Article déjà publié sur ce blog le 13 décembre 2014.
Mon « angle d’attaque ».
Ergologie, Économie : études sur le travail et études sur l’échange
Je vais partir d’une idée par laquelle je devrais finir, qui serait une conclusion d’un développement.
Cette idée peut paraître un postulat mais est tout à fait démontrable, sans doute, je crois. Mais tel n’est pas mon sujet ici.
Cette idée est celle-ci : une croissance se prépare. Même préparée elle n’est pas sans danger. Elle demande une adaptation aux besoins qu’elle crée. Cette, ces adaptations ne se font pas sans difficulté et les maladies de croissance du corps en sont la preuve.
Ces adaptations ne se font pas sans difficulté, à plus forte raison lorsque cette croissance concerne le corps d’une société mondialisée, qui n’a pas seulement des besoins biologiques, ou plutôt dont les besoins biologiques sont totalement intriqués avec ses besoins de conscience, en tant qu’espèce humaine travaillante et pensante pour résoudre ces besoins intriqués.
Tout mouvement particulier fait corps avec le besoin général qu’il constitue.
Ces adaptations ne se font pas sans difficulté à plus forte raison lorsque le mouvement du corps-soi social (1) contient les contradictions d’un système de production et d’échange parvenu à obsolescence. Cette obsolescence est partie constitutive de la crise de croissance.
Parenthèse : cette crise de croissance est dont civilisationnelle, touche aux outils « matériels et moraux » de production des biens « matériels et moraux » nécessaires à la reproduction élargie de l’espèce et de sa conscience. La question économique en dernière instance détermine relativement les conditions du processus de croissance et va donc déterminer sa poursuite, sa régression ou son progrès.
Cependant l’ergologie fait la démonstration qu’on ne décide pas arbitrairement de l’activité humaine (e.g., le taylorisme et ses suites). Elle dépend des conditions dans lesquelles sont placés et se placent les individus dans cette activité (2).
Quand à l’économie, autre postulat apparent (toujours note 2), la conscience en développement de ses besoins, et donc en dernière instance celui des besoins humains, ne peuvent souffrir d’une quelconque ignorance « basique ». Même si les « connaissances parcellaires » sont constructives.
La critique de l’économie politique initiée par le mouvement ouvrier et portée par des porte parole dont Marx est un des plus en vue par ses travaux, dans notre conscience, et développée depuis près de deux siècles, avec des progrès et des régression inhérentes à tout mouvement.
Les « constats de base » de la critique de l’économie politique et les constructions qui reposent sur ces constats, partant de l’expérience, de l’observation de la réalité économique, de même que les "constats de base" de l’ergologie soutiennent leurs développements, forment deux socles étroitement liés.
Or l’ostracisme que connaît la critique marxiste de l’économie politique, ostracisme lié à la lutte des classes sociales, jette un voile déformant sur ces « bases » qui rendent plus difficile le développement de la conscience et de la posture ergologique, pourtant « en marche ».
Combien d’étudiants en ergologie peuvent faire lien entre l’observation de l’activité humaine et l’observation élémentaire de mouvements dans l’échange humain tel que la suraccumulation des capitaux, les contradictions à terme insolubles de l’état de l’échange « Argent-Marchandise-Argent + ». Etc.
Evidemment tout cela est dit d’une façon lapidaire et sans développement ni démonstration. Mais la démonstration est bien faisable de la validité non de tous les concepts à l’état présent, mais que la démarche est une démarche apparemment des plus saines dans tout ce que la conscience produit pour se développer et développer l’espèce.
Cette déclaration lapidaire n’a qu’un but : répondre à ce que j’appelle « mon angle d’attaque », d’une façon peut-être un peu trop mystérieuse, involontairement.
Mais partant de cet angle d’attaque, je suis dans la conviction, à tort ou à raison, que si ergologie et économie constituent des champs particuliers parmi tous les champs qui sont par essence des champs particuliers, avec leur développement propre, leurs liens et le développement de ces liens sont des plus pertinents et conditionnent leur développement et particulier et commun.
Mais voilà, chemin faisant, les avancées conceptuelles se dissolvent relativement dans et par leur diffusion, avant de regagner en qualité, dans leur développement, leurs propriétés originelles.
Il y a donc lieu de revivifier sans cesse les « notions de base » pour ne pas « perdre le fil », sans en faire des acquis dogmatiques, ce qui arrive aussi dans une « expansion-dissolution ». Le « marxisme » a connu cela.
Et il y a lieu de relier sans cesse les « constats économiques » de base, ce que fait le cours de philosophie d’Yves Schwartz que j’ai suivi, partant de la naissance du travail, son développement, sa complexification, la naissance de l’agriculture, de la grande industrie, et des forces productives aujourd’hui en « troisième révolution ». (3) etc....pour aboutir aux concepts ergologiques et leur développement pratique, opérationnel.
Et pour cela la coopération entre le champ de recherche économique et de recherche ergologique demande à être développée, ce qui veut dire échanges humains, d’humains, développés en ses domaines.
Illusion d’un béotien en matière de recherche ? Peut-être, sans doute…
Mais la demande contient peut-être une possibilité de réponse et un outil de réponse.
La question demande débat et approfondissement, si possibilités il y a de le mener, ce que j’essaie avec mes faibles moyens de communication et mes propres ignorances de base.
Les efforts d’adaptation à la crise de croissance semblent aujourd’hui incohérents. Ils le sont car ils n’en sont qu’à leur balbutiements, petites sources, mais peuvent converger vers la rivière du processus humain, à condition de ne pas prendre les mesures « d’adaptation » asociale, que les « élites » arbitrairement majoritaires imposent dans « l’espace tripolaire » (4) depuis plus de quatre décennies. D’autres transformations en santé s’imposent, je crois.
Pierre Assante, 13 décembre 2014
(1) Contradiction entre la personne et le collectif que dénote l’usage d’un terme individuel dans un registre collectif, mais le terme créé par Yves Schwartz contient et reflète dès l’origine et consciemment cette contradiction.
(2) Ceci peut paraître aussi un postulat si la démonstration, faisable, n’est pas faite, mais tel n’est pas non plus le sujet ici.
(3) Pas seulement sur la vision historique, mais aussi et surtout sur le plan de la critique de l’économie politique et de ses découvertes, son analyse de la marchandise et de son échange, les « règles » de son échange et de sa production dans l’économie marchande et de droit et sa crise.
(4) Terme crée par Yves Schwartz recouvrant des concepts ergologiques non développés ici.
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