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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 08:01

 

Article mis en ligne une première fois le

Mardi 17 avril 2018

 

MATERIALISME ET IDEALISME. REGRESSIONS AU NOM DU PROGRES.

 

Philosophie réactionnaire, théories économiques conservatrices et politiques néo-libérales au paroxysme sont liées. Y répondre par des théories philosophiques  et économiques de progrès est inséparable d’une action  politique de progrès.

 

1) Dans ce monde traversé par les guerres, les inégalités, les désordres et les répressions, par une maladie globale de la société,  nous regardons tantôt un objet, tantôt un autre, tantôt un événement, tantôt un autre, tantôt un mouvement tantôt un autre, sans comprendre les liens qu’ils ont entre eux, sans comprendre que dans leur diversité et leur énigmaticité, ils forment un tout (1). Et pour comprendre cette diversité dans ce tout, d’immenses progrès des connaissances ont lieu en même temps et font partie de ce tout, des guerres, des inégalités, des désordres et des répressions au lieu qu’une coordination, la construction commune d’une cohérence, vienne au secours de la guérison de la maladie.

Et quand nous observons nos hommes politiques au pouvoir en action  nous ne comprenons pas qu’ils sont dans l’impuissance car ils veulent permettre la marche en ne soignant qu’un bout du chemin sans tenir compte de toute son étendue, de toute sa durée, c’est-à-dire en y mettant des entraves tout en affirmant y mettre des libertés.

A plus forte raison lorsqu’ils nient l’emprise de l’argent sur la pression du parcours et favorisent au contraire la prédation des activités humaines à commencer par le travail productif de capital au détriment du travail producteur de biens nécessaires à la vie humaine. A plus forte raison lorsqu’ils nient la destruction de la valeur d’usage que constituent ces biens par leur transformation en valeur d’échange, c’est-à-dire la transformation des objets nécessaires à la vie en marchandise, y compris la forces de travail humaine physique et mentale, et les marchandises en objet d’accumulation capitaliste.

Certes il ne s’agit pas de détourner brutalement le fleuve des marchandises et tarir la production, il s’agit de transformer l’accumulation capitaliste, l’accumulation du capital en croissance quantitative et qualitative des ressources nécessaires au développement humain, au développement de la personne dans le développement de la société.

 

Cet immense progrès des connaissances de l’univers dans lequel nous vivons subit, comme à chaque bond en avant de la connaissance, l’attaque des ignorances héritées d’un niveau inférieur des connaissances passées, de leur dogmatisation, de leur arrêt sur image au détriment de la dé-adhérence conceptuelle créatrice de nouvelles connaissances et de leur mise en relation, leur aller-retour permanent avec l’effort d’observation de la réalité. Dans les dogmatisations, les philosophies conservatrices ne sont pas le moindre obstacle, en particulier les philosophies conservatrices contenues dans les religions, interrogation existentielles légitimes mises à part, expression humaine de la détresse humaine pour en sortir mise à part bien sûr.

Il n’est pas nouveau que la conception de l’univers qui nous entoure en tant que matière et mouvement soit niée par les philosophies conservatrices contenues dans les religions et les philosophies conservatrices en général, au profit d’une conception de l’univers en tant que pensée immatérielle, sans support corpusculaire et ondulatoire, sans matérialité dans le développement de sa connaissance, sans constitution tangible micro et macro. Certes les capacités propres de notre espèce et de notre société en matière de connaissance de cette constitution sont limitées malgré ces progrès immenses relativement à l’état précédent. Mais ces limites n’autorisent en aucun cas, fondamentalement, à établir des dogmes et des rites à partir d’une conception immatérielle de l’univers et de son mouvement, mouvement dont évidemment nous sommes partie intégrante et intégrée. Les mythes et les rites ont une fonction constructive de la communauté humaine certes, mais ne peuvent se substituer aux progrès de la connaissance. La science passe par l'empirisme mais n'en est pas prisonnière. Syncrétisme n'est pas synthétisme. Ne pas confondre synthèse et erreur composée comme disait Marx à propos de Proudhon...

 

Les progrès scientifique du début du XXème siècle en matière de connaissances de la matière, de sa constitution et des interrogations nouvelles posées a été l’occasion aux tenants de l’immatérialité de relancer leurs visions et de mettre leur vision au service d’une réaction aux progrès sociaux et aux luttes ouvrières et populaires. Ces progrès sociaux étant à la fois une défense des acquis et leur développement en tant que moyen de développement humain général dans une société en développement général, en relation dialectique entre la personne et l’organisation des moyens de production, de vie, de la société humaine.

