
CONCURENCE LIBRE ET NON FAUSSEE. CRISE SANITAIRE DANS LA CRISE ECONOMIQUE ET DE CIVILISATION.
La distorsion entre la loi de la « concurrence libre et non faussée » qui est la clef de voûte de la « constitution européenne » de 2005, ET la pratique d’usage du capital dans la crise du coronavirus, est flagrante. Cette distorsion montre la contradiction, dans un moment d’urgence de besoins de la population ET du capital lui-même, entre la concurrence libre et non faussée et ces besoins.
Européen je suis et européen heureux d’avoir voté NON en 2005 et en 1994 au traité de Maastricht pour les mêmes raisons.
L’Europe est un échelon pertinent de la coopération dans la mise en commun des efforts humains sur l’ensemble de notre petite planète. Là où le bât blesse, c’est que l’E.U. est une construction libérale dont de principe d’investissement des efforts des hommes pour répondre à leurs besoins, investissement en travail mort cristallisé comme en travail vivant, est subordonné au calcul du taux de profit, du rapport P/C (Profit/Capital) au point de sanctionner et neutraliser qui déroge à ce critère.
Les tenants intelligents et capables de la collaboration de classe, c’est-à-dire de la soumission de l’homme, et particulièrement du vendeur de sa force de travail, au capital et sa loi incontournable du plus fort, ont su répondre au moins en partie aux urgences du confinement et du ravitaillement et de la consommation d’urgence aussi. Certes il en allait aussi de leurs intérêts de classe pour que leur système ne s’écroule pas. Mais ils ont été capables de le faire, jusqu’à présent.
La dérogation à la règle de la concurrence libre et non faussée n’est pas, dans la crise sanitaire, une exception. La guerre rude et dure entre les grands groupes financiers et industriels, les firmes multinationales entre elles, et contre-avec les entités industrieuses moyennes et petites connaissent bien d’exceptions à la loi de la concurrence libre et non faussée au profit des concentrations capitalistes les plus puissantes, et au-delà des lois des Etats nationaux. Les firmes multinationales ont une puissance capitaliste supérieure à celle des Etats et ce sont elles qui déterminent la politique des Etats et leurs dirigeants eux-mêmes. Ce en quoi l’on voit à quel point en est réduite la démocratie élective et représentative des Etats.
Cette digression nécessaire faite, il s’agit de rechercher les principes d’une société dont l’organisation économique et les besoins convergeraient. Cette convergence est un mouvement, c’est-à-dire une recherche permanente de convergence dans le mouvement. Et l’on sait la complexité du mouvement de la société qui est constituée du mouvement de la masse des humains qui le constituent, leurs pensées, leurs choix, et non pas des machines sans opinion ni sans jugement de valeur. Rechercher ces principes ce n’est pas une fin en soi. Il faut ensuite une application collective et intelligente de ces principes, du particulier au général, et souvent c’est dans le particulier que les principes échouent. Mais cela n’est pas en opposition avec la nécessaire recherche des principes. Mettons-nous bien en tête le sens de ce mot « Principe » pour comprendre la démarche.
Concurrence libre et non faussée et loi impérative du critère P/C, ne répondent pas aux besoins humains, et pas seulement dans la crise sanitaire. Avant la crise sanitaire, la crise économique était déjà au point d'éclater quelques mois ou semaines après, comme elle a éclaté maintenant, accélérée par la pandémie. La sortie de crise, le capital la voudra sur les principes de la « concurrence libre et non faussé » à sa sauce et le critère P/C. C’est-à-dire que le redémarrage de la totalité des forces productive, machines, techniques, hommes et leurs cultures, savoirs et savoir-faire devront reprendre sur le principe de l’accumulation capitaliste, donc sur l’économie au sens de l’épargne des moyens nécessaires à la vie humaine. C’est le propre d’une phase finale d’un cycle économique, d’une phase de crise finale d’un cycle économique, l’excès d’épargne financière qui épargne les moyens concrets et sous-consommation par rapport aux capacités des forces productive dans une période historique de développement donnée.
Parmi l’épargne financière et l’ économie capitaliste il y a une épargne de moyens concrets qui réduit un besoin fondamental dans une période de révolution scientifique et technique qui est la nôtre : la recherche fondamentale et appliquée correspondant au niveau atteint par le développement des forces productives, correspondant à cette révolution scientifique et technique, numérique, biologique et des connaissances des particules, des connaissances astronomiques…, et leur mouvement à développer et rassembler, en processus synthétique et complexification permanents.
