
Cet article a été publié une première fois sur ce blog le 23/10/2012
Cet article est un point de vue, un libre commentaire de l'auteur de ce blog et n'engage que lui-même
Lorsqu’Yves Schwartz publie en 1988 sa thèse, sur « Expérience et connaissance du travail », les délocalisations, la réorganisation mondiale du travail par le capital dans le cadre de la révolution scientifique et technique et de la réponse de ce même capital aux avancées théoriques et politiques qui le menacent mondialement, cette réorganisation commence, certes, à déjà frappé fort le salariat et les populations en général par contrecoup.
Mais à plus forte raison, son analyse du travail repose sur une diversité de situations, du développement le plus avancé du moment des forces productives dans le monde et sa réalité humaine dans sa totalité jusqu’aux prémices dans cette réalité humaine de la crise systémique à l'état actuel se manifestant dans le quotidien de l’homme producteur, de la personne humaine dans son activité.
Il n’y a pas de plus juste expression, qu’utilise Yves Schwartz, bien que formule à ne pas réifier comme il le développe, à ne pas détacher d’un contenu complexe, que celle de processus humain « en santé ».
Elle recouvre, je crois, et l’économie « en dernière instance » et la préoccupation opérationnelle de l’être humain pour les-la civilisations, leur-son processus, caractérisé par une autre formule de Marx, sur « l’humanité en tant que processus de conscience de la nature sur elle-même ».
L’appel d’Yves Schwartz à la pluridisciplinarité, à la coopération lancé par cette thèse, est, je crois, un impératif plus que jamais incontournable aujourd’hui. Le travail est formateur de l’espèce humaine et sa libération de contraintes sociales obsolètes, apparaît aujourd’hui, alors qu’elles se renforcent et se généralisent, rationnellement hors de portée et pourtant bien plus proche en tant que besoin vital, que ne l’imaginent nos élites dominantes. Libération proche et réalisable.
La vulgate marxiste (j’utilise ce mot qui ne me convient pas, mais qui fait encore malheureusement relativement référence dans un débat d’aujourd’hui), phénomène inhérent à toute avancée et diffusion d’un moment initial de pensée, est en phase d’être dépassée.
De plusieurs façon : d’une part par une nouvelle réflexion abondante sur Marx à travers les manifestations de la crise, dans laquelle se révèlent des « culture faibles et régressives » de la vision marxiste du développement humain, mais aussi d’extrêmement riches prises de conscience générale partant de travaux liés aux luttes populaires dans le travail, au quotidien et sur la durée, qui constituent une culture forte sur laquelle s’appuyer pour un processus humain « en santé ».
Dans cette « culture forte », la réédition augmentée d’« Expérience et connaissance du travail » ne doit pas échapper à toute personne soucieuse de participer au mouvement de la société à laquelle elle appartient, dont elle dépend, dans sa maladie générale à laquelle elle ne peut échapper, et dans ses immenses espoirs et possibilités de développement sain, à l’issue et pendant le développement même de la crise.
Pierre Assante, 23 octobre 2012
Citation : « …Ainsi, le concept de forces productives apparaît comme le concept synthétique le plus complexe de notre parcours. La dimension maximum d’horizon qui l’habite explique rétroactivement pourquoi nous achoppions dès le départ sur le problème de la culture. Il intègre tous les niveaux, le matériel, le biologique et l’historique, la pénombre et la structure, le travail productif et l’improductif, le savoir collectif et le savoir général…Il exprime et résume au plus haut point cette recherche, qu’il clôt sur le dimensionnement / dédimensionnement du travail : sans concept discriminateur, on n'a aucune prise sur le concept de forces productives. On approche en aveugle la différence entre les forces productives médiévales et les forces productives capitalistes. On donne trop ou pas assez aux mutations* techniques présentes, qui vont changer l’intelligence des hommes et les conditions de survie du capitalisme, mais dont la genèse est parfaitement cohérente avec son mode de reproduction. Mais en même temps, ce concept est le point ultime de commensurabilité de tous les aspects de la vie humaine, il fait éclater toute exigence même de dimensionnement. Les commentateurs ont souvent noté cet étrange recours au concept physique le plus obscur de son histoire, celui de « force ». Nous croyons avoir montré que cette difficulté ne peut être réduite ; et que c’est à l’embrasser telle quelle qu’on peut s’en ouvrir à la richesse du continent du travail… » Y.S. (20.14)
* voir d’autre part la réflexion d’Yves Schwartz sur ce terme
Présentation de l’ouvrage, lien : Yves SCHWARTZ, les Editions Sociales re-publient "Expérience et connaissance du travail", présentation par Laurent Etre, l'Humanité
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