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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 07:00

MARXCher Pierrot,


J’ai eu connaissance de ta correspondance avec Augustin.

Ce n’est pas l’effet d’une indiscrétion mais de l’amitié que nous te portons.

 

Apprendre, comprendre, c’est « se dire que…». Ce que tu te dis par rapports à mesécrits montre que tu commences à comprendre ce que je voulais dire.

Mais méfie-toi ; temps de travail moyen socialement nécessaire, baisse tendancielle du taux de profit, c’est une étude de ma part du capitalisme anglais du XIX°. Ensuite, l’organisation de ton cerveau, ses processus et ceux qui étaient les miens, est différente et donc tes capacités aussi. Ce n’est pas offensant que de dire cela. Cela est vrai pour toi en tant qu’individu mais aussi c’est vrai pour la capacité de perception du moment, de votre moment historique, ce qui ajoute à ta propre difficulté : l’apparence des choses voile encore plus la réalité, à la mesure de la puissance des moyens techniques employés. La réalité elle-même est plus touffue, plus complexe, son unité moins évidente, votre intégration au système plus prégnante.

 

Tu as vu, je crois, que malgré la spécificité de mon étude, les prévisions concernant le développement du capitalisme, la poursuite de sa mondialisation et ses effets sur les salaires, la survaleur, la surpopulation relative se sont confirmées ; spécificité concernant les différences relatives de situations sociale, économique, politique, idéelle ; malgré les différences « tout court ».

 

Tu crains d’être quelquefois une « mouche du coche » par rapport à tes commentaires sur mon travail et celui d’Yves S. Pour éviter cela, il te faut plus de sens de la mesure, plus de patience, sans perdre ta spontanéité. D’ailleurs il faut que tu considères que mes écrits sont une « réflexion à haute voix ». C’est pour cela que je n’ai pas corrigé mes textes précédents au fur et à mesure, à l’exception du livre I du capital pour l’édition française en particulier. Je n’avais pas le temps de le faire et ce n’est pas mon caractère de refaire sans cesse exactement le même chemin, cela me provoque un ennui profond, du moins au départ et dans l’idée de le faire. Mais il est vrai qu’une fois commencé un travail de correction, on peut créer aussi du nouveau. Cette réflexion « à haute voix » par l’écriture « à plume déliée », me permettait de reprendre un raisonnement dans sa totalité afin de ne pas reproduire les mêmes insuffisances, ou plus, les mêmes erreurs, le dé-normaliser, le re-normaliser, à chaque nouvelle rédaction. Mais finalement, sur l’essentiel, je me suis retrouvé avec moi-même et avec une poursuite des concepts au point où je les avais ébauchés ou laissé à l’étape précédente, et des généralisations abstraites à reformuler.

 

Cher Pierrot, ne te prends pas au sérieux mais travaille sérieusement. Mets un peu d’humour dans ta cuisine intellectuelle, et tout ira bien, ou du moins le mieux possible, pour toi et pour les autres. N’oublie pas que toi-même, comme Augustin et moi-même, nous ne sommes que les héritiers de ce que nous avons à transformer et que nous devons prendre soin de ne pas nous approprier un héritage qui appartient à tous, ni de le gaspiller au détriment des générations futures. Transformer n’est pas détruire. Le mal n’existe pas en soi, la tendance à le croire est notre plus grande difficulté et notre plus grand ennemi pour survivre aux nécessités.

 

SCHUBERT.jpgTon idée de m’associer à Schubert me plait. Pour faire une caricature à la Daumier, Beethoven ce serait la violence et la tendresse, Schubert la puissance et la douceur. Je crois que tout ça m’a manqué un peu aussi, bien que je ne puisse pas dire que j’aie manqué ni de puissance ni de tendresse. Ton aspiration au « Schubertisme », c’est une demande de plus grande maîtrise de soi-même, essaie d’y répondre.

 

J’étais bien un produit de la révolution bourgeoise, française en particulier ; ceci dans une Allemagne en retard sur ce mouvement et qui puisait dans la recherche l’énergie qu’elle ne pouvait pas mettre dans la « transformation immédiate ». Cette forme de pensée, j’en ai trouvé avec Friedrich un champ d’application idéal en Angleterre avec le capitalisme et le développement des forces productives les plus avancées en quantité. Mais mon intuition me disait, nous disait, que le champ « vierge » de la population immigrée de l’Amérique du Nord allait donner des possibilités incroyablement plus vastes, ce qui s’est produit

 

. Cependant, plus le capital se développe rapidement, plus il développe ses contradictions et les met en œuvre dans l’ensemble du globe et de l’humanité.

 

Cher Pierrot, je te souhaite d’être entendu, modestement, sans orgueil ni médiatisation à la mode. C’est ainsi que tu seras le plus heureux et le plus utile, dans ton petit travail et le déroulement de tes jours.

 

Je t’adresse mes amitiés et mes encouragements. Embrasse Chiara et tes enfants de notre part.

 

Karl, Londres, le 5 février 2008

 

 

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