HEGEMONIE : QUELLE HEGEMONIE ? « L’exemple italien » et le nôtre.
1917, ses suites et la recherche contradictoire d’hégémonie et de pouvoir avant tout, sans compréhension suffisante et à long terme des transformations du monde et de la crise systémique
PERDUS DANS LA RECHERCHE STRATEGIQUE
DE LA PRISE DE POUVOIR
Les partis communistes naissent avec la révolution russe de 1917 et après la tuerie organisée de 1914-18 par la concurrence des bourgeoisies et leur crise du capital tranchée par la violence entre les peuples et contre l’organisation politique, syndicale et culturelle ouvrière ; et la faillite provisoire de la social démocratie politique organisée à la fin du XIXème siècle, et du tournant opportuniste du programme de Gotha.
Lénine s’appuie sur les bases de l’analyse marxiste et leur renouvellement continu et quantique (sauts), pratiques et théoriques, philosophiques (1) et économiques. Il les fait progresser, en particulier sur la 1) la situation économique propre de la RUSSIE, 2) l’inégalité de développememnt, 3) le capital monopoliste, ce qui n’est pas rien ; mais aussi les circonscrit par force des conditions historiques, du moment, dans l’expérience révolutionnaire russe, ce qu’il reconnaîtra dans son « testament ».
Du « Manifeste de 1848 » à la révolution continentale de 1848-49 à la Commune de Paris et jusqu’à sa mort, Marx construit une connaissance des fonctions et des mouvements du capital. L’économie néomarxiste de régulation systémique dont Paul Boccara a été à l’initiative mondiale en découle dans les conditions historiques nouvelles, le capitalisme monopoliste mondialisé numériquement informationnalisé globalement financiarisé.
Il est le développement objectif de la loi tendancielle de baisse du taux de profit (livre 3 du Capital), qui à la différence de la simple constatation de la lutte entre salaire et plus value, pose la crise du système par elle-même, au-delà de toute conquête nécessaire et provisoire dans cette lutte ; et conduit à une suraccumulation-devalorisation du capital, une extinction du cycle social dans celle du cycle d’accumulation du capital.
Toutes les propositions de transformations ne sont qu’illusion sans dépassement systémique ; et la SEF, la force de travail-production-subsistance libérée progressivement de son achat , la révolution monétaire et du crédit, localement, nationalement, en Europe et dans le monde, consistent à dépasser les sursis à l’écroulement du système dans une construction sociale nouvelle dont le projet fait que nous nous appelons communistes, ou ne méritons pas de nous appeler communistes.
Le système n’est ni éternel ni réformable.
Aucune action n’est indépendante de ses conditions objectives et subjectives locales et historiques (du moment). La juger hors sol, c’est jeter aux orties l’expérience humaine qu’elle contient et ce que ses résultats et ses échecs portent d’avenir.
Les partis communistes naissent avec la révolution russe de 1917.
Autant Marx procède à un long et douloureux Travail indispensable pour toute action de transformation en santé sociale, de connaissance des fonctions et des mouvements du capital et leurs effet sociaux et antisociaux, autant les partis communistes vont axer quasi unilatéralement leur action sur la construction d’une hégémonie pour une prise de pouvoir à l’image d’Octobre, même avec une révision tardive électoraliste, tout aussi dogmatique et sans fond. Limite dramatique !
A la longue il va y avoir dissociation entre cette recherche de l’hégémonie et celle du processus de transformation qualitative de la société en santé suffisante pour procéder à son humanisation continue et quantique (par sauts).
Malgré les différences il y a parenté entre un juste concept et la recherche d’hégémonie entre Lénine et Gramsci, et le second profite de l’expérience du premier et de ses conditions personnelles et historiques de ses propres réflexions des Cahiers de prison
C’est tout le drame de l’auto-dissolution du PCI (1991) et de l’abandon de la recherche de cette transformation, qu’on garde ou non ici ou ailleurs, le titre de communiste.
Dès le XIème congrès du PCI de 1966, le débat fait rage entre ceux qui constatent les transformations des forces productives locales et mondiales et ceux qui pensent maintenir une ligne transformatrice en s’appuyant les uns et les autres sur les luttes sociales mais dans l’ignorance commune pure et simple de la crise systémique et des remèdes nécessaires qui en découlent par hypothèse.
La rupture organisatrice du PCI du « Manisfesto » qui induit le journal « il manisfesto » encore existant et seul quotidien se réclamant du communisme en Italie signe ce débat sans conclusion ni provisoire ni à long terme faute de cette analyse économique néo-marxiste de régulation systémique et les recherches dans tous les domaines et expériences qui la soutiennent.
