En Avant Le Manifeste
Conseil national du PCF
Denis Durand – Paris
Nous savons bien ici pourquoi Macron n’hésite pas à précipiter le pays dans une crise politique qui menace la République : son seul programme est d’aligner coûte que coûte la France sur les exigences du capital. Or, celui-ci est au pied du mur. Le CAC40 a beau claironner des dividendes
mirifiques, il a de plus en plus de mal à dégager le taux de profit exigé par les marchés financiers. Dans une économie saignée à blanc par l’obsession de la rentabilité, il n’y parvient qu’à coups d’aides publiques astronomiques, et par les milliers de milliards d’euros que les banques centrales déversent sur les marchés financiers. Ils n’ont pas le choix. Pour continuer cette course à l’abîme, il leur faut absolument précariser les emplois, culpabiliser les chômeurs, détruire les retraites et la Sécurité sociale, sacrifier la formation et la recherche, affamer les services publics. Les 25 milliards de restrictions budgétaires annoncées par Bruno Le Maire au moment même où Macron écrit sa lettre aux Français sont un message tout à fait clair.
Et c’est pourquoi Macron ne cesse, depuis son entrée en fonctions, de se heurter à un refus de notre peuple. C’est des profondeurs du pays qu’est venu le mouvement qui a imposé, jusqu’ici, une unité de la gauche dans le Nouveau Front populaire, puis l’échec du RN au deuxième tour.
Le comportement de Macron répond aux attentes de toute une part du patronat qui juge désormais que la seule façon de briser cette résistance pourrait être de livrer le pouvoir d’État à l’extrême-droite, comme cela s’est fait en Italie, avec l’espoir que son action soit circonscrite au cadre fixé par la BCE et les autres institutions européennes.
Face à cette menace, la légitimité du NFP pour gouverner, c’est que c’est la seule force en présence qui propose ce que veulent nos concitoyennes et concitoyens, c’est-à-dire autre chose que la politique de Macron.
L’urgence est donc, dans un rapport de forces très défavorable, de tout faire pour faire grandir les mobilisations populaires en faveur des revendications sociales et écologiques exprimées par l’intersyndicale, qui figurent plus ou moins dans le programme du Nouveau Front populaire. Cela suppose de mener bataille sur les moyens économiques et financiers de les réaliser. Mais rien n’est acquis, l’intervention populaire est vitale. Les gens attendent des actes tout de suite, pas dans six mois.
Tout le monde salue le combat digne et courageux de la CGT mais il ne faut pas la laisser seule. C’est là que notre parti a une responsabilité, et des moyens d’agir. Pas seulement sur le terrain parlementaire mais dans les luttes et dans la bataille d’idées. Il faut donc ajouter, dans la résolution qui nous est soumise, un soutien aux rassemblements syndicaux du 18 juillet.
Malgré notre affaiblissement, nous avons les moyens de jouer un rôle très important. Notre travail sur les moyens économiques et politiques d’une nouvelle logique économique, capable de faire réussir une politique de gauche, a du poids. On l’a constaté dans la dernière campagne pour les élections législatives. Par exemple dans les discussions entre partis du Nouveau Front populaire sur le scénario économique qui permettrait la réalisation du programme de la gauche, que nous avons pu influencer de façon significative. Mais aussi dans des circonscriptions où ce sont des candidats socialistes, Verts, voire Insoumis qui ont fait appel à nos camarades pour donner les arguments qu’attendent les électeurs sur les moyens d’augmenter les salaires par exemple.
C’est normal que nous ayons un avantage sur ce terrain puisque cette cohérence entre objectifs, moyens et pouvoirs est au cœur de notre projet communiste
Frapper le capital au cœur en orientant le crédit vers l’emploi, la formation, la recherche, le soutien au TPE-PME, une nouvelle industrialisation écologique : cela doit figurer dans la résolution.
Fabien a évoqué des défaites idéologiques subies face à l’extrême-droite. Mais on ne peut pas gagner des batailles idéologiques si on commence par décider de ne pas les mener, comme cela a Sété fait pour les élections européennes. N’attendons pas qu’il soit trop tard pour tirer les leçons de la défaite, lourde de conséquences, par laquelle elles se sont soldées.
On peut mettre en œuvre très concrètement cette orientation en mettant fortement en valeur, dès nos prochaines initiatives, la bataille contre le coût du capital, pour la sécurisation de l’emploi et de la formation, pour les services publics, pour une nouvelle mondialisation… C’est la voie à suivre pour sauver le Parti et pour sauver le pays du fascisme.
Cela suppose une réorientation profonde de notre action et de notre fonctionnement puisqu’il s’agit de faire ce que nous ne faisons pas vraiment depuis un an, à savoir mettre en œuvre les orientations décidées par les communistes dans nos congrès.
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