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PENSEE et MATIERE
Dans « Matérialisme et Empiriocriticisme » (1908, publié en 1909), Lénine développe en quelques lignes une controverse amicale avec Joseph Dietzgen sur ce sujet. Il le met en garde sur la formulation de la matérialité de la pensée. En effet, dans le concept de « matérialité de la pensée », il y a le danger d’assimiler la pensée à une intervention tangible, directe, sans intermédiaire social, sur la matière.
Si elle n’a pas un effet tangible elle a un effet au sens par exemple de Marx disant que lorsqu’une « idée s’empare des masses, elle devient une force matérielle ».
Mais pour aller au-delà de l’analyse et non d’une « spiritualité religieuse idéaliste » il est bon, à mon avis d’indiquer que la pensée est un mouvement de la matière, un processus social qui traverse, à double sens, la personne et la société dans leurs rapports dialectiques réciproques, le tout étant SOCIAL.
Social progressiste et-ou social régressif, conservateur, réactionnaire, tout dépend du contenu de la pensée et du rapport qu’elle entretien, dans ses infinies nuances et ses résistances au mouvement ou au contraire créateur de « ruptures », bonds discrets microS et macro (quantum, quanta) de qualité dans le mouvement continu de la société.
Ce que fait Dietzgen, ouvrier autodidacte formé au socialisme et au matérialisme : il affirme à sa façon et à son temps historique, le mouvement corpusculaire, du cerveau, ses « enregistrements », ses liaisons, leurs mises en croissance-développement et cohérence-condensification mentale, psychique, en fonction des problèmes de vie à résoudre ; ce que nous comprenons mieux, ou pouvons comprendre mieux aujourd’hui avec nos connaissances neurologiques, psychologiques, ergologiques, etc.
De plus il me semble, par rapport aux idées de ce début XXIème siècle que l’affirmation de la matérialité de la pensée, par apport à ces nouvelles connaissances ne pose pas problème (et au contraire sont utiles et opérationnelles dans la construction sociale et celle des utopies opérationnelles en unité, anticipatrices, la construction « mentale et physique » du « lit de Platon » au niveau de toute la société), à un idéaliste croyant intelligent plutôt qu’à un matérialisme mécaniste stupide…. (Lire Ernst Bloch).
L’être : le nôtre ; le causal ; l’aléatoire ; l’énigmatique.
P.A. 25/10/2022 11:14:29.
Je reprends ci-dessous un article du 04/04/2022 08:21:58.
CARLO ROVELLI DANS « HELGOLAND », REMET EN SELLE, ME SEMBLE-T-IL, L’EMPIRIOCRITICISME, MACH, BOGDANOV.
Carlo Rovelli dans « Helgoland », Editions Flammarion, 2021, remet en selle, ME SEMBLE-T-IL, l’empiriocriticisme. Cette démarche de ce grand scientifique et intellectuel progressiste est dommageable, selon moi. Si j'ai bien compris, ce qui n'est pas absolument certain, mais....
1. De la santé relative des mouvements mentaux qui constituent la conscience dépend la santé relative de la personne et de la société en rapports dialectiques, relation, interactions réciproques multiples conscientes et inconscientes, organisées, réorganisées, interférées, entreférées socialement et "naturellement". D'où le rôle d'organisation d'un mouvement conscient du processus inconscient.
Besoins vitaux, simples et complexes en unité et mouvement de la conscience constituent une unité. Une entité en transformation permanente, relativement saine ou pas de mouvements du mouvement de la pensée.
L’unité des mouvements d’une entité « physique et mentale » dans le mouvement global d’une espèce pensante, est constituée, comme tout mouvement, de forces contradictoires, de leur unité et de leur identité.
Penser l’identité et l’unité des forces contradictoires et des contradictions, les objets et des entités contradictoires, leur identité et leur unité, est un mouvement de dépassement de la préhistoire humaine dans laquelle nous vivons encore, un mouvement de l’action collective, dépendance et autonomie pour la santé relative du rapport travail libre, désaliéné, et besoins sociaux, nécessité et liberté en mouvement de développement complexification qualitative.
