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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 05:00

000 1494Le refus du DROIT AU MARIAGE POUR TOUS, POUR TOUTES, une double régression,

pour la femme et pour la société.

 

      Il n’est pas question ici de révolutionner du jour au lendemain la petite propriété individuelle, qui assure la subsistance de tout un chacun (1) dans l’organisation actuelle de la société.

On peut cependant noter pour une transformation lente à entreprendre (2), que les droits humains de se nourrir, de se loger, de s’instruire, d’avoir une activité sociale qui le permette (3), etc., s’ils reposent sur la propriété, nient de fait le droit individuel, personnel et universel d’acquérir les biens « matériels et moraux » nécessaires à la vie (4). Et autrement que par la seule petite propriété, c'est-à-dire aussi par le droit d’usage des biens indispensables à la vie et au développement de chacune et chacun.

 

Ainsi il en va du mariage.

La reconnaissance d’un rite de l’amour n’est pas en cause. Il est nécessaire, et beau, ce qui va de pair, sans jeu de mot, c’est le cas de le dire. Le mariage c’est cela aussi, et en cela le mariage gay est tout autant légitime que le mariage hétérosexuel. Mais pas seulement pour le « rite d’amour ». Cela ne met pas en cause non plus la reproduction de l’espèce, qui dans une démocratie avancée ne peut reposer sur une obligation légale, répressive, de se reproduire, ni génétiquement, ni culturellement.

 

La régression consiste à faire reposer les droits uniquement sur les petites propriétés foncières et autres petites propriétés (5) du couple, et non sur le droit individuel aux moyens de vivre dans toute son amplitude. Ainsi dans la « garantie » de la femme de ces droits, sa dépendance vis-à-vis de l’homme est renforcée, et bien plus que le contraire, compte tenu du poids historique persistant de la domination masculine, du patriarcat, sur la femme et la société, dans un capitalisme (6) qui a généralisé et mondialisé l’échange marchand « argent-marchandise-plus d’argent » avec le poids sur les mentalités que cela induit, y compris dans l’échange entre individus.

 

Faut-il un homme et une femme pour faire un enfant ? Oui, mais ce « mode » de reproduction biologique-générationnelle, génétiquement et culturellement n’est pas en cause. Il y a dans l’insistance à ne considérer que cela, et à vouloir l’imposer, une autre régression qui nie le rôle global de la société et une fois de plus (7), ravale au second plan le rôle maternel et de la société et de la mère et de la femme.

La fusion mère-enfant, son rôle nourricier est indispensable à l’enfant. Mais, cette double régression, nie le rôle nourricier en tant que tel, non attaché à un individu particulier, et par là, contradictoirement nie l’individu particulier et donc la mère et la femme. Et ravale la femme uniquement à son rôle nourricier au lieu de reconnaître un rôle nourricier historiquement dominant et structurant dans le processus humain, ses liens génétiques culturels et affectifs, inséparables pour l’espèce humaine, à la différence de l’animal (8).

 

Pour « faire simple » : La fusion mère-enfant peut tout aussi bien se réaliser entre un bébé et un homme (au sens masculin) qui lui donne son biberon. Dans l’instinct de l’enfant c’est quand même une mère qui le tient dans ses bras. Ce peut être aussi une mère qui joue le rôle séparateur en permettant à l’enfant de s’évader dans le monde, le découvrir et le transformer en s’éloignant du rôle nourricier instinctivement, historiquement maternel. Et limiter ces rôles à une, un individu, c’est non seulement répressif, mais absurde parce qu’impossible, impossible car c’est nier le rôle global de la société.

La réalité et non une vision instrumentalisée de la réalité devrait ouvrir les yeux de chacun dans cette réflexion sur la nécessité d’une évolution du droit en fonction des transformations réelles de la société et des modes de vies qu’il ne s’agit pas de condamner, mais d’examiner « en santé sociale, morale, rationnelle et affective en même temps ». Couple recomposés, familles monoparentales, célibataires…et multitude de modes de vie, d’activités, tout cela doit trouver le droit juridique et moral nécessaire à une vie riche de la personne dans une société riche de biens, de culture, d’affects.

