Intervention de Frédéric Boccara
Au CN du PCF du 11 mai 2017
La situation est grave, très grave.
Pour le pays, pour la gauche, qui n’est qu’à 30 %, … et pour notre Parti ! Il est réellement en danger de mort.
Il faudra faire le bilan de tout cela, nous concernant, après les législatives.
Sur Emmanuel Macron
◘ La gravité : la gauche est historiquement basse et le FN, à un niveau égalé, est en capacité avec
◘ E. Macron, nouveau président de
◘ Il annonce aussi la suppression des cotisations sociales salariales et une hausse de
◘ Quant au code du travail, il a annoncé trois directions de la réforme qu’il veut mettre en œuvre :
►Etendre la négociation par entreprises au maximum de sujets ; on va ainsi tendre vers « un code du travail par entreprise », comme le dit Ph. Martinez secrétaire général de
►Limitation des indemnités prudhommales que peut recevoir un salarié. Il faut dénoncer ce dernier point, dont un sondage publié par Les Echos a montré qu’il est majoritairement refusé par la population.
►Fusion des institutions représentatives (délégués du personnel, CE, CHSCT).
Les autres forces
Le FN est très élevé et heureusement que le vote Le Pen a été limité au second tour à 33,9 %. Nous avons eu raison sur notre positionnement de 2d tour. Et Jean-Luc Mélenchon a commis une faute politique grave, qui le met d’ailleurs en porte- à-faux avec nombre d’électeurs qui ont voté pour lui au premier tour.
Le FN va être utilisé par E. Macron comme une menace pour bloquer et tétaniser le mouvement social, syndical et la gauche, afin de faire passer ses réformes néo-libérales teintées de social et de modernisme. N’oublions pas la convergence LePen-Macron, lors du débat télévisé, pour une baisse des « charges » sociales des entreprises…
Le FN va aussi être utilisé par Macron et les médias dominants pour caricaturer le débat et l’enfermer entre « nationaux » et « mondialistes ».
La ligne de Jean-Luc Mélenchon va le conduire à abonder dans ce même sens …
Par ailleurs, concernant Jean-Luc Mélenchon, ne nous laissons pas tromper, et attention au mot « populisme » qui peut être trompeur. Voyons bien que son projet est de casser la gauche, pas de construire. Dans son positionnement il y a en outre une certaine stérilisation politique de la protestation sociale. Mais sur le fond, je crois qu’il faut aussi avoir bien conscience que son positionnement est bien de dépasser le clivage gauche/droite, ainsi que la lutte des classes, en substituant à ces deux structurations fortes du combat social et politique, une notion très floue de peuple, flirtant avec le nationalisme. Cela va très loin, jusqu’à adouber le patronat en soi : « il doit faire ce qu’il sait faire ». Toutes celles et ceux qui ont combattu la loi El Khomri apprécieront… ! D’ailleurs, une des façons de développer la conscience de classe est d’insister sur le grand capital, qui structure une classe sociale bien identifiable. C’est bien autre chose que de dénoncer les « riches ».
Notre ennemi, bien sûr, c’est la droite, l’extrême-droite et le patronat, tout particulièrement comme représentants et défenseurs des intérêts du grand capital productif et financier. C’est aussi pour cela que nous avons appelé à voter contre Le Pen car son combat protège, en le faisant disparaître des radars, le grand capital et la domination patronale.
Justement le positionnement hors clivage gauche-droite et hors lutte de classes pose problème et, d’ailleurs, qui a intérêt à un PCF affaibli ? pourquoi Mélenchon tape ainsi sur le PCF ?
Sans en faire une polémique, il ne faut pas hésiter à se défendre et à répondre à Jean-Luc Mélenchon, ainsi qu’à faire savoir son positionnement et expliquer nos différences de fond. C’est aussi une question de dignité.
