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12 juin 2018 2 12 /06 /juin /2018 08:13

"EN GUERRE", le film,

et

LE CONGRES 2018, 

pour vaincre.

 

Voilà un film qui résume bien nos limites actuelles: description de la dictature de l’argent et incapacité à y résister quelle que soit notre courage et notre volonté. Cette « photo » est à la fois un rassemblement de protestation et une impasse à dépasser la dictature de l’argent, qui est celle du capital. Est-ce aussi l'histoire d'une classe ouvrière relativement dépolitisée ?

 

Il y a plusieurs façons erronées de voir la réalité, et plusieurs façons d’être incapable d’agir en santé sur la réalité. Soit ne voir cette réalité que par l’expérience passée qu’on a eu de cette réalité, aussi riche qu’elle soit, soit voir la réalité du moment sans discerner le processus dans lequel elle s’est transformée et vers quoi il peut aller, du passé aux possibles en devenir, soit saisir le processus pour comprendre et agir en santé sur lui. La troisième solution est la bonne.

 

Le communisme est né des grandes concentrations ouvrières de main d’œuvre de la grande industrie mécanisée, sur la base des marchés nationaux. Il a pris acte de l’exploitation capitaliste par l’intermédiaire de la plus-value et a mené le combat pour récupérer la plus grande part possible dans le salaire direct et en salaire différé, services publics et usage de la réduction du temps de travail contraint.

 

La réalité dominante aujourd’hui est la mondialisation capitaliste numérisée. Il n’y a pas de description de la réalité de la mondialisation si l’on n’ajoute pas capitaliste. Cette mondialisation est basée sur l’exploitation capitaliste. Elle ouvre des champs immenses de développement mais sa gestion capitaliste de la numérisation aboutit à la désoccupation massive, bien plus massive que la révolution scientifique et technique sous la mécanisation pure, et la « charité » aux désoccupés. Le taux de chômage est un indicateur essentiel de l’état de la société capitaliste.

 

Cette mondialisation été abordée de différentes façons par les forces sociales et leurs représentants politiques en fonction des intérêts divers et-ou opposés de ces forces sociales et en fonction des transformations des moyens de production qui transforment le monde capitaliste. La droite a pesé de tout son poids pour tirer de cette évolution le plus grand taux de profit pour les monopoles internationaux. La sociale-démocratie a accompagné ce mouvement, de la rupture du programme commun jusqu’à aujourd’hui où cet accompagnement ne trouve plus de marges sociales, baisse tendancielle du taux de profit et suraccumulation dévalorisation du capital des rendant impraticables.

 

Le PCF et les communistes diversement organisés ont peiné soit à comprendre le mouvement de mondialisation pour le transformer, soit à trouver une place pour agir sur cette mondialisation en échappant à cet accompagnement. Le congrès de Martigues est caractéristique de cette difficulté : il décrit, mieux que d’autres congrès et d’autres partis, la mondialisation mais ne réussit pas à trouver une voie transformatrice du système, malgré les efforts des économistes communistes qui tirent le signal d’alarme depuis 1982 au moment du gouvernement Mitterrand, et même depuis les années 1970, sur les mesures à prendre pour ne pas faire de l’accompagnement et de l’échec.

 