 

L’humain consiste en une permanente dénormalisation-renormalisation dans laquelle entre bien sûr un constant débat de valeurs. Mais qui dans une société dominée par l’échange capitaliste est dominé par la valeur marchande contre la valeur d’usage.

 

Si l’on veut valoriser le rôle maternel, et en même temps la mère, la femme, et le rôle paternel par la même occasion, ce n’est pas en renforçant la domination de l’instinct sur la culture qui permet de dépasser l’inhumanité animale. Il ne s’agit pas non plus de nier le corps, le support biologique de la vie humaine pensante, organisante, de la société et de la conscience en processus de la nature sur elle-même qu’elle constitue. Il s’agit de reconnaître et mettre en œuvre la reconnaissance de l’unité du corps et de sa pensée, et de celle de la société, consciences et inconsciences dans leur UNITE elles aussi.

 

Il s’agit à la fois de reconnaître l’origine de l’amour dans la fonction-fusion maternelle-nourricière non pour y cantonner la femme et ainsi ravaler au bas de l’échelle son rôle social. Il ne s’agit pas non plus de la priver la femme de ce rôle historique dans le processus humain, mais de permettre à tout individu de jouer ce rôle librement, sans pression-répression sociale, sans handicap pour l’ensemble de ses activités sociales et jouissives auxquelles chacun a droit sans restriction et « en santé » (9).

 

Y’en a marre de l’admiration des pères pour leur rôle social contre celle des mères pour leur amour (10). Cette dichotomie de l’affect c’est la négation des deux et le maintien de la division aliénante du travail, familiale et sociale en général, contre le progrès de la qualification « technique et morale » dans son unité et la démocratie qu’elle peut développer.

 

Mariage gay, contradiction ? Oui mais féconde pour la société si on ne limite pas la reproduction biologique et culturelle qui sont UNE à une robinsonnade, ni les droits de vivre à la propriété.

 

Pierre Assante, 24 novembre 2012

 

Notes

1 Jusqu’à présent dans les sociétés capitalistes avancées

2 En matérialisme dialectique, on compare les deux « modes » de transformation qualitative de l’eau, celle de l’évaporation lente de  l’eau et celle qui évapore l’eau en la faisant bouillir

3 Aujourd’hui travail salarié, luttes pour son amélioration, et loisirs, demain, par « glissement transformatif lent et accéléré », travail libre, activité libre et cohérence de la société pour et de l’individu dans la relation entre activité personnelle et (dans) l’activité générale

4 Même si de grands progrès dans les droits individuels sont passés, paradoxalement par la reconnaissance de la famille moderne, de la petite propriété, de la maternité dans le cadre d’un certain « patriarcat moderne », du travail salarié….

5 Et la grande, l’immense, écrasante (au sens propre pour la vie et la société et son processus de vie) propriété privée, bien sûr, de la bourgeoisie mondiale dominante.

6 Issu d’ailleurs, comme toute société marchande, du patriarcat

7 Paradoxalement, compte tenu des déclarations sur la reconnaissance de la mère (et du père) chez les opposants au mariage gay et tenants de la permanence de la conception religieuse de la famille, et de leur prétention à défendre mécaniquement la vie, c'est-à-dire en s’aveuglant sur un biologique éternel contre une culture vivante, créatrice de société et d’humain en mouvement, et en niant ainsi la spiritualité dont ils se réclament.

8 Exception faite des animaux évolués chez lesquels on constate un embryon de lien « culturel »

9 Et en considérant que les maladies sociales passant par l’individu ne se guérissent pas par la répression, mais par l’éducation et qu’il n’est pas question que cette éducation consiste à mettre tout le monde dans un moule. Activité, multiplicité infini, c’est le champ de l’éducation et de la volonté de progresser en savoir-conscience.

10 Celui qu’elles suscitent comme besoin et manque dans la fonction maternelle et dont l’effet de fusion-répulsion se perpétue dans tous les rapports amoureux, tous les rapports envers les vivants et les choses, tout au long de la vie.

       

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