire Romain, et soulignait qu’une société ou la personne ne peut vivre de son travail et de sa production, est une société condamnée au déclin et à la chute, et que cela se manifeste par le déclin moral. Cette difficulté grandissante de vivre de son travail se manifeste dans le mouvement paysan actuel, mais aussi dans le chômage ouvrier et employé, salarié en général ou le travail partiel imposé et les revenus insuffisants pour vivre. Elle se manifeste aussi dans le handicap et le sous emploi dans la recherche fondamentale et appliquée indispensable au développement et dans toute activité humaine qui veut se mettre au service non de l'argent mais des besoins humains.

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Le besoin de transformation-dépassement du capitalisme dominant, le capitalisme mondialisé, informationnellement numérisé et hyperlibéralisé, c'est-à-dire où toute activité humaine est soumise à vente-achat, ce besoin grandit au fur et à mesure que le système s’approche d’un paroxysme invivable.

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Mais un paroxysme invivable ne constitue pas la solution en soi à son dépassement dans un système nouveau et capable de poursuivre en santé le processus de développement de l’homme dans le développement de la société.

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Encore faut-il que soient prises des mesures aptes à créer cette société nouvelle, ce système nouveau. En cela Salvien nous donne à penser, d’une façon quasiment instinctive avec les mots et la morale de son temps, qu’il ne suffit pas de contester, qu’il ne suffit pas de trouver les remèdes, mais qu’il faut enfin que contestation et remèdes à la crise soient portés par une conviction, une foi en quelques sorte qui habite puissamment et passionnellement la masse d’une population et remplace la foi passée obsolète.

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La masse d’une population c’est aujourd’hui celle de l’humanité mondialisée.

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Les remèdes, c’est la mise au pas et au service des besoins humains du système financier et du système monétaire, qui sont un même corps et qui constituent l’outil d’échange de la production humaine, et qui doivent passer de l’accumulation-suraccumulation privée de l’outil d’échange, le capital, à celui d’une mesure en extinction de la valeur marchande et à une abondance qualitative le permettant.

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On ne sort des rails que lorsqu’un besoin d’en sortir devient impérieux et que les humains deviennent capables de gouverner le navire vers une nouvelle voie, vers la mer apaisée et ouverte, loin du naufrage.

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C’est dire que le besoin pressant de notre période n’est pas le sauveur suprême (1) mais le remède, le programme concret, matériel et moral, et partagé, d’une gestion saine de la société.

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Il y a quelque chose de religieux dans cette aspiration au Sauveur. Ainsi contradictoirement, le recours à l’autoritarisme comme à la théologie de la libération, pourtant de contenus très différents, sont souvent liées à la personnalisation, à l’idée du Sauveur.

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Dieu peut être l’abstraction qui va concrétiser notre demande de réponse à nos besoins et nos désirs inassouvis (Prière) face à l’anankè naturelle et l’anankè sociale contenues dans l’interrogation existentielle face à l’inconnu de notre demeure, l’univers perceptible macro et micro.

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Dieu peut être ainsi et à la fois la représentation abstraite d’une domination humaine, hors de portée et de connaissance, étrangère à notre environnement intime, représentant la monarchie royale et/ou marchande, la marchandise elle-même et son fétichisme, le système social « reconnu » comme « naturel » et « éternel », mais aussi leurs « vertus », un consensus, c'est-à-dire ce en quoi ils nous permettent de vivre au quotidien, en subsistances « matérielles et morales ». (1)

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Ainsi quand ces « vertus éternelles » nous semblent corrompues, c’est à elles qui devraient être transformées et dépassées en santé que nous faisons appel, c'est-à-dire en un « retour » au passé de ces vertus et aux pouvoirs qui les personnifiaient, c'est-à-dire le sauveur.

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Pour l’exemple, dans l’aspiration au Sauveur, il y a eu l’attente d’un Roi d’Israël, et dans l’attente d’un roi juste et efficace, le souvenir d’Alexandre Le Grand, entretenu par l’élite dominante en faisait partie, les historiens en ont attesté, se mêlant à l’attente abstraite de justice face à l’occupation romaine et la corruption d’une organisation religieuse sclérosée et répressive et de la société marchande locale et méditerranéenne en expansion et e
n crise.

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Il en est aujourd’hui comme d’hier. Le lent mouvement de la conscience en témoigne. Et la confiance dans les possibilités de transformation saine, plus ou moins lent, plus ou moins rapide, en accumulation quantitative et en sauts qualitatifs (Quelquefois brutaux, Révolution marchande d’Athènes, révolution capitaliste française, et bien d’autres pour ne pas s’en tenir à 2 exemples restrictifs) ne doit pas en souffrir si nous ne voulons pas qu’elle s’éteigne, la confiance, avec les possibilités qu’elle ouvre. « …Les idées, en s’emparant des masses deviennent une force matérielle… ».

La différence entre Salvien (2) et aujourd'hui, s'est une conscience élargie possible que la société marchande à ses débuts n'était pas apte à développer mais que la société marchande à sa fin, le capitalisme mondialisé numériquement informationnalisé, ses capacités productrices et ses contradictions à leur paroxysme peuvent permettre, car il n'y a possibilité de transformation d'un processus donné que si ce processus arrive à son extrémité. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille attendre la fin d'un processus pour agir sur ce processus, l'action étant la condition de son mûrissement et de la transformation qualitative sociale.

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Pierre Assante, 8 septembre 2016

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(1) Dieu peut être toutes ces représentations abstraites à la fois et en même temps. Seule la conscience des rapports sociaux, du mode de production et d’échange, peut remplacer positivement cette représentation abstraite dans laquelle le besoin et les actes concrets matériels et moraux de survie et de développement sont voilés, limités à une transformation de l’abstraction de la réalité et non de la réalité elle-même. Mais bien sûr un réalisme peut cohabiter avec un idéalisme philosophique, et un idéalisme philosophique avec son contraire, c'est ce qui se produit le plus souvent dans une société de classe à abolir, même s’il ne peut remplacer un matérialisme dialectique non dogmatique, ouvert à l’échange humain, à l’activité générale, multiple et infiniment diverse de l’humanité et de la personne humaine.

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(2) VOUS TROUVEREZ SUR LE BLOG PLUSIEURS ARTICLES SUR SALVIEN DE MARSEILLE ET DES EXTRAITS DU LIVRE CINQUIEME, Chap. "Les exilés de l'impôt" de son "DE GUBERNATIONE DEI" qui décrit la situation des citoyens romain paysans libres et pauvres de Marseille et d'ailleurs écrasés par leurs dettes auprès des grands propriétaires terriens, qui ont le choix entre se vendre comme esclave à ces derniers, se révolter dans "LES BAGAUDES" ou aller chercher dans l'exil chez les barbares (Goths et autres) déjà installés dans des parties de l'Empire, "l'humanité qu'ils ne trouvent plus comme citoyens romains dans l'Empire".

SALVIEN n'est pas un économiste, mais un moraliste (Sa morale de son temps est confrontée à une réalité sociale scandaleuse, ce qui est une situation assez courante somme toute ) et un grand théologien historique conscient des tares qui minent sa société et la conduit à la faillite. Il semble qu'il ait fui le sac de Trèves (En Germanie d'alors qui vit naître Marx 15 siècles plus tard) par les Goths, rejoint le monastère des Îles de Lérins puis, Marseille comme prêtre, sans doute. On aimerait aussi imaginer qu'il ait pu fréquenter l'abbaye de Saint Victor (ce magnifique lieu construit au V° siècle, celui de Salvien, reconstruit au XI°) comme moine...

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