Cette réduction relative de la recherche impacte l’ensemble des activités et besoins humains. Aussi bien la modernisation des moyens de production que les moyens de consommation et leur équilibre relatif en mouvement dont ils ont besoin dans le processus productif et la réponse aux besoins humains en croissance et complexification, en quantité-qualité, pas en « décroissance » chère à l’air un temps bien orienté sur le maintien des inégalités profitables.
Qu'est-ce que nous proposons ? Et à ce "nous" chacun peut s’inclure, d’où qu’il vienne du point de vie et de vue des jugements de valeurs passées et leur transformations dans le mouvement de la société et des idées qui la meuvent. Nous proposons non pas une étatisation des choix et de leur mise en œuvre, mais un marché régulé par des lois qui garantissent cette régulation. Quelle régulation ? Que la demande ne soit pas dirigée d’en haut, mais par le consommateur, ce qui veut dire que le consommateur, en fonction de ses choix oriente individuellement et collectivement les forces productives dont il est lui-même partie. MAIS AUSSI que la loi garantisse l’investissement humain et matériel d’une orientation en fonction des besoins auquel le critère P/C ne peut répondre. De tels principes pourraient aller, par hypothèse bien réfléchie et expérimentée, vers un développement des moyens humains tels qu’ils permettraient de modifier la vente-achat de la force de travail jusqu’à l'extinction des travaux contraints et le développement général du libre choix des activités répondant aux besoins de l’individu dans ceux de la société.
Une étape dans ce processus serait la prépondérance du rapport VA/CMF (Valeur Ajoutée -la production supplémentaire, la valeur créée supplémentaire- par rapport au Capital matériel et Financier) sur le rapport P/C, c’est-à-dire une législation incitant par l’intérêt même des personnes et du système en transformation, une plus grande part, croissante, de Valeur Ajoutée restituée à la circulation du capital, c’est-à-dire des marchandises et des biens nécessaires à l’être humain.
Ces principes ne sont pas un « mécanisme ». Il dépendent de la volonté des hommes, donc des actions et des luttes qu’il faut mener contre le système actuel et ses défenseurs. Les partisans du libéralisme tenant le discours de « l’après » crise sanitaire nous concoctent un maintien des rescriptions salariales, des revenus populaires directs et indirects à minima pour renflouer le taux de profit dans le « redémarrage » économique et sa poursuivre. Leur ignorance feinte ou réelle -en tout cas concrète par rapport à leurs intérêts propres de capitalistes- de la crise de baisse tendancielle du taux de profit et de suraccumulation-dévalorisation est telle, qu’elle leur cache ce que contient de chute vertigineuse pour toute la société, cette maladie à guérir de la suraccumulation du capital qui ne trouve plus à rentrer dans le circuit de production et d’échange, de par les lois du système, celles de l’échange A-M-A’ parvenue à son paroxysme et son obsolescence.
« L’après crise » sanitaire qui est aussi la poursuite de l’immense crise financière dans la crise générale du capitalisme financiarisé-numérisé-mondialisé sera l’entrée dans des luttes populaires et du salariat en premier lieu pour contester les restrictions relatives ou absolues et pour donner à ces luttes un contenu transformateur de la société, en santé sur tous les plans, écologie comprise.
Pour conclure, oui rechercher et mettre en œuvre des principes nouveaux de développement, mais aussi développer les capacités de mettre en œuvre concrètement ces principes. En cela le pire est le gauchisme qui poursuit un objectif de justice et-ou de raison mais le fait capoter par incapacité de cette mise en œuvre et du processus d’expérimentation et d’aller-retour entre le projet et la pratique pour les rendre opérationnels par rapport au but recherché. En cela je reviens, contre vents et marées à l’ergologie et à l’analyse pluridisciplinaire des situations de travail : comment imaginer la participation des hommes à la transformation de la société et à leur auto-création sans développer la connaissance intime que leur histoire d’humains a créée par le travail et qui constitue le mouvement, le processus de l’activité de la personne et dans la société, l’être social, le corps-soi qui le constitue. La « double anticipation » est un concept ergologique parmi d’autres que ne peuvent ignorer ceux c’est-à-dire tous les humains, qui ont la prétention de jouer un rôle, dans leur propre destin individuel et collectif.
Pierre Assante. 09/04/2020 06:48:11.

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