En fait la question des communistes est « comment continuer à vivre », c’est-à-dire comment continuer à lutter contre l’exploitation et pour une société l’abolissant, dans une évolution du rapport de force mondial défavorable dont témoigne l’affaiblissement électoral continu et de la crise systémique aggravée et accélérée. Ce « cul entre deux chaises » est caractérisé par l’accompagnement de la politique sociale-démocrate de Jospin en faillite et se conclut par le soutien à Macron apporté par Robert Hue et la confusion politique et économique qui l’habite. C’est aussi la faillite sociale-démocrate incarnée en bout de course par Hollande, Valls qui se conclut par le coup d’état légal de Macron et d’adhésion totale à l’hyperlibéralisme et l’hyperprésidentialisme des groupes financiers mondiaux et leurs organisation patronales, MEDEF en tête et en crise aussi. Le frémissement des TPI et des ETM doit cependant nous donner à réfléchir positivement aux possibilités d’agir sur les contradictions économiques et gestionnaires du capital et de rassembler les exploités sur un projet de société de sortie progressive et radicale du système capitaliste. Ce n’est pas sans nous rappeler, dans des conditions cependant fort différentes, une société agricole ultra-majoritaire et un retard industriel de la Russie, l’orientation léniniste de la NEP. La « ligne juste » c’est toujours marcher sur le fil du rasoir sans tomber d’un côté ou d’un autre. Le comble de l’échec de la sociale-démocratie tient à la farce de la « démondialisation » de Montebourg ou le « revenu universel » d’incompensation charitable des effets de la crise sur les revenus salariaux de Hamon, repris par les sociaux-démocrates déguisés en révolutionnaires.

 

L’accompagnement social-démocrate pour survivre est illustré par la dissolution du PCI, et ses effets en bout de course, l’alliance populiste d’extrême droite et d’une représentation éclatée des couches moyennes et de la classe ouvrière dévoyée dans un sociétal impossible, représentation dans laquelle grandit la domination de cette extrême droite. Nous gardons l’appellation de communistes, mais, non la dissolution du parti, mais de son contenu, ce qui est quelque part la même chose,  nous guette.

 

L’incapacité de penser qu’il est possible de reconstruire le communisme dans la mondialisation capitaliste numérisée pour la transformer en mondialisation progressiste et la peur de cette incapacité est ce qui tient majoritairement aux tripes de la direction actuelle, aussi généreuse et honnête soit-elle. Dépasser cette peur est pourtant la solution pour survivre et enfin vivre. Il ne s’agit pas de choisir entre la sagesse et l’aventure, il s’agit de choisir la seule solution possible, la transformation possible du capitalisme mondialisé en société de coopération et de partage. C’est ça ou mourir, alors autant ne pas se suicider d’avance. Comme dans le film. Dur ce sera, dangereux ce sera, mais possible. Il n’y a pas de transformation progressiste dans l’histoire de l’humanité sans difficultés et dangers. D’autant que les dangers les plus grands pour la personne et l’humanité sont ceux que le capitalisme mondialisé, numérisé, nous fait vivre aujourd’hui. Ce n’est pas menacer des responsables communistes que de leur opposer à la liste des méfaits du capital, les solutions à la crise du capitalisme et le personnel politique capable de les mettre en pratique, c’est les aider sur le fond de leurs propres problèmes.

 

Le congrès doit acter des décisions en ce sens, c’est une façon pour les communistes de retrouver une boussole pour l’action transformatrice en santé de la société malade du capital, du flot de sa circulation qui emporte l’humanité et toutes ses activités vers la noyade. L’analyse de la crise du capitalisme et des solutions possibles à la crise de suraccumulation-dévalorisation du capital doit être le début, la fin et le cœur de la base commune.

 

Les communistes, leur Parti, sont à la fois une pesanteur du passé et un avenir, ce qui explique à la fois son vieillissement et sa renaissance pour le moment relative et sous diverses formes à unifier. Unifier n’est pas rassembler sans contenu, mais définir un contenu pour rassembler, sans Dieu, sauveur ou tribun. La chute de Waldeck Rochet au profit d’une autre orientation, son rôle éminent dans le mouvement de 1968 et dans le mouvement communiste international, sa condamnation de l’intervention à Prague et sa tentative d’autres rapports internationaux ont été un moment charnière, mal négocié par ses successeurs.

 

Nous sommes à une nouvelle croisée des chemins avec des possibles exaltants, pour les vieux que nous sommes et pour la jeunesse qui nous rejoint.

 

Pierrot, mardi 12 juin 2018

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commentaires

B
Il faut veiller a l'équilibre sociologique des directions : combien de parisiens , parisiennes membre des directions , combien de camarades travaillant dans les entreprises sont dans les directions , combien de membres des directions lisent économie et politique ? Il y a le risque de tomber uniquement dans le sociétal.
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