La pensée est un mouvement particulier de la matière. La conscience de même.
Toute interaction entre les objets, entités constituées et-ou en relative formation-dissolution-reformation, normalisation-dénormalisation d’ensembles, de sous-ensembles, d’inclusions etc…, mouvement particulier de la nature, ne sont pas des sensations. Les sensations, dans l’acception « pure » du terme, sont une realité propre à une espèces pensante.
On ne peut assimiler perception biologique « simple » et perception biologico-pensante, bien qu’il s’agisse dans les deux cas d’interaction simple et-ou complexe comportant toutes les propriétés de la structure fine de la nature dans le mouvement général de l’univers, micro , macro, cosmique, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, universel.
Une entité constituée dans le mouvement de la matière est à la fois dépendante et autonome de tout le mouvement de la matière, possède une autonomie relative dans le mouvement de la matière. C’est le cas de l’homme lui-même, évidemment (1).
Il y a une « frontière » de contact relative entre l’entité et « le reste » de la matière.
La conscience construit, à partir d’un type, d’une forme particulière d’organisation de la matière vivante, pensante, des « organes » dans l’évolution de cette forme d’organisation, interactions sociales des individus d’une espèce pensante.
2. L’assimilation que font Mach et Bogdanov entre interactions, indifféremment du type d’organisation de la matière et du type d’entité, du type d’indépendance-autonomie, est une réduction simpliste et usurpatrice .de l’observation de la réalité à une seule observation généralisée de façon erronée.
Lénine à tout à fait raison, selon moi, de « classer » l’empiriocriticisme dans la pensée philosophique dite idéaliste (2), celle qui nie l’indépendance de la matière de la conscience dont on en a, même si la pensée, mouvement matériel , mouvement de ma matière, est un mouvement particulier de la matière d’une organisation particulière de la matière, pas n’importe laquelle, issue d’une évolution-complexification particulière de la nature ; à la fois générale et particulière dans les entités ayant leurs propres relations internes dans les relations « organiques » globales de la matière, relations internes et relations externes en unité. Pas simple, à observer, saisir, com-prendre, évidemment.
Lénine a raison, selon moi, de souligner la complexité de l’affirmation de la matérialité de la pensée, affirmation de Dietzgen citée dans « matérialisme et empiriocriticisme » (Lénine, 1909), et la confusion qu’elle peut induire, malgré sa justesse, à la limite, entre la conscience de l’indépendance de la « réalité extérieure » par rapport à la conscience de cette réalité ET croyance de la « fabrication » de la nature, de la matière, par la pensée, conception philosophique idéaliste Berkeleyenne.
Le rapport entre pensée et transformation de la matière, est lié au besoin de subsistance de l’homme -par son travail-, de son existence, de la société. La négation de ce lien produit une désadhérence conceptuelle sans retour, une neutralisation-destructive de la capacité de de conceptualisation.
Mach et Bogdanov, finalement, isolent mentalement, artificiellement, la constitution de concepts des causes et des effets de l’existence et développement de ces concepts. Ils procèdent à une désadhérence conceptuelle « sans retour » à la réalité et aux besoins qui ont constitué et constituent l’évolution de l’homme, de la pensée, de la conscience, de la société en rapports réciproques, dialectique, en interaction avec la nature et avec lui-même, mature « dont il en est ».
La capacité d’abstraction, d’invention, de construction du « lit de Platon » et de l’organisation sociale, chez Bogdanov, quelle que soient ses qualités propres intellectualo-sociales, perd le lien, malgré les apparences et les actions concrètes, d’avec la complexité de la réalité. Sa complexité apparente de pensée y est illusoire, erronée dans et par la généralisation d’observations sans distinction des types de mouvements observés.
3. Le retour des scientifiques du XXIème siècle, et avec eux, de la société, consciemment ou pas, vers Bogdanov est un effet de l'extrême parcellisation du travail et de la recherche dans l’organisation capitaliste de la production et de l’échange, dans l’apparence trompeuse de la réalité que donne l’imbibition idéologique de la société par l’échange concret des biens dans le cycle A-M-A’, son accumulation de capital, particulièrement de capital mort cristallisé et de capital constant, et la suraccumulation-devalorisation du capital qui en est issue, son extension extrême paroxystique qui constitue la crise générale et la fin de vie du système et le besoin vital de son dépassement.