Un potentiel
Ceci dit, il y a un réel potentiel, aussi bien de résistance que de recomposition positive de la gauche. Ce qui s’est manifesté dans le combat contre la loi El Khomri, particulièrement au niveau syndical avec le rapprochement historique de FO non seulement vers
Sur nos tâches
Il faut prendre des initiatives et délivrer un message plus politique et clair : pour l’unité et l’affirmation du PCF pour des combats d’alternative contre la politique d’E. Macron.
Nous avons une alliance mortifère à dénouer, et de ce point de vue, bien qu’il faille se méfier des parallèles historiques, on pourrait tenter des parallèles avec le dénouement de l’alliance des communistes chinois avec les nationalistes du Kuommintang dans les années 1930. Le processus de la longue marche a été dur et coûteux, et il a nécessité des efforts importants d’élaboration stratégique, d’idées, de formation et de ré-organisation.
Dans l’immédiat je propose :
◘ D’agir pour l’unité et la défense du PCF, en réagissant à JL Mélenchon et à l’hémorragie possible. En affirmant notre parole, en confortant notre positionnement unitaire « tous azimuts », mais pas dans un discours « pleurnichard » sur l’union. Et en s’adressant à tous les électeurs de gauche : tout l’électorat, pas les « grosses têtes », de façon à être bien compris.
◘ De répondre, dans nos discours et dans les faits à la question : à quoi sert le PCF et à quoi sert-il d’élire des députés PCF.
En ce sens, la boussole qui doit nous guider est : Résistance à l’Assemblée nationale (à commencer par la résistance aux ordonnances et aux projets de casse) ; Organisation de luttes ; Rassemblement ; Alternatives (par un nouveau type d’union et par de nouvelles idées).
◘ En conséquence, je propose de prendre quelques décisions :
a) Refuser la double appartenance PCF / France Insoumise : on ne peut pas être membre de deux partis politiques à la fois.
b) Organiser une journée de manifestation dans toutes les grandes villes (chaque département ?) avec les communistes et leurs candidats, face aux projets de Macron de démantèlement renforcé du code du travail et pour les démasquer :
◘ Contre l’adoption d’ordonnances par la future assemblée nationale
◘ Contre la casse du code du travail
◘ Pour instaurer de nouveaux pouvoirs des salariés et de nouveaux droits à la sécurité de l’emploi et de la formation, dans la mobilité et dans la sécurité de revenu
◘ Avec une pétition contre la hausse de
◘ Mettre en place dispositif national clair de campagne, voire des coordinateurs/trices régionaux
c) S’appuyer sur le slogan proposé par Pascal Savoldelli dans son rapport : « L’humain d’abord contre la finance pour
◘ en portant la colère (les députés communistes « porteront votre voix » et les candidats organisent dès à présent des mobilisations)
◘ en insistant sur les pouvoirs, les « points d’appui » à conquérir contre la finance
d) A partir de notre programme, rendre plus concrets 5 ou 6 points :
◘ Salaires, retraites, Allocation chômage, Jeunes, Minimas sociaux
◘ Code du travail (en « contre » et en « pour », avec le projet de loi SEF, sécurité d’emploi et de formation)
◘ Responsabilisation des entreprises (leurs profits et leurs décisions d’investissement, de production), des banques (leurs crédits versus placements financiers) et de l’Etat (ses aides)
◘ L’Ecologie (avec un plan d’investissement, de formation et de dépenses publiques, écologiques et sanitaires)
◘ Services Publics et Europe : X emplois dans les services publics (enseignement, recherche, hôpital, police) doivent être financés par les euros « gratuits » que crée chaque mois
Enfin
◘ Présenter notre conception de l’union : pluraliste, permettant la transversalité sur le terrain, basée sur l’autonomie d’action des composantes.
◘ Bilan et posture. Porter très fort, dans l’esprit du rapport, le bilan des députés communistes et la posture de combat et de construction qui a été la nôtre, André Chassaigne en étant en quelque sorte le symbole.
(1) dont le SMIC, mais pas que lui car tous les salaires sont de plus en plus rattrapés par le SMIC : une hausse du seul SMIC abaisserait encore le niveau relatif de tous les autres salaires
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