L’intervention de la CIA, c’est çà dire du capital mondial dominant et ses alliés et l’illusion organisée de l’action armée des « brigades rouges » vont virer à la confusion entre les différents protagonisme du communisme italien.
Trentin (« La cité du travail le fordisme et la gauche »), Lama, Ingrao (« Volevo la luna ») etc. vont poser la transformation du travail, ce qui va agir sur l’unité syndicale et les succès rapidement contrebalancés par la contre-offensive de la « Trilatérale », réorganisation capitaliste du travail et des rapports de forces mondiaux dans les conditions de transformations inouïes des forces productives, mais dans l’ignorance de la crise systémique, de la crise de suraccumulation et dévalorisation du capital et des limites qu’elle fixe aux reformes réformistes.
Berlinguer va avancer dans l’intuition et la connaissance et des transformations du monde et des forces productives, des rapports de forces induits, de l’extinction de la « Spinta de la rivoluzione d’ottobre » (Berlinguer, 1971) sans création continue, mais n’échappe pas à l’état du mouvement communiste international, ses insuffisances et son ancrage dans un monde passé de succès et d’échecs incompris, malgré les avancées sociales mondiales induites.
Pietro Ingrao, contre Amendola en 1966 puis en 1991 dans son désaccord sur la dissolution, malgré les réserves qu’on doit faire sur le trou idéologico-économique de sa démarche commune tronquée et dépassée de tout le mouvement communiste, constitue une avancée dans cette crise politique issue de la crise économique laquelle contient toute la crise de croissance de la société humaine dans son milieu terrestre et son cosmos et la nécessite d’en sortir par autres choses qu’un catalogue social sans cohérence systémique.
Il nommera « LA COSA » la création du PDS dont est issue le PD et l’alliance provisoire abstraite communistes/chrétiens-démocrates qu’il constitue dont les résidus de la DC vont prendre ensuite la tête, dans une dérive qui mènera à Berlusconi et aujourd’hui à Meloni et ses « Fratelli d’Italia » d’extrême droite fascisante et plus, et au-delà une construction Draghienne qui se généralise (M. Barnier en France, etc.) de l’UE fédéraliste, autoritaire, austéritaire, atlantiste, et sans nuance, contraire aux besoins impérieux de coopérations et cohérences vitales dans le processus mondial d’humanisation continue et quantique (par sauts).
Pierre Assante. 02/10/2024 22:32:37.
(1) Avec quelques restrictions dommageable que j’exprime sur son refus du moins apparent du concept de miroir entre l’action, son auto observation et son autocorrection-création dans la théorie de la connaissance : en fait sa contestation de l’affirmation de la matérialité de la pensée (Voir Diezgen), fonction du corps et du corps social en unité, issue du travail de production des subsistances humaines dans son milieu terrestre et cosmique, de sa complexification, de sa condensification ; observations qu’on « appliquerait » alors dans les « révisions » sans en développer la théorie et la pratique, la conscience de la conscience sur elle-même ; empêchant de dépasser le criticisme et le néocriticisme, négation de l’état présent sans négation de la négation de l’état présent, dépassement de l’état présent.
Lénine, a pratiqué pourtant avec grande mais relative lucidité chronologique ces « autocorrections » sans les théoriser dans la « fonction-pensée », il me semble, ce qui constituerait une limite provisoire.
Dans ce débat (Voir : « Matérialisme et empiriocriticisme », critique importante par Oulianov-Lénine 1909, dans la situation d’échec révolutionnaire) qu’abordait Bogdanov sur la question de la culture populaire de masse *, partant de l’introduction des théories idéalistes et quasi mystiques du scientifique Mach dans le parti bolchevik , conservatrices et réactionnaires. Dans ce qui aurait pu être provisoire, il y a toutes les limites indépassées mais dépassables dans un contexte de rapidité et de conditions non développées mais développables historiques insuffisantes d’un dépassement systémique.
*Gramsci, à l’instigation de Tania, qui l’a aidé aussi politiquement et physiquement dans les conditions extrêmes de la prison mussolinienne, en faisait la traduction.
P.S. Une des grandes observations de Gramsci est que le décalage entre le processus technique de la société et le processus social de la société favorise la fascisation idéologique et économique de la société dans le système capitaliste. On pourrait ajouter que ce décalage technique avec, dans le processus continu et quantique d’humanisation pourrait se révéler dans une société progressiste et la mettre en danger : ce sont les gels des révolutions passées et des sociétés communistes à venir, et la capacité de régulation continue dont il est question. Une régulation c’est une révision continue et quantique (sauts) des décalages.
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