Le retour des scientifiques du XXIème siècle, et avec eux, de la société, consciemment ou pas, vers Le « fantôme » actuel de Bogdanov est une excroissance du structuralisme et une insuffisance de synthétisme et de collaboration, de coopération des champs de recherche ; comme des champs d’activité humaine en général, dichotomisés par l’organisation capitaliste des rapports sociaux sous la domination de plus en plus réduite en nombre de possesseurs et décideurs du mouvement du capital, de sa centralisation contradictoire, et ses tensions, de la financiarisation de son mouvement.
Le gonflement du capital financier par rapport à la création de valeur issu de l’activité industrieuse, les marges immenses fournies par une productivité issue de la révolution scientifique et technique, de sa mise en œuvre et des limites pratiques et de sa mise en œuvre dans les contradictions du taux de profit, ET le gonflement des handicaps socio-mentaux qui nous habitent, vont de pair.
Le retour des scientifiques du XXIème siècle, et avec eux, de la société, consciemment ou pas, vers Le « fantôme » actuel de Bogdanov est du même ordre que celui du début du XXème siècle lors des avancées de la connaissance des « structures fines » de l’univers, renouvelées à un stade « supérieur » des observations, expériences et connaissances non achevé historiquement, c’est-à-dire non achevé par rapport au « niveau nouveau atteint » en rapport avec le niveau atteint d’évolution-complexification du processus humain, social.
Bogdanov et Mach, prétendant à un dépassement des limites sociales institutionnalisées et des dogmatismes conjoints, et à un développement permis par la libération de ces dogmatismes, un rejet de tout dogmatisme, ne font qu’en créer un autre qui n’a rien de nouveau, qui est une extension du dogmatisme ordinaire ; un autre bien plus insidieux au service de l’abstraction organique d’une société de classe dans laquelle l’abstraction que constitue l’argent, représentation de la valeur marchande des objets concrets et abstraits produits, formés en capital, réduit considérablement la connaissance et l’expérience de la réalité aux fonctions du système économique dont la poussée propulsive s’éteint.
C’est d’une autre poussée propulsive dont il est besoin, celle du "communisme complexe", c’est à dire réel à imaginer et à construire dans l’exploration des chemins, et non des expériences du "communisme grossier" déduit et réduit à la pesanteur renouvelée du passé ; celle du communisme dans lequel les rapports entre entités pensantes ne se fera plus à travers celui, réducteur de l’argent et son accumulation, mais à travers une autre représentation en santé relative nécessaire à tout échange concret, représentation faisant partie, en unité contradictoire avec tout échange concret de production « matérielle et morale ».
Le suraccumulation-dévalorisation du capital a son corollaire mental dans la suraccumulation-dévalorisation des capacités humaines non employées dans le système d’échange du cycle A-M-A’.
4. La mise en garde de Lénine à Dietzgen -Dietzgen dont je partage la définition de la pensée, malgré l’extension de définition qu'elle contient et les problèmes de confusion qu’elle peut susciter-, cette mise en garde comporte aussi et cependant, prise étroitement à la lettre, complémentairement et contradictoirement, naturellement, un risque de simplification réductrice concernant la conscience de la conscience, son rôle-miroir des gestes, de l’activité humaine à travers lequel le travail se développe, se complexifie, et permet de passer à un nouveau système d’appropriation en relative santé de la nature par l’homme, « l’homme qui en est », de la matière. Ouf ! Longue phrase insécable sans dommage conceptuel…
Pierre Assante. 04/04/2022 08:21:58.
(1) C’est ce qui est posé dans la controverse entre volonté de l’homme et volonté divine par les théologiens, dans le cadre étroit des mythes et leur institutionnalisation qui constitue les religions dans la société marchande, de droit et de classe, de sa constitution primitive à sa composition finale pourrissante.
(2) Malgré l’affirmation contraire de ses auteurs.
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