Au sujet d’une candidature communiste aux présidentielles
Echange avec Claude Mazauric et Brigitte Dionnet.
S’il s’agit de peur, mais je ne crois pas qu’il s’agisse de ça, je dirais que le PCF, mon parti, pourrait être entre 2 peurs : celle de se dissoudre dans le rassemblement et, ou, celle de disparaître par extinction interne, 2 façons de ne plus exister. Dans les deux cas, ce serait une peur de perdre ou les moyens d’agir ou « l’outil » pour agir, nécessaires à résister et à construire.
Il y a cependant, quand même, une certaine vision hiérarchique ou élitiste à penser qu’être « pour un rassemblement sans effacement du PCF » (appel que j'ai signé : http://soutien-andre-chassaigne.fr/) signifie ne pas avoir compris ET la nécessité des alliances et du rassemblement, ET le rapport de force électoral ici et maintenant.
Nous aurons et serons pour, peut-être, in fine, Jean-Luc Mélenchon comme candidat commun aux présidentielle, ou peut-être une autre candidature non PCF, ou…, mais une candidature communiste, ici et maintenant, c’est affirmer ceci : surmonter la crise de suraccumulation du capital, sans quoi aucune alternative au libéralisme et à sa crise n’est possible (croire le contraire me semble aventureux), demande des mesures, des choix d’entrer dans un processus sain (dont les maladies seraient curables) qui protège le travail, la production et donc les besoins humains, la personne dans un ensemble cohérent, qui protège de cette suraccumulation inhérente au capital et la crise systémique profonde qu’elle induit.
Des processus pour rendre le travail aux travailleurs ont été tenté dans le passé : Programme Commun, Compromis historique (comment et pour quoi produire – démocratie du producteur, transformation du salariat), en France, en Italie, au Chili, euro-communisme….
Forces politiques de progrès, syndicalisme, mouvement associatifs ont animé avec les citoyens engagés et actifs ces processus pour l’instant avortés ou en gésine.
Dans la situation actuelle du capitalisme, de la production-gestion-échange informationnnalisés mondialisés, de l’explosion de la possibilité de l’abondance et de la qualité de la production libérée de l’entrave du profit, c’est le moins qu’on puisse dire et faire.
Si les mesures à prendre demandent des choix nationaux, elles demandent aussi des choix internationaux et européens. L’orientation franco-française conservatrice de Jean-luc Mélenchon qui va jusqu’à la peur mépris des cultures régionales, en les assimilant aux agissements des nationalismes folkloriques régionaux (c’était déjà le cas du temps de son secrétariat à la Formation Professionnelle au Ministère de l’E.N.) est un test des limites à dépasser de cette orientation, quelquefois partagée dans le PCF lui-même. Faisable.
Une candidature communiste pose donc et pour le PG et pour tout autre allié la question de la clarté sur les choix et les orientations. Il n’est bien sûr pas question de trouver le clone d’un communiste si nous décidons in fine d’une candidature commune non communiste du Front de Gauche (mais les communistes eux même ne se clonent pas entre eux !), ceci en fonction du développement des luttes qui elles seules et non un homme providentiel (ni Dieu, ni César, ni tribun), peuvent porter l’élévation de la conscience nécessaire à une alternative.
On trouve souvent dans le PCF et l’Humanité (je les aime !) des analyses excellentes relevant de l’histoire mais qui font l’impasse sur l’économie, la production, l’ergologie, l’anthroponomie , ( allusions vagues, sans clarté à la « valeur », référence aux « services » sans référence à la production et à son niveau mondial, bien que cela commence à pointer un peu, ouf !), comme si la première question pour faire le pain et se nourrir n’est pas de semer le blé et cultiver la terre. Cette métaphore n’est presque pas une, parce qu’elle pose d’une façon même imagée la question concrète du travail, dans tous ses aspects, l’objet de la production contenant tout de l’accumulation humaine, de son processus, sous tous ses aspects, sa diversité et dans son unité, ses aspirations.
Communistes ou non, les humains sont égaux, semblables dans leur diversité et leur diversité d’opinion réclame respect, clarté et non opportunisme et condescendance. Difficile pour tous mais nécessaire à chacun.
Pour le moment nous ne connaissons ni le développement du rapport de force, bien qu’un printemps européen, ne soit pas à exclure et soit à espérer et préparer, ni même, si le rapport de force ne grandit pas en notre faveur, si le second tour verra ou pas un candidat de gauche en lice et sur quelle orientation… L’art de la politique c’est de tenter de prévoir et, ou de "corriger" si besoin est. Dans l’intérêt des peuples évidemment, dont nous sommes, et pas des partis, bien que de leur existences et de leurs orientations dépendent la vie des peuples. Les attaques et les doutes sur la forme-parti ne datent pas d’hier. C’est plutôt de leur qualité qu’il doit être question, je crois pour ma part. En tout cas pour l'instant.
Cependant quelque soit la représentation gouvernementale, institutionnelle, un processus constituant ancien ou nouveau, passe dans un premier temps par la rénovation des institutions démocratiques et entre autre leur moralisation, celle des assemblées locales, nationales, européennes élues, par la lutte pour la moralisation des embryons d’Etat mondial que constituent les institutions internationales. Ce qui réclame démocratie et cohérence, et donc l’expression consciente du processus inconscient.
Est-ce là être « un pas en avant des masses », tout en se dessinant sur un horizon suffisamment clair ? C’est une question à éclaircir, sans à priori et sans tabou.
Dernière remarque. Il est de bon ton de considérer pédants, ridicules, inutiles, et la science et ceux qui s’y réfèrent. Les dominants qui se servent de la science contre les dominés, sont bien aise que les dominés la méprisent et ils font tout pour développer ce mépris de la science et du « compliqué ». Cela va dans le sens des intérêts du capital, de ses possesseurs et de ses gestionnaires, des souffrances, de l’inhumanité qu’ils imposent, des progrès et des satisfactions humains qu’ils empêchent.
Pierre Assante, 31 décembre 2010
Ajouté le 5 janvier 2011, article de l'Humanité du même jour, Arnaud SPIRE