 

2) Les questions philosophiques ne sont donc pas une petite affaire à mettre de côté du développement des connaissances et du développement qualitatif de la société humaine. L’exemple du débat sur la masse de l’électron, soulevé par Lénine dans « Matérialisme et empiriocriticisme », bien que sommaire et contenant les limites du moment, est un exemple de la lutte en matière philosophique pour le progrès humain et la conscience de la nature sur elle-même qu'il représente. Et les œuvres « Matérialisme et empiriocriticisme » traitant des progrès des connaissances scientifiques en relation avec les conceptions de la nature et de la société et « Impérialisme stade suprême du capitalisme » traitant de la forme monopoliste du capital sont totalement liées, complémentaires, inséparables.

Une révolution, une transformation en santé de la société humaine a besoin de concepts philosophiques liés aux concepts scientifique, de leurs progrès. L’écriture de « Matérialisme et empiriocriticisme » après l’échec de la révolution russe de 1905 en témoigne dans la préparation d’une renaissance d’un mouvement ouvrier et populaire capable de s’emparer du mouvement des contradictions de l’accumulation capitaliste et de ses effets, la guerre impérialiste de 1914 en étant un des plus importants, et de les retourner littéralement  dans un mouvement de progrès du moment et un processus à long terme. Evidemment rien n’est acquis définitivement et un processus à long terme connait des arrêts, des reculs, des régressions dans la progression, des vies et des morts micro et macro dans le mouvement général de la nature et de l’humanité en tant que partie de la nature.

 

3) Ainsi il est nécessaire d’en venir au débat actuel dichotomisant travail et emploi, c’est-à-dire faisant abstraction des conditions réelles du moment du travail et de la production pour pouvoir les transformer en santé, dichotomie présente dans les théories de Friot, de Mélenchon, de Hamon, sur le revenu universel par exemple, mais aussi d’une droite évidemment prête  à s’emparer de la chose en réduisant ce qui est déjà réduit à une production limitée à celle d’un capitalisme réduisant le travail à l’accumulation capitaliste ;  c’est-à-dire une accumulation réduisant la qualité à la quantité de profit immédiat. Tristement, c’est au nom d’une libération du profit que le revenu universel transformé en revenu et activité minimum pour le profit capitaliste maximum immédiat est mis sur la table, au menu d’un progrès social illusoire pour certain, magique pour d’autres. C’est une interdiction de fait à la participation de la personne, au pouvoir de la personne à la participation de toutes les personnes à la créativité et à la création des richesses et de  l’avenir à partir de l’activité présente. Interdiction qui sera évidemment combattue.

 

Pourquoi mettre en opposition, en « compétition » des concepts qui doivent être mis en relation dans l’étude et la compréhension de la réalité dans laquelle nous vivons afin de transformer ce qui nous parait nécessaire de transformer et le sens de la transformation ?

- L’emploi est une réalité et il existe un concept, une catégorie tendant à y correspondre mentalement et en mouvement. Et les luttes ouvrières pour l’emploi en sont une illustration pratique.

- Le travail est une réalité et il en existe un concept et une catégorie de même, utile à l’action humaine pour la santé de l’activité humaine.

Et dans la catégorie travail il y a le travail salarié capitaliste stricto sensu

Et il y a le travail en tant qu’activité millénaire, millionnaire, de transformation de la nature, d’action humaine, sociale, sur la nature pour en tirer nos subsistances.

Etc…

Et bien sur tout cela est lié.

Je trouve Yves Schwartz dans son études « Expérience et connaissance du travail » (Ergologie) et Paul Boccara dans son analyse marxiste de l’économie politique, « Théories sur la crise d’accumulation-dévalorisation du capital », sur les « nouveaux critères de gestion », sur la « sécurité d’emploi et-ou de formation » beaucoup plus proches qu’on ne le pense en général, puisqu’on les oppose souvent farouchement.

Certes, ils ont travaillé, dans des champs différents qui dans leur rencontre ont pu se heurter, mais qui se sont aussi enrichi l’un l’autre il me semble. Yves Schwartz y travaille toujours mais nous avons perdu notre vieux et profond lutteur Paul Boccara. La ComEco (Commission économique du Parti Communiste Français) poursuit son travail comme la SIE (Société Internationale d’Ergologie) soutient celui d'Yves Schwartz.

Dans la période de crise systémique aggravée exponentiellement que nous vivons, Ergologie et Economie convergent à mon sens pour une transformation de l’activité humaine en santé (2).

C’est plus important que toutes les remarques qu’elles peuvent légitimement se faire. L’on sait quelle importance et quelle activité j’accorde à l’ergologie, y compris dans mes rencontres et mon activité propre avec les économistes aussi, auxquelles je fais mutuelle référence.

