FIL CONDUCTEUR
Les communistes ont perdu leur fil conducteur dans la lutte immédiate, revendicative, géopolitique, sociétale etc.
Cela na veut pas dire que ces luttes n’étaient pas indispensables, mais cela veut dire que le nœud de la contradiction antagoniste du mode de production et d’échange qui est le notre, le rapport social-antisocial capital/travail mondialisé, financiarisé, en voie de numérisation mondialisée (numérisation et ses limites mêmes dans le système), son type d’accumulation A-M-A’, a atteint ses limites viables et vivables.
Le basculement a eu lieu dans les décennies 1960-1980.
La question s’est posée ainsi aux communistes : OU ignorer les transformations inouïes du capital dans les prémices de la révolution inouïe scientifique et technique de la numérisation et ses effets inouïs sur le « monde du travail » et l’organisation mondiale du travail OU camper sur la culture ouvrière salaire-prix-profit (1) de l’industrialisation mécanisée « de main d’œuvre » et des partis ouvriers du XIXème, ignorant de la baisse tendancielle du taux de profit et de la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital.
Ce basculement s’est effectué paradoxalement au moment où des victoires sociales et géopolitiques issues des suites de l’après-guerre et où des mouvements politiques de transformation s’esquissaient positivement, Portugal, Vietnam, Chili, décolonisations, nouveau compromis historique italien, programme commun français…. Pour ne pas tout citer.
Pour s’allier avec des forces sociales organisées revendicatives, populistes, néocriticistes, il faut être soi-même fort idéologiquement ou sinon il y a recul du rapport de force capital /travail, ce qui s’est produit.
Les congrès communistes italien de 1966 et français de 1979 sont des moments de reculs habités par l’incompréhension ou la compréhension insuffisante donc erronée des transformations inouïes du monde humain, qui ont conduit à s’éloigner et ignorer un marxisme devenu une formule et ayant oublié ses fondements : la révolution industrielle et la situation de la classe ouvrière, assimilant les acquis revendicatifs et l’amélioration des conditions de vie et de travail dans les pays capitalistes avancés industriellement non comme des compromis historiques positifs, mais comme des transformation qualitatives du système économique et social, c'est là l'erreur et la confusion.
L’abandon du marxisme dans les statuts et la pratique par le PCF pour « le socialisme scientifique » date de 1979, après les Bad Godesberg des sociaux démocrates.
Le lambertisme de Mélenchon apparemment dissout dans le mitterrandisme est passé inaperçu. L’abandon du fil d’Ariane qu’est la contradiction « capital/travail » et non « riches/pauvres » ou ceux d’en haut/ceux d’en bas est commun aux opportunismes de droite et de gauche, à la sociale-démocratie s’affirmant sociale-libérale et au gauchisme néocriticiste populiste.
Certes la question n’est pas celle des alliances en soi, mais celle de la perte de repères, de fil conducteur, de la rigidification-dissolution du fil conducteur, perte qui conduit de la sociale-démocratie ambiante pour tous, au libéralisme « tout simple », pur et dur dominant et écrasant pour tous.
Le XIème congres du PCI de 1966 est significatif de la confusion analytique des communistes italiens hésitant entre un plongeon sans savoir nager ni sans bouée de secours idéologique dans le nouveau (Trentin etc.) ou le maintien dans l’analyse antifasciste et revendicative limitée (Amendola etc.), drastiquement insuffisant dans le système en crise.
Pietro Ingrao qui instinctivement ressentait ce glissement, sans le caractériser, puis seul à contester la création du PDS, « la chose » se substituant au PCI, dont est issu le PD italien actuel de « gauche libérale » a été pris pour un aspirant au simple pouvoir menaçant le parti et le compromis mou de Luigi Longo, alors que ceux qui se sentait menacés préparaient consciemment ou pas son auto-dissolution.
Méfiance aveugle qui n’est pas absente des comportements ici aussi.
La mise en avant électorale et idéologique de Mélenchon a signé un nouveau recul de l’analyse et de l’action communiste. Il est à se demander comment le parti a pu sombrer sur cet écueil. La réponse est dans l’incapacité d’analyse découlant de son appauvrissement idéologique.
En cela le réarmement idéologique est un besoin profond dont dépend la suite de l’humanité et de l’humanisation.
Pierre Assante. 25/11/2024 06:13:22.
(1) Juste mais insuffisant. Stratégie de pouvoir électorale ou syndicale sans stratégie de transformation sociale qualitative, de processus de transformation sociale.
http://pierre-assante.over-blog.com/2024/06/heresie-et-esperance-quand-meme.html