Les travaux d’Yves comme ceux de Paul sont une poursuite, entre autres de la démarche marxienne se nourrissant aussi d’autres démarches, celle de Canguilhem sur « le normal et le pathologique », d’Oddone sur « l’ergonomie au service du travail et du travailleur » etc. et en ce qui concerne l’ergologie et l’étude de la santé de l’activité humaine, et les dépasse logiquement en tant que développement.

 

4) La plus-value, la création de la valeur capitaliste reste, non de par nos choix mais de par la réalité encore actuelle, au centre du renouvellement de la société humaine, avec ses tares, ses limites, ses crises. On ne peut transformer que l’existant, le présent, avec les outils d’aujourd’hui hérités d’une longue évolution toujours en cours évidemment.

La révolution de la création monétaire et de son usage, création monétaire issue de la plus-value (un autre usage possible des 4000 milliards d’€ créés par la BCE depuis 2008 par exemple, et les institutions politiques de décisions de cet usage, les luttes sociales démocratiques et autogestionnaires  pour y arriver…), est au centre des possibilités d’un processus de transformation radicale d’usage en santé de la force de travail humain devenant progressivement activité libre dans le développement qualitatif des forces productives, réduction exponentielle de la durée du travail contraint en particulier. Son détournement possible dès aujourd’hui par l’usage de l’article 123.2 du traité européen qui autorise la création de fonds publics dont on pourrait assurer un contrôle d'usage démocratique et progressiste et de qualité de la production et la démocratie du producteur, du "que, quoi, comment, pour qui produire", à la différence de l'article 123.1 qui interdit un financement public et des Etats au nom de la concurrence libre et non faussée, est une solution que les souverainistes rejettent ou ignorent volontairement. Allons-nous faire de même ? Surtout au moment où une réaction conservatrice se déroule violemment ?

Ce n’est qu’un point, mais un point-témoin important d’un projet de processus tendant à résoudre les objectifs de justice, de coopération et de cohérence et de santé sociale pour lesquels nous luttons. Du moins je le pense fermement.

 

Pierre Assante, Mardi 17 avril 2018

 

Notes.

(1) Saisir ce « tout » demande de l’enfance à l’âge adulte une formation à la conceptualisation. Quelle que soit la langue. La conceptualisation, la formation mentale de systèmes de concepts à partir de généralités élémentaires, puis de généralités de généralités, des catégories philosophiques que nous employons quelquefois sans le savoir, cela est décrit par Lev Vygotsky dans « Pensée et langage » dont il faudrait encore et entre autre s’inspirer dans la transmission immédiate et la transmission générationnelle des savoirs et savoirs faire. Sans quoi, notre quotidien en matière de capacité de vivre sera en danger. Les rapiéçages des programmes scolaires et universitaires qui prétendent réparer ne font qu’aggraver la maladie. Le malaise étudiant sur son avenir de producteur rejoint les maladies de la production et celle des producteurs en découlent.

(2) La santé c'est le déséquilibre de la personne en relation dialectique dans le déséquilibre de la société qui fait le mouvement de la personne et de la société humaine, et la tendance au rééquilibre qui permet au mouvement de se poursuivre sans se casser la gueule.....

Il en est de même des mouvements de la nature et toute existence d'objet naturel, vivant et vivant et social à la fois implique le mouvement. Aucun objet d'existe qui ne soit en mouvement.

Il faut ajouter à cette remarque touchant à la nécessaire tendance à l’équilibre-déséquilibre, la critique des analyses unilatérales soulignées par Paul Boccara de suraccumulation-dévalorisation du capital, telle celle de Keynes qui note la crise due à la sous ou surconsommation ou au sous ou surinvestissement, mais ne développe pas le double processus dialectique, à double sens, d'une crise où se manifeste progressivement une croissance du déséquilibre entre consommation et production des moyens de consommation et des moyens de production. L'échange A-M-A' (Argent-Marchandise-Argent plus)induit dans le processus des crises décennales, accumulation, suraccumulation, dévalorisation du capital et revalorisation par destruction d'une partie du produit accumulé de la force de travail exprimée en capital. Au niveau de production induit par la révolution scientifique et technique digitale mondialisée, la masse exponentielle du surproduit accroît  la crise de suraccumulation qui devient systémique et requière une transformation du mode d'échange et de production, en passant par une régulation de la création monétaire, du crédit, du système financier et une transformation systémique en santé, en relation avec les droits et l'organisation du travail, la cohérence de la personne dans l'entité de production, du local au global, et le développement en santé de toutes les activités humaines.

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RECUEIL N°3 TROISIEME DE 2018 :

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QUELQUES RECUEILS ET LIENS de ce blog sur ce lien :

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